La retraite, Ginette, de Laval, y songe depuis longtemps. Après une vingtaine d'années dans le domaine des relations publiques, et les sept dernières à la tête d'une petite entreprise de gestion d'événements, cette divorcée de 57 ans estime qu'il est temps de souffler un peu.

La retraite, Ginette, de Laval, y songe depuis longtemps. Après une vingtaine d'années dans le domaine des relations publiques, et les sept dernières à la tête d'une petite entreprise de gestion d'événements, cette divorcée de 57 ans estime qu'il est temps de souffler un peu.

Eh bien! bonne nouvelle! Dès janvier 2008, Ginette rangera ses crayons pour de bon, pour se consacrer à ses nombreux hobbys: voyages, lectures, etc.

Ses finances toutefois la préoccupent. Non pas qu'elle soit sans le sou, au contraire, mais parce que ses revenus de retraite proviendront de plusieurs sources, elle ne voudrait pas se retrouver avec une facture fiscale salée.

En effet, en plus de sa petite compagnie de gestion, elle possède un compte de retraite immobilisé (CRI), un REER, ainsi que des placements hors REER en dollars canadiens et américains. Mais comment en profiter sans payer trop d'impôts?

Idéalement, elle aimerait vivre à sa retraite avec un revenu annuel net de 45 000$.

La première question que se pose Ginette concerne son CRI. À la différence d'un REER, l'argent contenu dans un CRI est immobilisé, car il doit servir à procurer un revenu à la retraite.

Cet argent ne peut donc pas être retiré, sauf dans certaines circonstances où un remboursement est permis. Une personne peut détenir un CRI jusqu'au 31 décembre de l'année où elle atteint 71 ans.

«Je ne voudrais pas me retrouver à 71 ans à payer plus d'impôts parce que la loi m'obligera alors à toucher à la fois mon CRI et mon REER», souligne-t-elle.

Ginette se demande aussi si elle devrait, chaque année, retirer des dividendes de son entreprise, et si oui, dans quelle proportion.

Enfin, parce qu'elle a des enfants, elle ne voudrait surtout pas qu'ils aient trop d'impôts à payer à son décès. Elle se demande donc comment maximiser leur héritage.

Sylvain Lapointe, planificateur financier chez FOCUS Services Financiers, à Brossard, a analysé la situation de Ginette. Premier constat: la nouvelle retraitée n'a pas à s'inquiéter; avec une simple projection de rendement de 5% par an sur ses avoirs, elle pourra facilement vivre pour le restant de ses jours avec un revenu de 45 000$ net, indexé au coût de la vie.

«Ginette n'aura pas assez d'une seule vie pour dépenser tous ses actifs!» dit le spécialiste.

Du CRI au FRV

Cela dit, même si le portrait financier de Ginette est bon, on peut encore l'améliorer, constate M. Lapointe; en ce sens, les questions qu'elle se pose sur le plan de la fiscalité sont tout à fait justifiées.

Concernant son CRI, le planificateur financier lui suggère de le convertir, dès 2008, en fonds de revenu viager (FVR). Ginette pourra alors progressivement sortir des sommes de son régime et le démobiliser.

Elle n'aura qu'à transférer de son FRV dans son REER la différence entre le montant maximum permis par la loi et le minimum de retrait exigé, et ainsi éviter les contraintes de l'immobilisation. Par exemple, si le minimum est de 5000$ et le maximum de 15 000$, Ginette devrait retirer 5000$ et transférer 10 000$ (15 000$ moins 5000$) du FRV dans son REER.

Ensuite, avant de retirer des dividendes de son entreprise, Ginette devrait d'abord vérifier son relevé de la Régie des rentes du Québec (RRQ). Il serait en effet regrettable que sa rente diminue à 60 ans par manque de cotisations, fait valoir le planificateur.

S'il en manque, Ginette devrait se verser un salaire raisonnable jusqu'à 60 ans; par la suite, elle pourra décaisser la corporation uniquement sous forme de dividendes, pour ainsi jouir au maximum de sa rente de la RRQ.

Songer �  une assurance vie

Concernant les préoccupations successorales de Ginette, Sylvain Lapointe souligne que le taux d'imposition sur les dividendes est moins élevé que le taux d'impôt marginal personnel; l'impôt successoral sera donc sans doute moins élevé sur les placements de l'entreprise.

De plus, souligne-t-il, parce que les lois fiscales offrent beaucoup plus de flexibilité pour les entreprises que pour les individus, il serait sûrement possible avec l'aide d'un bon fiscaliste de réduire davantage la facture fiscale successorale.

Cela dit, le spécialiste souligne qu'un bon moyen d'annuler l'effet de l'impôt au décès est de souscrire à une assurance vie.

La prestation «décès libre d'impôt» servirait ainsi à payer le fisc au décès, ce qui permettrait aux proches de Ginette de bénéficier pleinement de leur héritage.