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Si on veut réutiliser les sacs de type Ziploc ou les sacs de lait transparents, est-ce que les lavages répétés de ces sacs dégagent des microparticules dans l’environnement ?

Lucie Lafrance

Réutiliser est probablement une bonne idée, même si aucun chercheur ne l’a formellement établi.

« Laver des sacs Ziploc a sûrement beaucoup moins d’impact, au niveau des microplastiques, que laver son linge », explique Jiaying Zhao, une psychologue de l’Université de Colombie-Britannique qui vient de publier une étude sur les sacs pour fruits et légumes offerts dans les épiceries.

Le fabricant des sacs Ziploc, SC Johnson, a d’ailleurs lancé en 2018 une campagne pour la réutilisation des sacs, rappelant qu’ils sont conçus pour être lavés.

Cette sortie avait inspiré l’émission environnementale Possibly de la radio publique américaine NPR.

Son équipe avait calculé, avec un essai, que les quantités d’énergie et d’eau chaude nécessaires au lavage d’un sac Ziploc étaient équivalentes à celles de la fabrication d’un sac.

En d’autres mots, si la source de l’énergie lors du lavage – l’hydroélectricité au Québec – est moins polluante que celle de l’usine de production des sacs (aux États-Unis, 60 % de l’électricité est produite avec des carburants fossiles), réutiliser son sac Ziploc est bénéfique.

Les journalistes de Possibly, qui n’avaient pas évalué la question des microplastiques relâchés lors du lavage d’un sac, proposaient de le laver à l’eau froide pour s’assurer d’un avantage environnemental à la réutilisation. Et donc de jeter les sacs très souillés, par exemple ceux qui ont contenu du beurre d’arachide.

Et à l’épicerie ?

Et les sacs de plastique que l’on retrouve dans le rayon des fruits et légumes, à l’épicerie ? « Ils sont probablement trop fragiles pour être réutilisés, dit Mme Zhao. Mais si on arrive à les réutiliser, c’est sûrement une très bonne chose, parce que c’est très rare. Les sacs de plastique qui sont maintenant interdits étaient souvent réutilisés pour les déchets, par exemple dans les poubelles de salle de bain. D’ailleurs, il pourrait y avoir une augmentation des ventes de petits sacs de déchets. Mais on voit très peu de réutilisation avec les sacs pour fruits et légumes. »

L’étude de Mme Zhao est arrivée à une conclusion surprenante : la meilleure manière de convaincre les gens d’utiliser moins de sacs pour fruits et légumes à l’épicerie est de leur offrir de faire une contribution charitable en leur nom. « On pensait qu’imposer un coût pour ces sacs serait plus efficace », dit la chercheuse de Vancouver, qui a publié ses résultats en mars dans la revue Resources, Conservation & Recycling. L’organisme charitable cité dans l’étude s’occupait de la protection des océans.

Le gouvernement canadien n’a pas pour le moment inclus ces sacs dans les interdictions prévues des produits de plastique.

La plupart des supermarchés les offrent gratuitement. Ça pourrait devenir l’une des principales sources de pollution plastique.

Jiaying Zhao, de l’Université de Colombie-Britannique

Si on veut prendre des sacs réutilisables pour y mettre ses fruits et légumes au supermarché, lesquels choisir ? « Ça dépend de notre objectif. Le coton est très durable, mais nécessite plus d’eau que d’autres types de sacs réutilisables. La fabrication des sacs réutilisables en polypropylène nécessite moins d’eau, mais il faut les réemployer beaucoup de fois, de 50 à 100 fois dans le cas des sacs d’épicerie, pour réduire la pollution plastique. »

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  • 15 milliards
    Nombre de sacs de plastique utilisés par les Canadiens en 2020
    Source : Environnement Canada