L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des experts du monde entier surveillent attentivement la hausse des cas de maladies respiratoires chez les enfants en Chine. Un expert nous y fait voir plus clair.

Que se passe-t-il actuellement ?

« Depuis près de deux mois, en Chine, il semble y avoir une hausse des cas d’infections respiratoires, de pneumonies surtout, et ça semble être un problème surtout chez les enfants », indique le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill.

Les autorités chinoises ont attribué cette hausse à la levée des restrictions liées à la COVID-19 et à la circulation de divers agents pathogènes, dont le virus de la grippe, Mycoplasma pneumoniae, le virus respiratoire syncytial (VRS) et le SRAS-CoV-2.

Mardi, des cas groupés de pneumonie non diagnostiquée ont été signalés dans des hôpitaux pour enfants à Pékin, dans le Liaoning et dans d’autres endroits en Chine, par la société internationale des maladies infectieuses ProMED.

L’annonce a retenu l’attention d’experts internationaux. Certains ont exprimé leurs préoccupations sur les réseaux sociaux, tandis que d’autres ont préconisé la prudence avant de tirer des conclusions.

Avons-nous plus de détails ?

Devant le peu d’informations disponibles, l’OMS a formellement appelé la Chine à produire davantage de données mercredi. En réponse à sa demande, l’OMS a rencontré jeudi les autorités sanitaires chinoises et les responsables de l’Hôpital pour enfants de Pékin.

Les données fournies par la Chine révèlent une augmentation des consultations et des hospitalisations d’enfants dues à la pneumonie à Mycoplasma pneumoniae depuis le mois de mai, et au VRS, à l’adénovirus et au virus de la grippe depuis le mois d’octobre.

« Certaines de ces augmentations surviennent plus tôt dans la saison que par le passé, mais elles ne sont pas inattendues étant donné la levée des restrictions COVID-19, comme cela a été le cas dans d’autres pays », a déclaré jeudi l’OMS dans un communiqué.

Les autorités chinoises n’ont pas signalé de nouveaux agents pathogènes ni de symptômes inhabituels.

Qu’est-ce que Mycoplasma pneumoniae ?

« C’est une bactérie. C’est un pathogène bien connu déjà. Ça entraîne une pneumonie assez légère », indique le DVinh. Cette bactérie est la cause de 50 % des infections des voies respiratoires supérieures, indique le gouvernement du Canada sur son site internet.

Jeudi, à l’hôpital de l’Institut de pédiatrie de Pékin, des journalistes de l’Agence France-Presse ont vu une foule de parents et d’enfants. Parmi eux, Zhou Yedong, un père de famille, portait sa fille de 4 ans sur ses épaules. « Ma fille a une pneumonie à Mycoplasma pneumoniae. On ne l’envoie plus à l’école maternelle pour l’instant », a-t-il expliqué. « Beaucoup de ses camarades de classe sont malades de ça en ce moment. »

Est-il possible que cette hausse de cas soit due uniquement à la saison des virus respiratoires ?

C’est possible, répond le DVinh. « L’hiver, on voit une augmentation des cas d’infections respiratoires ici au Québec, qui est principalement dû à la COVID, au VRS et à l’augmentation de la grippe. Donc, ce n’est pas impossible que la Chine subisse la même chose », dit-il.

Combien d’enfants sont atteints par ces maladies respiratoires en Chine ?

« Malheureusement, aucune donnée n’est disponible », dit le DVinh. Certaines données circulent sur l’internet. « Mais ce sont des suppositions, sans débat scientifique », dit-il. Il affirme n’avoir trouvé aucune donnée scientifique fiable.

Que faire maintenant ?

L’OMS recommande aux habitants de la Chine de prendre des mesures pour réduire le risque de maladie respiratoire, notamment de se faire vacciner contre la grippe et la COVID-19. L’organisation rappelle également de se tenir à distance des personnes malades, de rester chez soi si on est malade, de porter un masque si c’est approprié, de se faire tester, d’assurer une bonne ventilation des espaces et de se laver régulièrement les mains.

L’OMS ne recommande pas de mesures spécifiques pour les voyageurs qui se rendent en Chine et déconseille l’application de toute restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux.