Un roi qui se révèle être une reine. Des bijoux qui n’en sont pas. Des lèvres de tyrannosaure. Avec leur labeur, archéologues et paléontologues élucident les mystères du passé humain et de la planète.

Un cou de cinq étages

Les sauropodes comme le diplodocus sont les animaux terrestres les plus massifs que la Terre ait connus. Mais une espèce découverte en Chine en 1987, Mamenchisaurus sinocanadorum, bat tous les records : son cou mesurait 15 m, soit 5 de plus que le cou le plus long connu chez les sauropodes. Dans le Journal of Systematic Paleontology en mars, des chercheurs chinois, américain et britanniques expliquent comment ils ont comparé les quelques vertèbres de M. sinocanadorum à celles des autres sauropodes pour arriver à leurs conclusions. Le fossile de 162 millions d’années a été mis au jour au Xinjiang dans le cadre d’un projet sino-canadien, d’où son nom.

Une arme plutôt qu’un bijou

PHOTO SIMON-PIERRE GILSON, TIRÉE DU SITE DE SCIENCE

Des dents de requins ouvragées du site de Rio do Meio au Brésil

Les dents de requin retrouvées dans un site précolombien brésilien ne sont pas des ornements, mais bien des outils ou des armes, selon une nouvelle étude montréalaise. De nombreuses dents de requin ouvragées ont été mises au jour dans le site de Rio do Meio, occupé juste avant l’arrivée des Portugais. Elles servaient à travailler le bois ou le cuir ainsi qu’à faire des pointes de flèches, selon les archéologues de l’Université de Montréal, qui publient leur analyse cet été dans Latin American Antiquity.

La dame à l’ivoire

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ DE SÉVILLE

Poignards en cristal de la tombe de la dame à l’ivoire près de Séville

Découverte en 2008 près de Séville, une tombe datant de 5000 ans s’est révélée la plus riche de l’âge de bronze en Espagne, avec des poignards en cristal et des objets en ivoire. Mais à la mi-juillet, une nouvelle étude sur cette tombe a été encore plus surprenante : son occupant n’était pas un homme, mais une femme. Dans Scientific Reports, les archéologues de l’Université de Séville, qui ont utilisé une nouvelle technologie d’analyse des protéines de l’émail dentaire permettant de déterminer le sexe, expliquent que l’autorité de la « dame à l’ivoire » était peut-être liée à des pouvoirs ésotériques. Sa dépouille contenait beaucoup de mercure, peut-être à cause de l’ingestion ou la combustion de cinabre, roche rouge souvent utilisée par des oracles.

Les lèvres du tyrannosaure

PHOTO TIRÉE DU SITE DU MUSÉE FIELD

Le célèbre tyrannosaure Sue du musée Field à Chicago

Le tyrannosaure de la série Jurassic Park aurait eu en réalité un aspect bien différent. Du moins sa gueule acérée. Ses dents étaient probablement recouvertes de lèvres, selon une nouvelle étude internationale à laquelle ont participé des paléontologues du Musée royal de Colombie-Britannique. En mars dans la revue Science, ils démontrent que la bouche du tyrannosaure était plus proche de celle des lézards que de celle des crocodiles actuels. Ils pensent que ses lèvres, en écailles, ressemblaient probablement à celles du sphénodon, un lézard néo-zélandais unique au monde, descendant directement du crétacé.

Les esclaves des Incas

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNESCO

Le Machu Picchu au Pérou

Les Incas recrutaient leurs esclaves aux confins de leur empire andin, selon une nouvelle étude américaine. Des archéologues de l’Université Yale ont montré en juillet dans Science Advances que le génome de 34 habitants du Machu Picchu au XVsiècle prouvait qu’ils venaient d’aussi loin que la Colombie andine et le centre de l’Amazonie brésilienne. Cela faisait du Machu Picchu, qui était peut-être une retraite estivale pour la royauté, la ville ayant la plus grande diversité de l’empire.

De la Baltique à la Mésopotamie

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNESCO

Les ruines d’Ashour, à mi-chemin entre Bagdad et Mossoul

Le commerce de l’ambre de la Baltique s’étendait jusqu’à la Mésopotamie il y a près de 4000 ans, selon une nouvelle étude allemande. Deux perles retrouvées en 1914 à Ashour, ancienne capitale de l’empire assyrien, viennent d’être analysées par des chercheurs du Musée d’État de Berlin. Résultat : elles ont voyagé depuis la Baltique pour arriver jusqu’à Ashour. Dans Acta Archaeologica en mai, les archéologues allemands ont repoussé les limites du commerce de l’ambre. Jusqu’à maintenant, le commerce international de l’ambre était réputé avoir commencé quelques siècles plus tard, grâce à l’établissement des royaumes unéticiens en Bohême, et s’être limité au Proche-Orient.

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