(Montréal) La création d’une seule plateforme pour consentir ou refuser le don d’organes est demandée par les différents experts entendus à la commission parlementaire visant à étudier les moyens facilitant le don d’organes ou de tissus.

Actuellement, il existe trois façons de faire connaître ses intentions concernant le don d’organes au Québec : via la carte d’assurance maladie, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et la Chambre des notaires.

La totalité des experts entendus mardi et mercredi ont fait valoir qu’il était nécessaire que le gouvernement mette en place un seul guichet, accessible 24 h sur 24, et qu’il soit convivial.

Cela faciliterait la tâche de signifier son consentement ou son refus pour la population, mais aussi pour les professionnels de la santé qui doivent valider le statut de la personne décédée.

« Il existe des registres dans d’autres juridictions qui sont en ligne, qui sont accessibles, qui ne demandent pas qu’on reçoive un papier, c’est assez simple », a indiqué le directeur médical à Transplant Québec, Dr Prosanto Chaudhury. Il a fait savoir qu’aux États-Unis, les gens peuvent consentir au don d’organe à partir de leur cellulaire grâce à l’organisation à but non lucratif Donnate Life. Il estime que le Québec possède les mêmes technologies qui permettraient de lancer un registre universel de ce type assez rapidement.

Mélanie Bourassa Forcier, professeure titulaire à l’Université de Sherbrooke, Fellow CIRANO, a proposé que les élus envisagent d’ajouter certaines options, par exemple la possibilité de donner certains organes seulement. Me Nicholas Hébert-Gauthier, avocat chez Bélanger Sauvé s. e. n., a donné l’exemple du cœur qui est souvent un organe sensible pour certaines communautés.

« Il faut penser à différentes modalités qui pourraient permettre d’accroître la confiance des individus envers le don d’organes », a mentionné Mme Bourassa Forcier.

Selon elle, il est primordial de s’assurer que le consentement ou le refus soit connu pour chaque Québécois, mais qu’il n’y ait pas « de case vide ».

Piètre performance du Québec

La directrice générale de Transplant Québec, Martine Bouchard, a indiqué que le taux de donneur par millions d’habitants s’élevait à 16,7 au Québec, la moyenne canadienne étant de 19,3.

« Si on regarde le nombre de donneurs par million d’habitants, nous sommes en queue de peloton par rapport à nos voisins [au Canada] ou même d’autres juridictions hors mer. On a déjà été très performant et on ne l’est plus.

« On s’est fait dépasser pour toutes sortes de raison. Le fait qu’on n’ait pas de loi, le fait que les différentes juridictions aient accordé des ressources financières vraiment supplémentaires à ce que nous avons ici au Québec », a énuméré Mme Bouchard.

Le Dr Chaudhury a soutenu que les autres juridictions performantes ont souvent une loi qui désigne un organisme en don et en transplantation avec les pouvoirs nécessaires pour assurer leur rôle. Qu’un organisme voué à chapeauter l’ensemble du processus de don d’organes au Québec soit désigné par le gouvernement fait partie des demandes phares de Transplant Québec.

Les élus analysent présentement la possibilité de mettre en place la présomption du consentement, c’est-à-dire que les personnes décédées n’auraient plus à consentir au don d’organes, ce serait plutôt à ceux qui refusent d’avoir une preuve appuyant leur décision.

Les intervenants invités à la commission parlementaire ont fait valoir qu’il est important de sensibiliser et informer la population sur les enjeux du consentement présumé.

« On a beaucoup, pendant plusieurs années, discuté de signer votre carte [de don d’organes], mais il faut aller une coche plus loin, et justement de discuter avec la famille, ses partenaires, ses proches, pour dire : ‘’je souhaite que vous respectiez les volontés que je vous informe’’, et ça, ce n’est pas fait dans l’ensemble des familles au moment où on se parle », a déclaré Mme Bouchard.

Comme c’est le cas présentement, advenant l’implantation du consentement présumé, la famille aurait le dernier mot sur le don d’organes, peu importe si la personne décédée a signé sa carte d’assurance maladie.

Mme Bourassa Forcier a aussi affirmé qu’il existe des craintes de certaines personnes que des soins ne soient pas donnés parce qu’on voudrait utiliser leurs organes. « C’est vraiment toute une question de confiance sur laquelle on doit travailler », dit-elle.

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