(Québec) Insatisfaites des dernières offres de Québec, les infirmières de la FIQ feront à leur tour la grève mercredi et jeudi. Le débrayage aura des répercussions un « peu partout » dans le réseau, prévient Christian Dubé. Des reports de chirurgies sont à prévoir.

Les quelque 80 000 syndiqués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui ne fait pas partie du front commun syndical, tiendront deux premières journées de grève les 8 et 9 novembre. Comme la grève vise le secteur de la santé, les services essentiels à maintenir ont été approuvés cet automne par le Tribunal administratif du travail.

Les urgences et les soins intensifs ne seront d’ailleurs pas affectés par le débrayage et fonctionneront à 100 % de leur capacité.

Pour les CHSLD, le taux d’activités à maintenir est de 90 %, 70 % en réadaptation, 60 % à Info-Santé et dans les Groupes de médecine familiale (GMF) et 70 % pour les blocs opératoires. « On va essayer de minimiser tout dérangement. Il va y en avoir, mais les gens sont prêts », a fait valoir le ministre Dubé, mardi.

Il va y avoir [des dérangements] un petit peu partout, dans les chirurgies aussi. Les gens sont là, on va travailler.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis en place une « cellule de coordination » pour assurer « le bon déroulement des opérations ».

Reports en chirurgie

Tandis que des efforts sont déployés pour rattraper les retards, certains patients verront leur chirurgie reportée en raison de la grève. Au CHU de Québec-Université Laval, la grève forcera le report de « plus d’une centaine de chirurgies électives » puisque 10 salles sur 48 seront fermées mercredi et jeudi.

La priorisation des patients se fait de la même manière que lors des activités de délestage liées à la pandémie, indique-t-on. « La planification chirurgicale est revue en conséquence pour les prochaines semaines », écrit l’établissement dans un courriel transmis à La Presse.

Au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, une salle par bloc opératoire sera fermée dans chaque hôpital. Les salles qui demeureront ouvertes fonctionneront à 100 %, écrit l’établissement. « Les cas sont priorisés selon divers critères comme la gravité, la disponibilité du chirurgien et la nécessité d’opérer immédiatement », dit-on.

Fait peu commun, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a donné son appui aux professionnelles en soin qui se préparent à la grève. « La FMSQ les soutient ainsi dans leur combat pour obtenir de meilleures conditions de travail, faute de quoi la détérioration de notre système de santé se poursuivra », a indiqué à La Presse le syndicat de médecins spécialistes.

La FMSQ souhaite que le conflit se règle rapidement pour un retour au travail dans les meilleurs délais afin de s’attaquer ensemble aux listes d’attente, notamment en chirurgie.

FMSQ dans un courriel

Du côté du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, les infirmières débrayeront « simultanément » entre 7 h 30 et 9 h 45, mercredi et jeudi.

« Les chirurgies reportées sont sélectionnées en considérant le temps d’attente le moins long, les cas non oncologiques, ainsi que les patients qui n’ont pas cessé la prise de médicaments en prévision de leur chirurgie », indique l’établissement. Aucune chirurgie oncologique ne sera d’ailleurs reportée, ajoute-t-on.

L’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec confirme également que le ralentissement n’affectera pas les chirurgies oncologiques thoraciques. « À moins d’avoir préalablement été avisées d’un report, toutes les personnes doivent se présenter à leur rendez-vous ou chirurgie à l’heure convenue », souligne-t-on.

Au CUSM, on souligne qu’il est possible que la grève « entraîne un ralentissement » notamment pour les chirurgies non urgentes. Cependant, « tous les patients dont les rendez-vous pourraient être reportés seront contactés », assure-t-on.

Une négociation ardue

La FIQ représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars dernier.

Après des mois de négociations sans grand progrès et une rencontre de la FIQ avec le premier ministre François Legault et la présidente du Conseil du trésor Sonia LeBel, à la fin du mois d’août, la FIQ avait déposé ses « demandes ajustées » le 9 octobre dernier.

Celles-ci tournent essentiellement autour de la conciliation travail-famille et du fardeau de tâche, en plus des salaires.

La FIQ revendique par exemple l’adoption d’une loi sur des ratios sécuritaires infirmière-patients. Elle réclame aussi que la cinquième semaine de congé annuel soit obtenue avant 10 ans de service et qu’une sixième semaine soit ajoutée avant 15 ans de service. Elle demande également de bonifier les primes de soir et de nuit.

Avec La Presse Canadienne