Une nouvelle pénurie de médicaments – qui touche cette fois les timbres pour lutter contre les symptômes de la ménopause – force des femmes à les rationner en les coupant en deux ou à se tourner vers différentes solutions de rechange.

« Je suis dysfonctionnelle si je n’ai pas de timbre. J’en ai besoin pour fonctionner, ce n’est pas une coquetterie », lance d’emblée Isabelle Bérubé. La femme dans la cinquantaine utilise les timbres d’estradiol depuis trois ans, afin de contrôler des symptômes liés à la ménopause.

La pénurie de timbres a débuté il y a deux mois, indique le directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie (AQDP), Hugues Mousseau.

PHOTO FOURNIE PAR SYRUS RÉPUTATION

Le directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie (AQDP), Hugues Mousseau, en 2017

Les niveaux de stock ont diminué, puis la pénurie complète est effective depuis un mois environ.

Hugues Mousseau, directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie

Isabelle Bérubé utilise des timbres ayant une concentration de 50 µg. Quand elle a tenté de renouveler son ordonnance à la fin d’octobre, on lui a remis des timbres de 37,5 µg, les seuls qui restaient à sa pharmacie. « C’est là que j’ai appris qu’il y avait une pénurie. On ne m’avait pas appelée pour m’avertir », dit-elle.

Or, la moindre variation de dose l’affecte. « Je ne peux pas passer de 50 à 37,5, ça va être l’horreur pendant des semaines », dit-elle. Elle a donc opté pour les timbres de 100 µg qu’elle avait conservés depuis ses essais avec différentes concentrations. « Je les coupe en deux pour en faire des 50, mais il ne m’en reste que pour un mois maximum. Quand je vais arriver au bout de ces timbres-là, je ne sais pas ce qui va arriver », dit-elle. D’autres femmes ont indiqué à La Presse devoir aussi couper leurs timbres en deux.

La situation suivie de près

Un problème de production des timbres est en cause, indique Hugues Mousseau. Le fabricant Bayer, qui produit les timbres Climara, prévoit un retour des stocks vers la mi-décembre. Les timbres Estalis, du fabricant Sandoz, sont également en pénurie et l’entreprise prévoit un retour en novembre. « C’est un dossier qu’on suit de près. Dès qu’on a de nouvelles livraisons de timbres, on va les rendre disponibles aux pharmacies », dit-il.

L’hormone estradiol sous forme de gel est toutefois une solution de rechange offerte en quantité suffisante dans les pharmacies au Québec, précise-t-il. Des comprimés oraux peuvent également être offerts, indique Marie-Pascale Beaulieu, directrice des services pharmaceutiques à l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).

Mme Beaulieu soutient que ces deux méthodes offrent des résultats semblables à ceux des timbres, mais précise que les comprimés oraux peuvent engendrer un peu plus d’effets secondaires chez certaines femmes.

« Mais c’est très rare. Ils sont bien tolérés à l’habitude », dit Mme Beaulieu.

De son côté, Isabelle Bérubé juge que le timbre est plus pratique, car elle n’a besoin que de deux timbres par semaine, contrairement au gel qui nécessite une application quotidienne. « Mais s’il faut que je passe au gel pendant quelques mois, je vais le faire parce que j’en ai vraiment besoin », dit-elle. Son pharmacien ne lui a toutefois pas encore proposé cette option.

De son côté, la pharmacienne Marie-Pascale Beaulieu recommande de ne pas hésiter à demander conseil aux pharmaciens et de rester ouverte aux autres options. « Les pharmaciens propriétaires et leur équipe sont bien habitués à gérer les pénuries de médicaments, parce que ça fait partie du quotidien malheureusement. »

Popularité des hormones bio-identiques

La popularité des hormones bio-identiques a bondi dans les dernières années au Québec. En 2021, Véronique Cloutier a présenté une série documentaire, Loto-Méno, dans laquelle elle dénonçait le manque d’information sur la périménopause.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Véronique Cloutier

La série a entraîné une pétition réclamant le remboursement des hormones communément appelées bio-identiques par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) qui a récolté des centaines de milliers de signatures.

En mai 2022, la RAMQ a pris la décision de rembourser deux hormones bio-identiques, soit l’estradiol-17B sous forme de gel topique et la progestérone micronisée.

Hugues Mousseau soutient que la pénurie de timbres n’est toutefois pas due à une fluctuation inhabituelle de la demande observée. « C’est dû à des problèmes de production », dit-il.

Appel à tous

Les ruptures de stock de médicaments vous touchent ?

Soumettez votre cas à notre équipe