(Ottawa) Ils seront respectivement le premier Afro-Américain, la première femme et le premier Canadien à se rendre jusqu’à la Lune, en 2024 ou en 2025. En début de semaine, l’équipage de la mission Artemis II faisait une brève tournée au Canada. La Presse a rencontré les astronautes à l’ambassade des États-Unis à Ottawa.

« Nous sommes ici pour inspirer les Canadiens, pour établir un contact », affirme l’Ontarien Jeremy Hansen, qui est le seul astronaute d’Artemis II à n’avoir jamais séjourné dans l’espace. Victor Glover a tenu à rendre hommage à John Chapman, fondateur du programme spatial canadien.

Quelle est l’importance d’avoir un équipage avec autant de premières ? « Ma participation à Artemis II dépasse ma personne, répond Christina Koch. Nous sommes là pour toute l’humanité. Il faut tirer le meilleur des habiletés de chacun. » Victor Glover, lui, a répondu que la diversité de son équipe découle des « efforts des gens qui, il y a longtemps, ont choisi des astronautes comme nous. Ça n’a pas été facile de faire ce changement. » Et Jeremy Hansen a ajouté que l’équipage d’Artemis II démontrait le leadership américain, capable de tirer le meilleur du « génie » du Canada.

Les quatre astronautes s’animent quand on évoque le premier test orbital de Starship, la semaine dernière. La fusée de SpaceX, qui a explosé après quatre minutes de vol, bien avant d’arriver en orbite, sera utilisée pour l’alunissage d’Artemis III, prévu pour 2025. La capsule Orion amenant les astronautes vers la Lune sera arrimée à Starship en orbite lunaire. Pour les autres missions Artemis, Orion et Starship s’arrimeront à la station orbitale lunaire Gateway pour le transfert.

« Le test a été un succès énorme, presque un miracle, a dit M. Hansen. C’est un exemple parfait d’une approche par itération », avec des vols d’essai – et des explosions – fréquents.

Le commandant Reed Wiseman a fait la comparaison avec la fusée SLS développée par la NASA, qui amène la capsule Orion jusqu’à la Lune et a volé pour la première fois avec la mission inhabitée Artemis I, en novembre dernier. « On a mis des années à mettre au point la technologie avant le premier vol » de SLS.

L’essai de la semaine dernière n’a-t-il pas causé des dommages graves au pas de tir de SpaceX au Texas ? « Ils savaient qu’il y en aurait, mais pas autant », dit M. Glover, qui précise que SpaceX travaille à un nouveau pas de tir au Centre spatial Kennedy de la NASA à Cape Canaveral, en Floride, qui sera utilisé par Starship, et adapte aussi un pas de tir existant de Cape Canaveral.

Quand La Presse a abordé le sujet de l’utilité d’un arrimage à Gateway, une relationniste est intervenue pour demander de cesser de poser des questions relatives à SpaceX.

Génération Artemis

Les quatre astronautes étaient enfants quand les missions de la navette spatiale ont commencé. Leur sélection confirme que la « génération Apollo », qui est devenue astronaute à cause de l’exemple du programme lunaire d’il y a un demi-siècle, a cédé sa place à la « génération navette spatiale ». Les responsables de la NASA espèrent d’ailleurs que le programme Artemis inspirera une « génération Artemis ». Est-ce que la « génération navette spatiale » aura une approche différente de la « génération Apollo » ?

« Je ne crois pas, dit M. Glover. La Lune, c’est unique. D’ailleurs, on appelle moonshots les projets audacieux. On a tous vu des vidéos d’Apollo. »

Pourquoi ils sont devenus astronautes

Jeremy Hansen, 47 ans, pilote de chasse

« Quand j’avais 5 ans, mes parents ont ajouté le Centre spatial Kennedy à un voyage en Floride parce que je parlais tout le temps de Neil Armstrong depuis que j’avais vu une photo de lui sur la Lune. J’ai une photo de mon visage dans une silhouette en carton d’astronaute. Après, j’ai eu l’inspiration et des gens m’ont aidé à réaliser mon rêve. »

PHOTO GO NAKAMURA, ARCHIVES REUTERS

Jeremy Hansen

Christina Koch, 44 ans, ingénieure électrique

« J’ai fait un camp spatial quand j’étais à l’école secondaire. J’ai décidé que je ne cocherais pas les cases de la formation qui nous était proposée pour devenir astronaute. Je n’ai pas un parcours traditionnel d’astronaute. »

PHOTO GO NAKAMURA, ARCHIVES REUTERS

Christina Koch

Victor Glover, 46 ans, pilote de la Marine américaine

« Plus jeune, je suivais les missions de la navette spatiale, mais je rêvais plutôt d’être cascadeur, pompier ou policier comme mon père. Le désir a mûri. »

PHOTO ASSOCIATED PRESS

Victor Glover

Reid Wiseman, 47 ans, pilote d’essai

« Quand j’ai été choisi pour Artemis II, un de mes meilleurs amis quand j’avais à 7 ans m’a contacté pour me féliciter d’avoir atteint mes objectifs d’alors. Mais je ne me souviens pas du tout d’avoir souhaité être astronaute aussi jeune. Je me rappelle y avoir pensé après l’explosion de la navette Challenger en 1986. »

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Reid Wiseman