(Montréal) Selon la Fédération des coopératives des paramédics du Québec (FCPQ), une meilleure gestion des heures de travail des paramédics permettrait de résoudre une partie du problème des délais ambulanciers.

Philip Girouard, président de la FCPQ, reconnaît que les délais de réponse sont une source d’angoisse pour les familles qui demandent de l’aide. « Même si beaucoup des éléments causant des délais de réponse découlent directement du plan de déploiement, nous nous faisons un point d’honneur d’être en mode solutions pour améliorer la situation dans les régions où nous opérons, a-t-il indiqué dans un communiqué publié samedi. Ce que nous proposons pour améliorer les délais de réponse a déjà été présenté aux autorités publiques concernées. »

En entrevue avec La Presse Canadienne, Philip Girouard dévoile certaines des solutions qui ont été envoyées en septembre à la direction des services préhospitaliers d’urgence du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le président de la FCPQ s’attendait à une réponse en décembre initialement. « Mais là, on s’attend à une réponse en avril. Mais je ne vous cacherai pas que j’ai peur de la réponse qui pourrait nous être donnée à ce moment-là », a-t-il soulevé.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux n’a pas répondu à notre demande d’entrevue à ce sujet, samedi.

Stabiliser les heures de travail

Parmi les solutions proposées, la FCPQ souhaite assurer une prévisibilité des quarts de travail des paramédics, pour que les heures qui sont ajoutées de façon ponctuelle soient stabilisées.

« Ce qu’on trouve déplorable, c’est que cette liste d’heures ponctuelles est récurrente et n’est jamais ajoutée dans le plan de déploiement. Alors c’est nous qui devons jongler avec cette espèce de dynamique », précise M. Girouard.

L’ajout d’équipes supplémentaires est par exemple prévu lorsqu’il y a des transferts hospitaliers entre régions qui doivent être faits. Cela peut faire en sorte que des paramédics sont appelés à la dernière minute pour effectuer un quart, ce qui occasionne des retards.

« Pourquoi ces heures-là ne sont-elles pas mises d’emblée dans le plan de base du déploiement dynamique ?, se questionne Philip Girouard. On fait des demandes, on veut alléger les conditions de travail. Mais quelque chose qu’on ne contrôle pas, nous, c’est les heures fixes. C’est un enjeu chaque jour. »

Selon la FCPQ, cette solution aiderait à la conciliation travail-famille des paramédics, en permettant de minimiser les rappels au travail impromptus. À long terme, on indique que cela pourrait limiter les risques d’épuisement professionnel des paramédics.

Une autre solution qui pourrait minimiser les délais de réponse, selon la fédération, est l’ajout de véhicules d’intervention rapide. Un paramédic pourrait ainsi administrer les premiers soins rapidement, en attendant que l’ambulance arrive sur les lieux de l’intervention. « Le patient serait gagnant », explique M. Girouard.

« On propose des solutions et on ne se sent pas écoutés, c’est ça qui fait que c’est lourd », déplore-t-il.

Une bureaucratie énorme

La FCPQ regroupe les coopératives de paramédics du Québec, qui emploient 1500 paramédics et dispensent plus de 200 000 transports annuellement, ce qui serait équivalent à 37 % de l’ensemble des transports préhospitaliers au Québec.

Selon Philip Girouard, une « bureaucratie énorme » empêche le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et la FCPQ de pouvoir discuter de solutions possibles. « Je serais curieux d’entendre les solutions à M. Dubé, j’aimerais ça qu’il écoute les miennes aussi et pouvoir avoir la chance de m’asseoir avec lui », lance-t-il.

« On n’est pas en mode confrontation. On veut savoir ce qu’il en est de leur côté et on veut travailler en équipe », ajoute celui qui est lui-même paramédic.

Les sept coopératives de la FCPQ desservent plus de trois millions de Québécoises et Québécois.