Des cycles solaires plus courts que prévu. Un océan toujours présent sous la surface de Pluton. Un hélicoptère sur Titan. Voici un florilège de nouvelles astrophysiques qui sont passées sous le radar cette année.

L’océan de Pluton

Huit après son passage près de Pluton, la sonde New Horizons continue d’étonner. Une nouvelle analyse d’un cratère de 44 km de la plaine Spoutnik Planitia, nommé Kiladze, montre qu’il a été formé par une éruption « cryovolcanique », donc quand de l’eau souterraine a fait irruption à la surface de l’ancienne neuvième planète. Cette éruption est survenue il y a à peine quelques millions d’années, parce que ses traces n’ont pas encore été recouvertes d’une couche de méthane glacé pouvant atteindre 14 mètres, comme le reste de Pluton. La couche de méthane à cet endroit doit mesurer seulement quelques centimètres, écrivent les chercheurs dans Icarus. Cela signifie que Pluton pourrait encore avoir un océan souterrain.

La mission vers Titan

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Illustration de l’hélicoptère Dragonfly sur Titan

La NASA a testé cette année en soufflerie l’hélicoptère Dragonfly qui explorera vers 2035 la lune Titan de Saturne. Ce sera la première exploration d’un monde océanique extraterrestre. Titan a une atmosphère d’azote et des mers de méthane, qui pourraient abriter la vie. La mission Dragonfly a été approuvée en 2019 et décollera en 2028.

Regardez Un test en soufflerie de Dragonfly (en anglais)

Les cycles solaires il y a 300 ans

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

Comparaison du Soleil lors d’un maximum et un minimum solaire à partir d’images du satellite Solar Dynamics Observatory

Entre 1645 et 1715, le monde a connu un refroidissement d’un demi-degré en partie lié à une anomalie solaire appelée « minimum de Maunder », en l’honneur de son découvreur, un couple britannique de la fin du XIXe siècle. Le Soleil avait alors moins de taches solaires qu’aujourd’hui. Des observations coréennes de l’époque viennent de montrer que le cycle solaire était aussi plus court : l’activité de notre astre passait d’un minimum à un maximum en 8 ans plutôt que 11 aujourd’hui. Les chercheurs américains qui ont décrit cette découverte en octobre dans AGU Advances expliquent qu’il s’agit d’observations d’aurores anormales dans l’ouest du Pacifique liées à l’activité solaire, faites en Corée entre 918 et 1910. Ce lien entre l’activité et les taches solaires pourrait permettre de prévoir l’influence future du Soleil sur le climat.

Non pas un simple astéroïde, mais un astéroïde et deux lunes

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

L’astéroïde Dinkinesh et ses lunes en contact binaire

La sonde américaine Lucy a découvert la première lune « binaire de contact » autour d’un astéroïde en novembre. Il s’agit de deux lunes, qui sont constamment en contact l’une avec l’autre, en orbite autour de l’astéroïde Dinkinesh, situé au-delà de Mars, a annoncé la NASA. D’autres astéroïdes ont déjà été identifiés comme des « binaires de contact », mais jamais des lunes. Lancée en 2021, Lucy a comme objectif final les astéroïdes troyens situés sur l’orbite de Jupiter. La lune binaire de contact de Dinkinesh pourrait aider la défense planétaire contre des astéroïdes. Dinkinesh est le nom éthiopien du fossile d’australopithèque Lucy.

La pollution aérospatiale

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE L’ESA

Représentation de la désintégration d’une capsule-cargo de l’ESA dans l’atmosphère terrestre

Environ 10 % des particules aérosolisées de la haute atmosphère sont générées par l’activité spatiale humaine, selon une nouvelle étude de l’Administration océanique et atmosphérique américaine (NOAA). Les satellites qui sont vaporisés durant leur rentrée dans l’atmosphère génèrent cette pollution généralement métallique. Cette proportion est appelée à augmenter avec l’activité aérospatiale et pourrait affecter la réflexion du Soleil et la formation de cristaux de glace stratosphérique, avançaient les chimistes de la NOAA dans PNAS en octobre.

Regardez La désintégration d’une capsule de ravitaillement de l’ESA dans l’atmosphère en 2008, vue par un DC-8 (en anglais)

Une planète-miroir

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE L’ESA

Représentation de la planète LTT9779b, qui fait le tour de son étoile en moins d’un jour

Des astronomes de l’Agence spatiale européenne ont découvert la planète la plus réfléchissante jamais observée, à une distance de 264 années-lumière. Il s’agit de l’exoplanète LTT9779b, dont les nuages métalliques réfléchissent 80 % de la lumière de leur étoile, contre 30 % pour la Terre. Dans la revue Astronomy & Astrophysics l’été dernier, les chercheurs expliquaient que la présence de ces nuages métalliques est un mystère parce qu’à 2000 °C, l’atmosphère de LTT9779b devrait normalement être trop chaude pour toute substance gazeuse.