Malgré l’appel de la Santé publique à la vaccination contre les virus respiratoires, une dame de 87 ans a été incapable de recevoir ses doses alors qu’elle était hospitalisée. Sans couverture vaccinale, elle a contracté la COVID-19 pendant les Fêtes et a failli y laisser sa peau.

Paulette Lavigne-Poisson a été admise à l’Hôpital de Rouyn-Noranda en octobre, après avoir chuté dans sa résidence privée pour aînés (RPA). « Elle se remet rapidement de la chute, mais ne sera plus assez autonome pour retourner dans sa RPA », dit sa fille, Céline Poisson.

Son séjour à l’hôpital s’éternise faute de place dans un CHSLD. « Alors qu’elle est à l’hôpital, écoutant les recommandations maintes fois répétées de la Santé publique, je demande plusieurs fois qu’on la vaccine contre la COVID-19 et l’influenza, la sachant fragile. Rien n’y fait », déplore Céline Poisson. Elle s’est adressée à répétition au poste des infirmières et l’a demandé à trois reprises aux médecins responsables de sa mère.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Céline Poisson

Or, Paulette Lavigne-Poisson a obtenu son congé de l’hôpital début décembre sans être vaccinée. Elle a été installée dans une chambre temporaire au CHSLD Pie-XII de Rouyn-Noranda.

Pendant le temps des Fêtes, la médecin du CHSLD l’appelle pour lui annoncer que sa mère est aux urgences. « Elle n’arrivait plus à respirer », se remémore Céline Poisson. L’octogénaire a obtenu un test positif à la COVID-19. Il s’avère que la dame avec qui elle partageait sa chambre en CHSLD était infectée par le virus.

Au bout du fil, la médecin a avisé Céline Poisson que le taux de saturation en oxygène de sa mère était beaucoup trop bas. Elle lui a proposé des soins de confort. Mme Poisson s’est empressée de quitter Montréal pour se rendre au chevet de sa mère à Rouyn-Noranda. « Je pensais qu’elle était en train de mourir. »

« C’est absurde »

Paulette Lavigne-Poisson a regagné des forces, puis obtenu son congé de l’hôpital, bien qu’elle nécessite encore de l’oxygène en permanence. De retour en CHSLD, elle n’était toujours pas vaccinée contre l’influenza.

Céline Poisson a relancé ses demandes la semaine dernière pour que sa mère puisse se faire vacciner, après avoir entendu le ministre de la Santé, Christian Dubé, rappeler l’importance de la vaccination chez les personnes vulnérables.

Elle a téléphoné à deux reprises au poste des infirmières, puis a contacté la direction de l’établissement.

Je ne comprends pas pourquoi il faut tant insister. Moi, je le fais, mais je suis certaine qu’il y a plein de gens qui n’osent pas.

Céline Poisson

La cheffe de service l’a finalement avisée que la vaccination de sa mère devrait avoir lieu ce mardi. « C’est sûr que quand on insiste, il peut se passer quelque chose. Mais vacciner une personne dans un hôpital ou un CHSLD, ça ne devrait pas être compliqué. C’est absurde », lance Mme Poisson.

Des virus très présents

Appelé à réagir, le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue a déclaré ne pas pouvoir commenter une situation en particulier. Il soutient toutefois qu’il y a eu trois campagnes de masse au CHSLD, soit le 4 octobre, le 25 octobre et le 22 novembre. Arrivée dans l’établissement au début du mois de décembre, Paulette Lavigne-Poisson a manqué ces campagnes de vaccination. Une infirmière ira vacciner les nouveaux résidants mardi.

À l’heure actuelle, 62 % des résidants en CHSLD en Abitibi-Témiscamingue ont obtenu leur vaccin contre la COVID-19, contre 65 % pour l’ensemble du Québec. « Des éclosions de COVID-19 en CHSLD expliquent ce taux considérant qu’il faut attendre six mois entre la maladie et la vaccination », a déclaré par courriel l’équipe des relations médias du CISSS.

La vaccination contre l’influenza a suscité un plus grand engouement. La couverture vaccinale est de 80 % pour les résidants en CHSLD en Abitibi-Témiscamingue et de 75 % pour le Québec.

Le virus respiratoire syncytial (VRS), la COVID-19 et la grippe saisonnière (influenza) sont encore très présents dans la population. En conférence de presse mercredi dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a invité les Québécois, en particulier les personnes les plus vulnérables, à faire « un dernier effort du côté de la vaccination, particulièrement pour l’influenza ». « La vaccination demeure pertinente », a également déclaré le DLuc Boileau, directeur national de santé publique.