(Montréal) Les réactions sont nombreuses depuis l’adoption du projet de loi 15 sur la réforme de la santé, tôt samedi matin, à l’Assemblée nationale.

Évidemment, les élus des partis d’opposition ont continué à dénoncer le recours au bâillon pour aller de l’avant de façon expéditive avec cette vaste réforme.

Ailleurs, les réactions sont cependant plus partagées.

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Selon le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), le ministre de la Santé, Christian Dubé, ne semble pas conscient qu’il n’aura pas le personnel nécessaire pour mener à bien sa réforme qui mènera à la création d’une nouvelle société d’État.

Le président du SPGQ, Guillaume Bouvrette, estime même que les professionnels du gouvernement n’ont aucun intérêt à aller travailler à Santé Québec, du moins pas dans l’état actuel de la transition qui s’annonce pour bien des employés du ministère de la Santé.

« Le ministre laisse entendre que le salaire des personnes transférées sera semblable à Santé Québec, ce qui est faux. En effet, le personnel professionnel du ministère gagne de 7 % à 14 % de plus que celui du réseau de la santé », a expliqué M. Bouvrette.

« Cela signifie que nos membres vont recevoir la moitié des augmentations salariales prévues dans la convention collective et l’autre moitié en montants forfaitaires jusqu’à ce que leur salaire à Santé Québec soit conforme à la nouvelle convention. Cette situation, qui peut perdurer pendant de nombreuses années », a-t-il déploré.

La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a quant à elle réitéré « ses préoccupations quant à une réforme axée sur le brassage des structures plutôt que sur la réponse aux besoins pressants des patients québécois ».

L’organisation déplore également que certaines de ses recommandations n’ont pas été retenues.

« Au-delà de la méthode utilisée par le gouvernement pour forcer l’adoption de son projet de loi, nous réitérons que nous sommes très préoccupés par les conséquences de cette réforme. Elle entraînera une plus grande centralisation et bureaucratisation de notre réseau à l’heure où l’accessibilité aux soins demeure toujours défaillante », a affirmé le président de la FMSQ, le Dr Vincent Oliva, par voie de communiqué.

D’autres voient cependant cette vaste réforme du réseau de la santé avec optimisme.

C’est le cas de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) qui considère que l’adoption du projet de loi 15 créant l’agence Santé Québec « constitue une occasion de briser enfin les silos du réseau de la santé afin de favoriser la mobilité interrégionale de main-d’œuvre et l’adoption de pratiques innovantes ».

« Les employeurs des différentes régions ont de quoi se réjouir avec l’arrivée annoncée de l’ancienneté-réseau. Enfin, ils pourront recruter à l’extérieur de leur région de la main-d’œuvre dont le conjoint ou la conjointe travaille dans le réseau de la santé, sans être bloqués par le fait que ceux-ci doivent renoncer à tous leurs privilèges liés à leur ancienneté », a affirmé Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.

La fédération se montre cependant préoccupée par certains pouvoirs octroyés à la nouvelle agence et s’attend à ce qu’il y ait des balises pour bien l’encadrer.

Pour sa part, l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux (AGESSS) accueille avec nuances l’adoption du projet de loi.

« L’AGESSS salue les efforts du gouvernement visant à améliorer l’efficacité du réseau de la santé et des services sociaux […] Cependant, nous nous désolons que notre recommandation de créer un Conseil des gestionnaires de proximité soit restée lettre morte. Celle-ci visait principalement à assurer que les gestionnaires soient consultés tout au long de la transition devant mener à la création de l’agence Santé Québec afin que celle-ci se déroule sans écueil », a déclaré la présidente-directrice générale de l’AGESSS, Danielle Girard.

« C’est par ailleurs avec inquiétude que l’AGESSS a constaté que le projet de loi n’a pas été amendé afin de baliser les pouvoirs d’intervention directe du ministre dans la gestion quotidienne des établissements du réseau de la santé et des services sociaux […] Le ministre et son ministère devraient se concentrer sur la détermination des orientations et non intervenir dans la gestion du réseau », indique par ailleurs son communiqué de presse.

L’AGESSS représente plus de 8300 gestionnaires actifs dans le réseau de santé et des services sociaux.