(Québec) La grève des quelque 80 000 syndiqués de la FIQ, le plus important syndicat d’infirmières, provoquera le report d’un millier d'opérations non urgentes, affirme Christian Dubé. Le ministre de la Santé souligne l’apport des cliniques privées pour ces « jours difficiles à passer ».

Les deux jours de débrayage menés mercredi et jeudi par les syndiqués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec ont des répercussions sur le réseau de la santé. Les blocs opératoires tourneront notamment à 70 % de leur capacité, un taux approuvé par le Tribunal administratif du travail qui a déterminé il y a plusieurs semaines les services essentiels à maintenir en cas de grève dans le secteur de la santé.

« J’ai calculé que sur deux à trois jours, on va perdre à peu près 1000 opérations. C’est beaucoup parce qu’on fait environ 1000 opérations par jour. Alors, si je vous dis qu’il nous manque 30 % de notre capacité, ça veut dire qu’on retarde 300 à 400 opérations par jour », a expliqué M. Dubé mercredi. Il s’agit d'opérations électives, comme le rapportait La Presse mardi.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé

« Ce sont quand même des opérations que les gens attendent des fois depuis six mois, un an », a rappelé le ministre de la Santé. Pour l’heure, des efforts sont déployés pour rattraper les retards provoqués par la pandémie en chirurgie. Le réseau s’attaque d’abord aux opérations en attente de plus d’un an, si bien que le nombre d'opérations en attente continue d’augmenter.

  • Nombre d'opérations en attente au Québec: 163 620
  • Nombre d'opérations en attente depuis un an: 13 931

Selon le ministre, ces journées de débrayage arrivent « à un bien mauvais moment », alors que l’automne est habituellement une période propice pour augmenter la cadence après la période des vacances. Christian Dubé ne craint pas pour l’heure un effet cascade qui se répercuterait sur plusieurs semaines.

Ma solution et une de nos solutions, c’est vraiment nos cliniques privées. Nos cliniques privées ne font pas la grève. Nos cliniques privées sont capables de prendre la marge de manœuvre.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Il dit aux Québécois « de s’encourager » et que « c’est deux, trois jours difficiles à passer ». Une première journée de débrayage a eu lieu lundi dernier par les syndiqués du front commun syndical. Les effets ont été limités dans le réseau de la santé puisque la FIQ n’en fait pas partie.

La FIQ a d’ailleurs confirmé mercredi que ses membres seront à nouveau en grève les 23 et 24 novembre si aucune entente n’est conclue avec Québec. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars.

« Il y a un droit aux syndiqués de faire la grève et je pense qu’il faut respecter ça. Maintenant, notre travail comme gouvernement, c’est de s’assurer avec le syndicat que les services essentiels vont être offerts », a ajouté M. Dubé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a d’ailleurs mis en place une « cellule de coordination » pour assurer « le bon déroulement des opérations ».

Les urgences et les soins intensifs ne seront d’ailleurs pas affectés par le débrayage, et fonctionneront à 100 % de leur capacité.

Des effets dans le réseau

Au CHU de Québec-Université Laval, la grève forcera le report de « plus d’une centaine d'opérations électives » puisque 10 salles sur 48 seront fermées mercredi et jeudi. La priorisation des patients se fait de la même manière que lors des activités de délestage liées à la pandémie, indique-t-on.

Au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, une salle par bloc opératoire sera fermée dans chaque hôpital. Les salles qui demeureront ouvertes fonctionneront à 100 %, écrit l’établissement.

Fait peu commun, la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a donné son appui aux professionnelles en soins qui se préparent à la grève.

L’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec confirme également que le ralentissement n’affectera pas les opérations oncologiques thoraciques. « À moins d’avoir préalablement été avisées d’un report, toutes les personnes doivent se présenter à leur rendez-vous ou chirurgie à l’heure convenue », souligne-t-on.

Au CUSM, on souligne qu’il est possible que la grève « entraîne un ralentissement », notamment pour les opérations non urgentes. Cependant, « tous les patients dont les rendez-vous pourraient être reportés seront contactés », assure-t-on.