La mission Artemis I aura finalement lieu après trois reports

Avec deux mois et demi de retard, la mission lunaire Artemis I devrait finalement décoller le 14 novembre prochain, à l’occasion d’un rare lancement nocturne. La NASA est revenue sur les aléas des reports récents dans une conférence de presse mercredi.

L’Agence spatiale canadienne (ASC) suit la situation de près. La mission Artemis II, qui devrait comporter un astronaute canadien, risque fort d’être reportée de 2024 à 2025, admet Isabelle Tremblay, directrice des astronautes à l’ASC. « Il faut deux ans entre les missions et la NASA va avoir besoin d’un peu de temps pour analyser les données d’Artemis I », dit Mme Tremblay.

La première mission est inhabitée et devrait durer une quarantaine de jours, pour tester tous les systèmes en orbite lunaire. Ce n’est qu’à la mission Artemis III qu’il y aura un alunissage – un astronaute canadien pour cette troisième mission n’est pas encore garanti.

Météo et fuites de carburant à l’origine du retard

Artemis I devait partir le 27 août, mais une fuite d’hydrogène puis un autre problème ont reporté le lancement au 3 septembre. Une autre fuite d’hydrogène a encore reporté le lancement à la fin de septembre, mais l’ouragan Ian a forcé la NASA à remiser la fusée qui était sur la rampe de lancement.

« On a environ une fenêtre de lancement par mois pour la Lune », souligne Mme Tremblay.

Lors de la conférence de presse de mercredi, Jim Free, un responsable du lancement à la NASA, a indiqué que plusieurs batteries avaient été rechargées pendant que la fusée se trouvait dans le hangar géant de Cape Canaveral, notamment celles du système de destruction en cas de pépin.

Les batteries de cinq des dix microsatellites de type CubeSat que relâchera Artemis I une fois dans l’espace ont aussi été testées. « Certains des CubeSat ne pouvaient être rechargés une fois installés » dans la fusée, a dit M. Free.

PHOTO ARCHIVES NASA, FOURNIE À L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Dellingr, un microsatellite de type CubeSat de la taille d’une boîte à chaussures, lancé le 20 novembre 2017. La mission Artemis I lâchera dix CubeSats autour de la Lune.

Durant la conférence de presse, beaucoup de journalistes ont posé des questions sur les problèmes de fuites d’hydrogène récurrentes de la fusée qui propulsera les missions Artemis en orbite, adaptée des fusées de la navette spatiale américaine. Début septembre, une alimentation manuelle avait causé une surpressurisation qui avait aggravé les problèmes de fuite. Par la suite, les ingénieurs de la NASA ont dû chauffer les lignes d’alimentation pour éviter les fuites, même si l’hydrogène doit être pompé à des températures proches du zéro absolu, au-dessous de - 250 °C.

« Nous avons fait des ajustements au remplissage des réservoirs avant le lancement, ça marche maintenant », a dit M. Free.

Les défis de l’hydrogène liquide

Des entreprises privées comme SpaceX ont abandonné l’hydrogène comme carburant pour les fusées au profit du méthane liquide, à cause de ces problèmes de fuites. Elon Musk, le grand patron de SpaceX, a commenté ce problème lors des reports du lancement d’Artemis I début septembre. En 1990, la NASA avait dû suspendre ses lancements de navettes spatiales pendant plusieurs mois dans un épisode qui avait été appelé « l’été de l’hydrogène ».

« C’est sûr que l’hydrogène est une molécule très petite, c’est facile d’avoir des fuites », dit Mme Tremblay.

Outre les problèmes de recharge de piles des différents composants de la fusée, il faut aussi la recertifier pour son exposition aux éléments. « Au départ, elle était certifiée pour 12 mois, nous avons étendu ça pour 23 mois, a dit M. Free. Elle est certifiée jusqu’en décembre. »

En savoir plus
  • 40 milliards US
    Somme déjà dépensée pour le programme Artemis
    SOURCE : NASA