L’Association québécoise des orthophonistes et audiologistes (AQOA) a pris position vendredi contre l’entente de principe du Front commun.

« Ce qu’on voit à travers cette entente proposée, c’est qu’on ne sent pas que le rôle des orthophonistes et des audiologistes est reconnu à sa juste valeur. C’est ça qui entraîne de la déception », a déclaré à La Presse la présidente du conseil d’administration de l’AQOA, Marie-Philippe Rodrigue.

Les sources d’irritation majeures concernent les augmentations salariales, la différence des conditions face à leurs collègues spécialistes, ainsi que le remboursement des frais de l’Ordre réservé aux orthophonistes et audiologistes à temps complet.

« Sur la base d’un salaire annualisé, les orthophonistes et audiologistes ont des conditions salariales moindres que celles des enseignants. Les enseignants font un travail colossal et admirable, mais certains orthophonistes et audiologistes ont un bac en enseignement et une maîtrise de plus », dit Mme Rodrigue.

Sur le plan des salaires, le Front commun a obtenu des augmentations de 17,4 % sur cinq ans. Les orthophonistes et audiologistes espéraient une augmentation salariale plus substantielle, afin de rattraper le « retard accumulé ».

Selon l’Association, le manque de valorisation dans le secteur public entraîne un exode du personnel. Déjà, en octobre, il restait 156 postes d’orthophoniste à pourvoir dans le réseau public, ainsi que le rapportait La Presse en novembre. C’est 21 postes de plus qu’à pareille date en 2022.

« Dans l’entente proposée aux enseignants, il y a cette idée d’offrir plus de soutien. De notre côté, on ne ressent pas cette reconnaissance. Ce n’est pas parce qu’on est moins nombreux qu’on est moins essentiels », résume Mme Rodrigue. Elle souhaite que le gouvernement reconnaisse l’importance des interventions réalisées par les orthophonistes et les audiologistes, tant dans le réseau de l’éducation que dans celui de la santé.

De l’amertume

« Les psychologues auront eu des primes d’attraction et de rétention que nous n’avons pas dans l’entente de principe, ce qui donne une petite amertume », dit Marie-Philippe Rodrigue. Elle estime que cette décision soulève des questions sur l’équité dans le traitement des professions au sein du Front commun.

Tous les psychologues des réseaux de la santé et de l’éducation obtiendront en plus une majoration salariale de 10 %, peu importe le nombre d’heures travaillées. Les psychologues qui travaillent cinq jours par semaine bénéficieront d’une prime additionnelle de 6,5 %.

Plus tôt cette semaine, La Presse rapportait que des orthophonistes du réseau public jugeaient la nouvelle entente de principe du Front commun « extrêmement décevante » et s’apprêtaient à voter contre la proposition. Les spécialistes déplorent notamment que Québec envisage de rembourser jusqu’à la moitié des cotisations aux ordres professionnels uniquement aux employés ayant un poste à temps plein.

Cette avancée est insuffisante, estime l’association. « Il est injustifiable de ne pas reconnaître le travail des orthophonistes et des audiologistes à temps partiel alors que les frais annuels sont fixes et obligatoires pour pratiquer la profession », a déclaré l’association dans un communiqué de presse vendredi.

Depuis lundi, les membres du Front commun sont appelés à voter sur l’entente. Plus de la moitié d’entre eux devront voter pour l’entente pour qu’elle soit acceptée.