(Calgary) Une étude de l’Université de Calgary suggère que les symptômes graves de la ménopause peuvent constituer des signes avant-coureurs de démence.

Le Dr Zahinoor Ismail, professeur en psychiatrie, neurologie, épidémiologie et pathologie au Hotchkiss Brain Institute, a déclaré que le résultat provient d’une étude transversale en cours sur le cerveau et le vieillissement chez des Canadiens dans le cadre de CAN-PROTECT.

Le Dr Ismail a relaté que son intérêt initial pour les effets de la ménopause avait été suscité il y a plusieurs années dans sa pratique médicale.

« Je me souviens d’un cas survenu début 2001 avec une femme qui s’est présentée aux urgences avec toute une série de symptômes cérébraux, à la fois cognitifs et psychiatriques. Et il s’est avéré qu’elle était juste au début de la ménopause », a-t-il expliqué à La Presse Canadienne.

« Ainsi, au lieu de la traiter pour ces problèmes neurologiques et psychiatriques, nous avons normalisé ses œstrogènes et ses symptômes ont disparu. C’est la genèse de cette étude », a évoqué le Dr Ismail.

L’étude globale implique 2400 personnes à travers le Canada, à qui on pose un certain nombre de questions sur leur cognition, leur comportement, leur fonction, leur santé, leur bien-être, leur mode de vie, leur régime alimentaire, leur exercice, les suppléments vitaminiques, leurs médicaments, leurs problèmes médicaux et psychiatriques et leur qualité de vie.

Les données de 800 de ces sujets sont utilisées pour étudier les effets de la ménopause sur le cerveau. Un document de base sur ces données a été présenté à la Conférence canadienne sur la démence à Toronto en novembre. Les résultats doivent être mis à jour chaque année.

« Nous avons pris des femmes ménopausées et avons enregistré le nombre de symptômes qu’elles présentaient pendant la ménopause […] Donc tout, depuis ces bouffées de chaleur dont les gens parlent, jusqu’aux symptômes neuropsychiatriques comme l’irritabilité, les changements d’humeur, l’anxiété et puis aussi les symptômes neurocognitifs comme l’inattention et une mauvaise mémoire », a-t-il mentionné le Dr Ismail.

« Je me suis concentré sur les symptômes neuropsychiatriques et cognitifs. Parce que lorsque ceux-ci apparaissent et persistent au milieu de la vie et plus tard, ils constituent des facteurs de risque de démence.

« Ce que nous avons découvert, c’est que plus elles présentaient de symptômes de ménopause, plus elles étaient affectées et plus elles présentaient de symptômes », a-t-il ajouté.

Le Dr Ismail a affirmé qu’il devenait également clair que si les femmes en ménopause avaient suivi un traitement à base d’œstrogènes pendant la ménopause, elles présentaient moins de symptômes neuropsychiatriques par rapport à celles qui ne les prenaient pas.

Des études antérieures montrant que l’hormonothérapie substitutive augmentait le risque d’accident vasculaire cérébral d’environ un tiers — qui s’est avérée quelque peu surestimée par la suite — ont eu pour résultat qu’une génération entière de femmes a été privée de ses avantages, a-t-il indiqué.

« Il y a eu une sorte de rébellion pour que les femmes ménopausées se voient à nouveau proposer un traitement hormonal de substitution.

« Il est clair qu’il y a à nouveau une vague d’intérêt, et cela s’est certainement reflété dans mon expérience clinique et dans les données de notre étude », a affirmé le Dr Ismail.