Ces femmes qui ont découvert que leur médicament contre des symptômes de la ménopause était absent de leurs capsules devraient avoir des réponses sous peu. Le fabricant de Prometrium rendra son rapport final d’enquête sur des capsules vides début janvier.

Santé Canada a confirmé à La Presse être au fait du problème signalé concernant Prometrium. « Le Ministère est en contact avec l’entreprise pour déterminer les prochaines étapes », a déclaré Joshua Coke, des relations médias.

Plus tôt cette semaine, La Presse rapportait que plusieurs femmes ont eu toute une surprise en constatant que leurs capsules de progestérone Prometrium, une hormone féminine pour lutter contre les symptômes de la ménopause et utilisée dans les traitements de fertilité, étaient tout simplement vides. Le fabricant Organon avait dit avoir déclenché une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

Santé Canada précise qu’en cas de préoccupations liées à la qualité d’un produit de santé, l’entreprise est tenue d’enquêter et de prendre les mesures appropriées pour corriger la situation. « De multiples mesures peuvent être prises pour corriger un cas de non-conformité ou atténuer les risques pour le public, notamment des rappels, des communications publiques ou des saisies de produits », dit M. Coke. À l’heure actuelle, il n’y a pas de rappel du médicament.

Si des patients ont des questions ou des préoccupations concernant Prometrium, Santé Canada les encourage à en discuter avec un professionnel de la santé, comme leur médecin ou leur pharmacien. L’agence fédérale encourage également les personnes touchées à lui signaler tout effet secondaire ou toute plainte.

De son côté, le fabricant Organon a dit prévoir obtenir le rapport final d’investigation au cours de la semaine du 8 janvier. « Sur la base du rapport préliminaire reçu le 22 décembre 2023, aucune preuve n’a été identifiée qui confirmerait les défauts rapportés », a toutefois déclaré par courriel la porte-parole d’Organon, Dominique Quirion. L’entreprise a rappelé que tous ses produits sont évalués avant qu’ils quittent leur site de fabrication.

Il y a d’ailleurs une pénurie de Prometrium sur le marché canadien due à une hausse de la demande qui a dépassé la capacité de la chaîne d’approvisionnement d’Organon. L’entreprise « s’efforce toujours d’y remédier », a indiqué Mme Quirion.

« Ça me choque »

Le Prometrium est régulièrement utilisé pour soulager les symptômes des femmes en préménopause, indique la Dre Gabrielle Landry, médecin de famille et fondatrice du Centre DGL en hormonothérapie. Si les patientes ingèrent des capsules vides, elles risquent d’observer un retour de leurs symptômes tels qu’une augmentation de l’anxiété, de l’insomnie, des douleurs articulaires et des difficultés de concentration, détaille-t-elle.

De leur côté, les femmes ménopausées qui prennent quotidiennement de l’œstrogène et de la progestérone et qui se retrouvent avec des capsules vides peuvent avoir des saignements, prévient la Dre Landry. Certains médecins iront même jusqu’à prescrire une échographie ou une biopsie de l’endomètre pour trouver la cause des saignements.

Ce fut le cas de Lucie Carrière, qui est en ménopause depuis quatre ans et qui prend quotidiennement Prometrium. Dans les dernières semaines, elle a eu des règles abondantes. « J’ai été voir mon médecin, qui m’a envoyée faire une échographie pelvienne et qui m’a référée à ma gynécologue », dit-elle.

Sa gynécologue lui a recommandé de faire une biopsie. « Pendant tout ce temps-là, j’étais inquiète. Je me disais que ça pouvait être le cancer de l’utérus. » Or, depuis qu’elle a entamé une nouvelle boîte de Prometrium la semaine dernière, ses règles ont pris fin. « J’aurais aimé que l’entreprise envoie un communiqué pour nous avertir. Ça me choque. »

Percer ses capsules

La saga des capsules vides s’est avérée coûteuse pour Isabella, qui a préféré taire son nom de famille, parce que son entourage n’est pas au courant qu’elle prend des capsules de progestérone. Dans les derniers mois, la femme a payé plusieurs centaines de dollars pour des rendez-vous médicaux au privé, afin d’établir la bonne dose de Prometrium.

Or, elle a constaté récemment que certaines de ses capsules étaient vides ou semblaient moins remplies qu’à l’habitude.

Pendant trois mois, j’ai pris des capsules sans savoir si elles étaient pleines ou vides. J’ai dépensé tout cet argent-là au privé pour rien. Mes prises de sang ne sont pas bonnes. Je retourne à zéro.

Isabella, qui prend des capsules de progestérone

La Dre Landry conseille aux femmes de percer la capsule avec une aiguille stérile avant de l’ingérer pour s’assurer qu’elle contient du liquide. Elles peuvent également la mâcher plutôt que de l’avaler pour s’assurer que le médicament est présent. « Ça a un petit goût subtil, donc ce n’est pas tout le monde qui va être capable de savoir qu’il y a du produit qui est sorti en la mâchouillant », prévient toutefois la Dre Landry. Elle rappelle que des génériques du médicament sont également offerts.

En fertilité, des capsules vaginales de Prometrium peuvent également être données pour favoriser l’implantation d’un embryon au niveau de l’utérus. « Puisque c’est intravaginal, les femmes n’ont pas l’option de le mâcher, donc il n’y a aucune façon de voir s’il y a un produit à l’intérieur », précise la médecin de famille.