Un regroupement d’actionnaires de Métaux BlackRock s’adresse au tribunal pour pouvoir intervenir dans le processus de restructuration financière de la société et ainsi éviter de perdre leur mise.

Winner World, principal actionnaire de BlackRock avec 46 % des actions en circulation, et une société à numéro représentée par l’ancien PDG de Métaux BlackRock Jean Rainville ont déposé une requête en ce sens à la Cour supérieure le 3 janvier.

« Notre objectif est de faire convoquer une réunion des actionnaires de Métaux BlackRock pour que nous ayons des explications sur les derniers évènements », a expliqué Jean Rainville en entretien avec La Presse. Âgé de 67 ans, M. Rainville agit comme porte-parole des actionnaires de la société minière. Il a quitté son poste chez Métaux BlackRock en 2018 quand il est parti en semi-retraite.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Jean Rainville, ancien président et chef de la direction et porte-parole du regroupement des actionnaires de Métaux BlackRock

Deux jours avant Noël, BlackRock a demandé la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) parce qu’elle n’avait pas l’argent pour rembourser ses principaux créanciers.

Fondée en 2008, BlackRock souhaite produire du fer, du vanadium et du titane, des minéraux essentiels dans l’électrification de l’économie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le gisement est situé près de Chibougamau et le complexe métallurgique doit être construit au port de Saguenay. BlackRock a besoin de 1,1 milliard US pour aller de l’avant avec son ambitieux projet, indique le contrôleur Deloitte dans un communiqué.

Métaux BlackRock est en conflit avec son principal créancier non garanti, Prosperity Materials Macao Commercial Offshore, à qui elle doit 40 millions US. Ses principaux créanciers garantis sont Investissement Québec et la société Orion Resource Partners. La junior leur doit 90 millions.

Dans le cadre de la LACC, le gouvernement du Québec et son partenaire Orion présentent une offre pour acheter 100 % de Métaux BlackRock pour un montant égal à la somme qui leur est garantie. Une telle offre, si elle était entérinée par le tribunal au terme du processus, aurait pour effet de laver les actionnaires ordinaires comme Winner World et Jean Rainville.

« Comportement opportuniste et abusif »

Ceux-ci, réunis au sein du regroupement des actionnaires de Métaux BlackRock, reprochent à IQ sa « conduite brutale » dans une mise en demeure envoyée le 22 décembre à Amyot Choquette, d’IQ, et à Orion. Ils en remettent dans leur requête signifiée le 3 janvier. Ils reprochent au bras investisseur du gouvernement du Québec et à son partenaire Orion d’adopter un « comportement opportuniste et abusif » en rappelant leur prêt-relais de 90 millions.

« Le but de la procédure CCAA telle qu’elle a été déposée est qu’Orion et IQ acquièrent les actifs de la société à un prix très bas », dénoncent-ils dans leur requête.

Toujours dans leur requête, les demandeurs font valoir que Métaux BlackRock était sur le point de connaître des avancées dans le montage financier de sa mine. Ils font état d’une caisse de retraite qui se serait manifestée pour avancer 200 millions et d’une subvention de 100 millions en provenance du fédéral. Il semble également qu’Orion et IQ aient aussi levé la main pour participer au montage financier.

M. Rainville s’est dit mal outillé pour estimer ses pertes si jamais l’offre-paravent de départ d’IQ et d’Orion dans le cadre de la mise en vente de Métaux BlackRock allait de l’avant. La requête du regroupement des actionnaires fait état d’une valeur d’entreprise actuelle variant entre 175 et 350 millions US. Une telle évaluation donnerait une valeur entre 1 et 2 millions US aux 847 000 actions détenues par M. Rainville.

La prochaine audience devant la cour est prévue le 7 janvier.