Choisir un avocat parfaitement mûr n’est pas si facile. Des chercheurs ontariens et colombiens viennent toutefois de mettre au point une technologie permettant de prédire quand un avocat sera prêt, et un enduit qui retarde son mûrissement.

Ce qu’il faut savoir

  • Près d’un avocat sur cinq est gaspillé parce qu’il brunit avant d’être mangé.
  • Des chercheurs colombiens et ontariens ont mis au point une technologie de prédiction du moment où l’avocat sera mûr pour réduire le gaspillage.
  • Ils ont aussi testé des enrobages comestibles qui retardent le mûrissement de l’avocat.

Intelligence artificielle

PHOTO FOURNIE PAR ANGIE HOMEZ

La chercheuse Angie Homez dans un laboratoire de l’Université Guelph, en Ontario

Dans sa Colombie natale, Angie Homez vivait au rythme des avocats. « C’est la plus grosse exportation de mon pays, plus encore que le café », dit l’étudiante au doctorat de l’Université de Guelph, en Ontario. « Dans mes études, je me suis vite rendu compte qu’il y avait un gros problème : près d’un avocat sur cinq est gaspillé, généralement rendu au pays de destination, parce que c’est un fruit fragile et que c’est difficile de savoir s’il est mûr. Sa peau est opaque et épaisse. » Arrivée en Ontario, elle s’est mise au travail avec l’« imagerie hyperspectrale ». « L’objectif est de déterminer dès la cueillette quand exactement l’avocat sera mûr. Nos résultats en laboratoire sont très bons. » Les anciens collègues de Mme Homez à l’Université de Tolima, à l’ouest de Bogotà, continuent maintenant le travail pour mettre au point une technologie commercialisable. « Notre appareil d’imagerie coûte très cher, mais je suis persuadée qu’on pourra avoir d’aussi bons résultats avec des technologies plus abordables », dit Mme Homez.

Crustacés

PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

L’avocat est cultivé depuis 6000 ans.

Dans l’étude qu’elle publie fin mai dans la revue ACS Food Science & Technology à propos de la prévision du mûrissement des avocats par imagerie hyperspectrale, elle évalue également deux enrobages comestibles qui retardent ce mûrissement. « L’un des enrobages est utilisé pour les pommes et les fraises déjà, dit Mme Homez. L’autre est fabriqué à partir de la carapace des crustacés. Ç’a été proposé dans une optique de réutilisation des rebuts alimentaires. Finalement, il n’y a pas d’avantage pour l’un ou l’autre, au niveau de la performance. » Dans les deux cas, le mûrissement était retardé d’un peu moins d’une semaine, survenant à six semaines plutôt que cinq après la cueillette. La fenêtre où l’avocat est mûr sans être brun, environ cinq jours, n’était pas plus grande avec les enrobages. Encore une fois, les agronomes de l’Université de Tolima continuent le travail sur la commercialisation de ces enrobages.

Champignons

PHOTO THINKSTOCK, ARCHIVES LA PRESSE

Des champignons shiitake

La chercheuse d’origine colombienne va maintenant se tourner, dans le cadre de son doctorat à Guelph, vers les champignons. « Il y a là aussi un problème de gaspillage. La grande différence avec les avocats, c’est que les champignons sont généralement produits localement, au Canada. Ils voyagent moins. » Selon une étude de 2016 du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), 17 % des champignons sont gaspillés à l’étape du supermarché, une proportion relativement élevée pour un légume. Les légumes les plus gaspillés sont les fèves vertes et les endives, avec plus de 40 % de pertes au niveau du supermarché.

L’a b c de l’avocat

PHOTO FOURNIE PAR ANGIE HOMEZ

Angie Homez dans le champ expérimental de l’Université de Tolima, en Colombie

Cultivé depuis 6000 ans en Amérique centrale, l’avocat a commencé à faire l’objet d’améliorations génétiques par croisements au début de notre ère. Mais c’est un Américain, Rudolph Hass, qui a inventé l’avocat moderne, dans les années 1930. Horticulteur amateur, il a croisé des avocats mexicains et guatémaltèques et breveté la variété Hass, qui représente maintenant 80 % de la production mondiale, selon une étude mexicaine publiée en 2019 dans la revue PNAS. Le Mexique produit plus du quart de la production mondiale de huit millions de tonnes d’avocats, la Colombie étant deuxième avec un peu moins d’un million de tonnes, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de l’ONU. Le nom de l’avocat est dérivé du terme aztèque signifiant « testicule », ahuacatl.

En savoir plus
  • 1,2 million
    Quantité, en tonnes, d’aliments comestibles qui sont gaspillés au Québec
    Source : gouvernement du Québec
  • 1,9 million
    Quantité, en tonnes, de résidus alimentaires qui pourraient être valorisés au Québec
    Source : gouvernement du Québec