Devant le manque criant de données sur le cancer au Québec, des organismes ont lancé un cri du cœur au gouvernement Legault jeudi. Ils demandent la mise en œuvre urgente d’un plan d’action pour contrer le cancer, première cause de décès dans la province.

« Il y a une urgence d’agir. On s’attend à avoir un plan aussi ambitieux qu’une usine de batteries pour les véhicules », a déclaré la présidente et cheffe de la direction de la Société de recherche du cancer, Manon Pepin, dans une conférence de presse jeudi matin.

La Fondation québécoise du cancer, la Société de recherche sur le cancer, Leucan et PROCURE se sont unis pour demander au gouvernement un plan de lutte contre le cancer avec des objectifs mesurables et de fonds dédiés. « On est incapable de dire combien de personnes ont un cancer du poumon. On n’est pas en mesure de savoir combien de personnes au Québec ont eu trois cancers de façon consécutive. On est incapable de savoir s’il y a une région qui a plus de cancers du poumon » a énuméré Mme Pepin.

Les organismes soutiennent que le Québec accuse un grand retard par rapport au reste du Canada. « La Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard ont des plans beaucoup plus ciblés où le cancer est au cœur des actions », dit Mme Pepin. Ils demandent un tableau de bord consacré spécifiquement aux données sur le cancer. « Le tableau de bord actuel du ministre [Christian] Dubé est un outil très performant et on veut la même chose pour le cancer, qui est la maladie la plus mortelle au Québec », dit-elle.

Faire du cancer la priorité

En plus des données actualisées, les organismes demandent plus de sensibilisation, des diagnostics plus rapides et un accès élargi à des traitements novateurs. « Le cancer demeure la maladie la plus mortelle et malheureusement, il ne semble pas que ce soit une priorité », dit Mme Pepin. « Le cancer est le grand oublié », a ajouté le directeur général de la Fondation québécoise du cancer, Marco Décelles.

Ils souhaitent également davantage d’investissements dans la recherche, jugeant le financement actuel insuffisant. « Il faut absolument investir dans la recherche et dans des bourses auprès de nos étudiants qui vont rester au Québec, dit Manon Pepin. La recherche, c’est un investissement, ce n’est pas une dépense ».

La directrice générale de Leucan, Juli Meilleur, soutient pour sa part que plus d’investissements en recherche permettraient à plus d’enfants d’être en santé. « Il existe peu de recherche et peu de financement pour les cancers rares, ce qui fait en sorte que le 15 % d’enfants qui décèdent du cancer est difficile à réduire », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « D’ailleurs, 70 % des enfants qui guérissent du cancer auront des séquelles, dont 30 % éprouveront des séquelles graves. Il faut trouver des solutions à ces problématiques », a-t-elle ajouté.

Les organismes souhaitent d’ailleurs que l’accès à des mesures préventives et aux programmes de dépistage soit renforcé. « Il faut bien informer certaines communautés. Par exemple, la communauté noire est deux fois plus à risque d’être diagnostiquée d’un cancer de la prostate que les autres communautés », dit Laurent Proulx, président-directeur général de PROCURE, un organisme de bienfaisance dans la lutte contre le cancer de la prostate. Il souhaite que davantage de ressources soient déployées sur le terrain.

En savoir plus
  • 58 400
    Nombre de Québécois qui ont reçu un diagnostic au Québec en 2022
    Fondation québécoise du cancer
    22 200
    Nombre de Québécois qui sont décédés du cancer au Québec en 2022
    Fondation québécoise du cancer