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Je suis un grand marcheur et je remarque que cette année a été remarquablement silencieuse. Les oiseaux, les papillons et la faune sont-ils moins nombreux ?

Michel Chartrand

Certaines espèces sont plus nombreuses, d’autres moins, mais il n’y a pas une tendance générale.

Parmi les espèces dont la population a le plus diminué, on trouve celles profitant des milieux agricoles, explique André Desrochers, ornithologue à l’Université Laval. Car les fermes ont changé ces dernières décennies. Aujourd’hui, « elles sont plus efficaces et propres, plus stériles », remarque André Desrochers. Auparavant, on y trouvait « des clôtures de cèdre, du fumier un peu partout et donc, beaucoup d’insectes » pour nourrir les oiseaux.

Mais il faut comprendre qu’il s’agissait de milieux artificiels, créés par l’homme, rappelle M. Desrochers.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L’UNIVERSITÉ LAVAL

André Desrochers, ornithologue à l’Université Laval

Il y a 200-300 ans, il n’y avait pas beaucoup de fermes au Québec. Ce sont des espèces qui ont connu un âge d’or dans les années 1950, 1960, quand il y avait beaucoup de fermes à l’ancienne.

André Desrochers, ornithologue à l’Université Laval

Parmi les espèces champêtres qui profitaient des fermes moins propres, on trouve l’hirondelle rustique, le goglu et le vacher à tête brune.

Une autre catégorie d’espèces en déclin regroupe les « limicoles », comme les pluviers et les chevaliers. « Beaucoup de ces oiseaux sont migrateurs, dit M. Desrochers. Ils nichent dans le Grand Nord, passent chez nous à la fin du printemps lors de leur migration à partir de l’Amérique centrale et du Sud. On comprend moins bien les causes de leur déclin. Mais il se pourrait que ce soit en lien avec la fréquentation des zones côtières, des plages, par des gens avec leurs chiens, ici au Québec. »

Pour ce qui est des espèces plus abondantes, la palme revient aux bernaches. « Elles ont appris à vivre près des humains, explique M. Desrochers. On ne sait pas trop comment elles ont compris qu’il n’y avait pas de dangers, mais c’est comme pour les goélands, qui un beau matin ont compris qu’ils trouveraient de la nourriture dans les dépotoirs. »

Il y a aussi les urubus à tête rouge, qui trouvent plus de carcasses de chevreuil près des routes à cause de l’augmentation des populations de ces mammifères et de celle des voitures ; et les grues du Canada qui survivent mieux à l’hiver et dévastent les champs agricoles.

Une espèce moins nombreuse qu’avant ici, l’hirondelle noire, est par ailleurs plus abondante dans l’ouest du pays. « Il semble qu’il y ait un déplacement de l’aire de répartition », dit M. Desrochers.

Pour ce qui est des papillons, il y a moins de données, selon André-Philippe Drapeau-Picard, préposé aux renseignements entomologiques de l’Insectarium.

On parle beaucoup du monarque, qui migre au Mexique.

PHOTO SYLVAIN LÉGARÉ, FOURNIE PAR ESPACE POUR LA VIE

André-Philippe Drapeau-Picard, préposé aux renseignements entomologiques de l’Insectarium

Le monarque est probablement sensible aux défis le long de la route migratoire. On peut citer les ouragans aux États-Unis et les coupes forestières au Mexique.

André-Philippe Drapeau-Picard, préposé aux renseignements entomologiques de l’Insectarium

Autre papillon plus rare, l’hespérie tachetée. « Ça fait des décennies qu’on n’en a plus au Québec et il commence à être rare en Ontario, dit M. Drapeau-Picard. Son problème est qu’il est spécialiste, il mange seulement quelques espèces de plantes, dont un arbuste qui est aussi visé par les chevreuils, et qui souffre des inondations de la Gatineau. »

« Une autre tendance à relever est l’apparition de nouvelles espèces de papillons, dit M. Drapeau-Picard. Le bleu commun et le paon-de-jour se répandent autour de Montréal, probablement à cause des changements climatiques. On voit aussi plus fréquemment le grand porte-queue. »

Du côté des abeilles, le phénomène le plus évident est le déclin des espèces sauvages dans les villes à cause de l’explosion des ruches urbaines. « Les abeilles des ruches font de la compétition aux abeilles sauvages et amènent aussi des maladies », dit M. Drapeau-Picard.

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    Nombre d’espèces de papillons diurnes au Québec
    SOURCE : INSECTARIUM
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    Nombre d’espèces de papillons nocturnes au Québec
    SOURCE : INSECTARIUM