Un échantillon de l’astéroïde Bénou doit revenir sur Terre le 24 septembre dans l’Utah, aux États-Unis. Quelques grammes vont ensuite prendre le chemin du Canada, puisque l’Agence spatiale canadienne a fourni des instruments essentiels à la mission OSIRIS-REx.
Ce qu’il faut savoir
- Des échantillons de l’astéroïde Bénou doivent revenir sur Terre le 24 septembre.
- Le Canada héritera de 4 % des 150 à 350 grammes d’échantillons.
- Les échantillons de Bénou contiennent des traces du début du système solaire.
La mission
La mission OSIRIS-REx (un acronyme d’« Explorateur de régolithe pour les origines, l’interprétation spectrale, l’identification de ressources minières et la sécurité »), lancée en 2016, a atteint l’astéroïde Bénou en 2018. Après deux ans d’observations, des échantillons ont été recueillis en 2020.
« L’objectif était d’amasser 60 grammes d’échantillons », a expliqué Mike Daly, de l’Université York, lors d’une téléconférence de presse. Cet objectif a été largement surpassé. « On pense avoir 250 grammes, plus ou moins 100 grammes. Pour donner une comparaison, Hayabusa-2 a rapporté cinq grammes de l’astéroïde Ryugu. »
Bénou a un demi-kilomètre de diamètre et fait une rotation en 4 heures 20 minutes, ce qui est plutôt lent pour un astéroïde et facilitait l’atterrissage. L’échantillon a été pris par un bras robotique de 3,5 mètres, à une profondeur d’un demi-mètre parce que le sol de Bénou était plus mou que prévu.
Bénou a été nommé en 2013 en l’honneur d’une divinité égyptienne, à l’issue d’un concours.
La descente
Quatre heures après que l’explorateur OSIRIS-REx l’aura relâchée, la capsule contenant des échantillons du sol de l’astéroïde Bénou rentrera dans l’atmosphère. Son bouclier thermique réduira énormément sa vitesse, de 45 000 km/h à moins de 2000 km/h. À une altitude de 30 km, un premier parachute sera relâché, ce qui réduira encore la vitesse de moitié. Le parachute principal sera alors déployé, à une altitude de 1,6 km, pour ralentir la capsule à 18 km/h lors de l’atterrissage. En tout, la descente durera 13 minutes.
Un altimètre canadien
Un altimètre laser (OLA), fabriqué par MDA, permettait de contrôler l’atterrissage d’OSIRIS-REx sur Bénou, à partir d’une altitude de 7 km. Il avait une précision de 5 cm sur le plan horizontal et 1 cm sur le plan vertical. Il était composé d’un laser rapide, capable de 10 000 mesures par seconde, et d’un autre faisant 100 mesures par seconde. Le laser rapide a cessé de fonctionner après l’atterrissage. « Nous n’avons pas considéré que c’était un échec, il a rempli sa fonction », explique M. Daly, qui est responsable d’OLA.
Des échantillons à Saint-Hubert
En échange d’OLA, le Canada héritera de 4 % des échantillons de Bénou, soit entre 6 g et 14 g. « C’est la première fois que le Canada contrôle l’accès à des échantillons d’objets célestes », indique Kim Tait, géologue du Musée royal de l’Ontario. « Des chercheurs canadiens ont pu avoir des échantillons en demandant directement accès, mais ce n’est pas la même chose que de les avoir ici. »
Les échantillons de Bénou seront conservés à Saint-Hubert à partir de 2024, dans une installation encore en cours de préparation.
Richard Nixon a donné deux échantillons lunaires d’Apollo en cadeau au Canada. Ils se trouvent au Musée des sciences du Canada à Ottawa. Et des chercheurs de l’Université Western Ontario et de l’Université de Winnipeg ont respectivement pu analyser des échantillons d’Apollo et de l’astéroïde Ryugu.
Des institutions canadiennes ont, par ailleurs, fait des expériences à bord de la Station spatiale internationale, ramenant parfois des échantillons spatiaux au pays.
L’origine du système solaire
Bénou a été choisi parce qu’il appartient à un type d’astéroïde qui contient les matériaux de base du système solaire, et aussi parce qu’il y a une faible chance qu’il percute la Terre d’ici 2300 (moins de 0,05 %).
Bénou serait composé de « la matière qui a formé le système solaire », a dit durant la téléconférence de presse Caroline-Emmanuelle Morisset, géochimiste de l’Agence spatiale canadienne. « Il se peut même qu’il y ait des fragments plus vieux que le système solaire. Ça va nous informer sur l’origine et l’évolution du système solaire. On pense aussi que Bénou contient beaucoup de molécules organiques et de l’eau, des ingrédients essentiels à la formation de la vie. Ça va nous aider à comprendre l’origine de la vie et l’importance des astéroïdes dans l’origine de la vie sur Terre. »
Contrairement aux météorites, l’échantillon de Bénou ne sera pas contaminé par la rentrée dans l’atmosphère, note Mme Morisset. « On va garder l’échantillon sous azote. C’est un gaz inerte qui va empêcher la contamination par l’atmosphère. Les manipulations de l’échantillon vont avoir lieu dans des boîtes à gaz avec une atmosphère terrestre. »
Les analyses de l’échantillon vont s’étendre sur des décennies, selon Mme Morisset.
Les autres échantillons spatiaux
- Les missions Apollo ont rapporté 382 kg de sol lunaire.
- Dans les années 1970, trois missions soviétiques Luna ont rapporté un total de 300 g de sol lunaire.
- La mission chinoise Chang’e 5 a rapporté 1,7 kg de sol lunaire en 2020.
- La mission américaine Stardust a rapporté 1 mg de queue de comète en 2006.
- En 2010, la mission japonaise Hayabusa a rapporté 1 mg d’astéroïde.
- En 2020, la mission japonaise Hayabusa-2 a rapporté 5,4 g d’astéroïde.
- En 2033, 500 g d’échantillons martiens de la mission Perseverance devraient revenir sur Terre.
Apophis
La mission d’OSIRIS-REx sera étendue au moins jusqu’en 2029 pour étudier l’astéroïde Apophis. « On va devoir s’approcher plus près du Soleil que prévu par la mission initiale pour des manœuvres en 2024, a dit M. Daly. On va évaluer la performance de la sonde après. »
Regardez l’atterrissage sur Bénou Regardez un résumé de l’approche et du départ de Bénou (en anglais)-
- 2,7 milliards
- Nombre de mesures de Bénou prises par OLA
SOURCE : UNIVERSITÉ YORK- 200 à 300 millions
- Objectif initial de mesures de Bénou par OLA
SOURCE : UNIVERSITÉ YORK