(Ottawa) Le gouvernement fédéral est contraint de retirer l’un des importants navires scientifiques de la Garde côtière canadienne, portant un dur coup aux capacités de recherche océanique du pays pour au moins quelques années.

La Garde côtière canadienne a annoncé mercredi que le temps avait finalement rattrapé le NGCC Hudson, qui est âgé de 59 ans, et que le navire scientifique de recherche océanique est mis hors service, même si un remplaçant ne sera pas prêt avant au moins 2025.

La décision difficile est intervenue après le bris d’un des moteurs du navire en novembre dernier et des responsables ont déterminé qu’il était trop coûteux de le réparer et de mettre à niveau d’autres parties obsolètes du navire pour répondre aux nouvelles réglementations.

Nombreux dépassements de coûts

La panne était le dernier d’une série de problèmes pour le plus ancien navire en service de la Garde côtière, qui avait subi des millions de dollars de réparations et de modernisations ces dernières années dans une tentative désespérée de le maintenir à flot.

Ces investissements ont été rendus nécessaires après plusieurs retards dans la livraison d’un navire scientifique océanographique extracôtier de remplacement de Seaspan Shipyards, de Vancouver, qui devait initialement terminer la construction du nouveau navire en 2017.

Outre les retards, le nouveau navire a fait l’objet de nombreux dépassements de coûts. La Presse Canadienne a rapporté cet été que le budget initial de 108 millions avait grimpé à près d’un milliard.

Les changements climatiques

La Garde côtière canadienne s’efforce maintenant de trouver des solutions de rechange pour mener ce qu’elle a précédemment décrit comme des recherches « vitales » sur les océans du Canada, qui sont devenues encore plus importantes en raison des préoccupations concernant les changements climatiques.

« La Garde côtière canadienne travaille en étroite collaboration avec Pêches et Océans Canada pour évaluer les impacts à court et à long terme sur la programmation et élaborer un plan pour atténuer ces impacts », a déclaré l’agence par écrit.

« Les discussions portent sur les parties du programme scientifique qui peuvent être complétées par d’autres navires de la Garde côtière canadienne, par des navires affrétés ou par l’utilisation d’autres technologies », ajoute-t-elle.

L’expert en construction navale de l’Université de Calgary, Timothy Choi, a déclaré que la perte du Hudson avant que son remplacement ne soit prêt laissera un vide, bien qu’il soit trop tôt pour dire à quel point les dommages seront importants.

« Il est certain que notre capacité de recherche extracôtière en dehors de l’Arctique sera entravée, bien que cela dépende des solutions alternatives qu’ils pourront trouver entre-temps », a-t-il analysé.

Pas un cas unique

L’Hudson n’est que le dernier navire fédéral à avoir été retiré avant qu’un remplacement ne soit prêt en raison de retards dans une grande partie de la stratégie fédérale de construction navale du gouvernement.

La Marine royale canadienne opère sans aucun destroyer depuis 2017, le premier remplacement n’étant pas prévu avant au moins 2032. Ces nouveaux navires remplaceront également les 12 frégates de classe Halifax de la marine.

La marine a également été contrainte de louer un navire civil converti au cours des dernières années en tant que navire de soutien depuis le retrait de ses propres navires en 2014. Seaspan travaille actuellement sur deux remplacements permanents, qui ont connu leurs propres retards.

Seaspan avait récemment promis de livrer le premier nouveau navire de soutien en 2023 et le second en 2025 après avoir terminé le remplacement de l’Hudson. Cependant, ce calendrier déjà ténu apparaît maintenant incertain.

« Seaspan fait une danse délicate », a déclaré Jeff Collins, un expert en approvisionnement militaire à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.

« Tout dérapage de leur part retarde davantage le remplacement et risque de faire grimper les coûts, en particulier en cette période d’inflation… Le calendrier est roi avec la [stratégie fédérale de construction navale], et en particulier pour Seaspan », a-t-il ajouté.