Devant la diminution des taux de mortalité liés au cancer, les professionnels de la santé font face à une nouvelle réalité : l’augmentation constante du nombre de patients ayant besoin de soins et d’un suivi.

« Puisqu’on traite mieux les patients, on a beaucoup de survivants du cancer. On a aussi des patients qui sont sous traitement beaucoup plus longtemps, parce que les médicaments fonctionnent », observe le DTarek Hijal, directeur de la division de radio-oncologie au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

« Quand je vois des gens à mon bureau qui seraient morts il y a trois ans, je suis toujours épaté et ébloui. Je suis fasciné par ce que la science a pu faire », lance le DNormand Blais, hématologue et oncologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Mais cette augmentation du nombre de patients ayant besoin de soins met à l’épreuve un système de santé déjà au maximum de sa capacité.

On est rendus tellement meilleurs pour traiter certains cancers que nos capacités de soigner les patients sont débordées.

Le DNormand Blais, hématologue et oncologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)

« Par exemple, environ 5 % des cas de cancer du poumon que je traitais vivaient cinq ans. Maintenant, on est rendus à 30 %. C’est six fois plus de patients que je dois voir tous les trois mois pendant des années », illustre le spécialiste.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES DE LA PRESSE

Alors que des patients atteints d’un cancer suivent des traitements plus longtemps, d’autres patients doivent attendre plus longtemps pour passer des examens, faute de place.

L’effet se fait sentir sur les patients. « Nos patients attendent de plus en plus pour passer des examens, parce qu’il n’y a plus de place, dit le DBlais. Ça prend plus de docteurs, d’infirmières, de pharmaciens, de physiothérapeutes, de tout le personnel qui s’occupe des patients à l’hôpital. »

Les médecins de famille en renfort 

Pour désengorger les hôpitaux, les oncologues tentent d’orienter les patients en rémission vers les médecins de famille, afin qu’ils puissent poursuivre leur suivi en dehors des grands centres de cancérologie.

Le CUSM a récemment mis sur pied un projet en ce sens. « On développe des outils et des rapports pour que les médecins de famille puissent faire les suivis adéquats auprès des patients », indique le DHijal.

La pénurie de médecins de famille rend la situation plus difficile, souligne le médecin. Il garde toutefois espoir.

Dans le contexte où nos patients vivent plus longtemps et ont des taux de survie améliorés à la suite de traitements contre le cancer, on souhaite les voir retourner chez leur médecin de famille.

Le DTarek Hijal, directeur de la division de radio-oncologie au CUSM

Des patients qui vieillissent

Chez les enfants, un défi similaire se dessine. « Le phénomène qui est nouveau, c’est que nos patients vivent beaucoup plus vieux », dit la Dre Sonia Cellot, du CHU Sainte-Justine.

Les professionnels doivent donc s’assurer de fournir des suivis à long terme à leurs patients, parfois pendant des décennies. « Une bonne partie de nos enfants vont garder des séquelles qui vont varier de légères à plus importantes », note-t-elle.

Dans leur quête pour offrir les meilleurs soins, les médecins n’hésitent pas à solliciter des conseils auprès des survivants du cancer des dernières décennies. « Certains de ces jeunes, aujourd’hui dans la trentaine ou la quarantaine, apportent leur expérience et leur vision sur les effets secondaires du cancer et sur la manière d’aborder la survie après le cancer », dit la Dre Cellot.

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