Un colloque sur la prise de médicaments pendant la grossesse, mardi, dans le cadre du congrès de l’Acfas, a donné lieu à un « cri du cœur ».

« Aux États-Unis, ça fait plus de 20 ans que les femmes enceintes peuvent être incluses dans les essais cliniques de médicaments », a expliqué Anick Bérard, spécialiste de la question au CHU Sainte-Justine, qui organisait le colloque. « Les conseils médicaux demandent depuis dix ans à Santé Canada de retirer les femmes enceintes de la catégorie des personnes vulnérables qu’il faut éviter d’inclure dans les essais cliniques. Mais il n’y a pas de changement. Ça fait en sorte qu’on a moins de données sur l’efficacité et les risques des médicaments pendant la grossesse. »

C’est ainsi que les essais cliniques sur les vaccins contre la COVID-19 ont pu être faits avec des femmes enceintes aux États-Unis, observe la Dre Bérard.

Le colloque a permis de comparer les pratiques aux États-Unis, en France, en Belgique et au Canada. La situation est semblable aux États-Unis et au Canada, alors qu’en France, presque toutes les femmes enceintes prennent des médicaments, selon la Dre Bérard. Au Canada, seulement les deux tiers des femmes en prennent.

Environ 16 % des Québécoises et des autres Canadiennes prennent des antidépresseurs pendant la grossesse, la plupart du temps parce qu’elles en prenaient déjà avant. Certains antidépresseurs sont associés à un risque deux fois plus élevé de malformations cardiaques pour le bébé, le risque passant alors de 1 % à 2 %. Il y a donc un débat sur la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse pour les dépressions faibles à modérées, selon la chercheuse de Sainte-Justine.

À titre de comparaison, le risque de malformations avec la thalidomide, un médicament anti-nausées utilisé brièvement il y a plus de 50 ans, augmentait de 10 fois.

Les risques liés aux antibiotiques, aux médicaments contre l’épilepsie, les maladies auto-immunes et les troubles de la thyroïde, ainsi qu’aux autres médicaments anti-nausées, ont été aussi abordés.