Sollio Groupe Coopératif, la plus grande coopérative agricole au Canada, a un nouveau chef de la direction depuis le mois de septembre. Pascal Houle, qui a été durant six ans chef de la direction de Groupe BMR, a pris la direction de Sollio durant une période marquée par la pandémie et une dramatique pénurie de main-d’œuvre qui a affecté les activités de transformation alimentaire de sa division Olymel. Pour les trois prochaines années, le nouveau chef entend consolider les différentes acquisitions réalisées au cours des dernières années avant de reprendre le chemin de la croissance.

Q. Vous êtes en poste depuis septembre comme nouveau chef de la direction du Groupe Sollio. Pourquoi vous a-t-on choisi pour succéder à Gaétan Desroches ?

R. Je pense que c’est ma bonne connaissance du groupe. Cela va faire 24 ans que je suis dans le réseau coopératif. J’ai une bonne connaissance des opérations tant du point de vue agricole que des activités de détail, puisque j’ai été directeur de la Coop des Bois-Francs avant d’être associé à BMR, où j’ai été chef de la direction depuis 2015. On va célébrer notre 100anniversaire cette année, et je suis là pour assurer la pérennité du groupe.

Q. Est-ce que ce 100anniversaire de Sollio Groupe Coopératif (anciennement La Coop fédérée) sera l’occasion d’amorcer une réflexion stratégique sur l’avenir du groupe ?

R. On vient de compléter une vaste planification stratégique 2020-2025 en août 2020, et j’ai été nommé président et chef des opérations en décembre 2020. Il n’y a pas de réorientation en vue, mais le grand thème de cette planification, c’est de consolider nos acquis.

On a enregistré une forte croissance alors que nos revenus sont passés de 5 à 8,5 milliards en 6 ans. Nos trois grandes divisions, agricole, alimentation et détail, ont toutes contribué à cette croissance et là, on se donne jusqu’en 2025 pour bien intégrer toutes les acquisitions que l’on a faites. On est en phase consolidation avant de reprendre l’expansion.

Q. Quels ont été les faits marquants de cette période de croissance ?

R. Groupe BMR a pris une participation dans Lefebvre et Benoît, un important fournisseur de matériaux de construction pour les secteurs industriels et les tours de condos à Montréal, Laval et Toronto. On a aussi pris une participation dans Les Équipements d’érablière CDL.

Dans le secteur agricole, on a réalisé l’acquisition d’Ontario Grains, une plateforme d’entreposage et de commercialisation de grains en Ontario, de Standard Nutrition dans l’Ouest canadien et de Couvoir Côté au Québec. On a aussi conclu plusieurs partenariats avec des coopératives locales.

Enfin, notre division Olymel a réalisé l’acquisition de tous les actifs dans le domaine du porc et des meuneries de l’entreprise F. Ménard, et celle de l’entreprise de volailles Pinty’s en Ontario.

Q. Vous avez donc décidé de vous mettre en mode digestion. Est-ce que vous faisiez face à des enjeux financiers ?

R. On a connu une phase de croissance rapide et là, on cherche à améliorer les ratios financiers de notre bilan et à aller chercher les synergies des acquisitions qu’on a réalisées.

Q. À quel point la pandémie de COVID-19 vous a-t-elle affecté ?

R. On a réussi à bien passer la première vague en 2020 malgré la hausse des coûts engendrée par les mesures sanitaires dans nos usines, on a obtenu de bons résultats financiers pour l’exercice 2019-2020, notamment grâce à nos exportations en Chine.

L’année qui vient de se terminer a été plus difficile, principalement en raison de la fermeture des frontières de la Chine à nos produits et de la pénurie de main-d’œuvre dans nos abattoirs et nos usines de transformation.

Q. C’est votre division Olymel qui a été la plus touchée au cours de la dernière année ?

R. Oui, c’est là qu’on a eu le plus de défis. Le manque de main-d’œuvre nous a empêchés de faire de la valeur ajoutée. Encore aujourd’hui, on a plus de 3000 postes à pourvoir, principalement dans nos usines québécoises. On peut moins faire de production à valeur ajoutée, on vend plus de carcasses et moins de pièces de découpe. La nouvelle entente sur les travailleurs étrangers, qui va hausser de 10 à 20 % la possibilité d’embaucher des travailleurs de l’extérieur, va nous permettre de corriger en partie ce problème.

Q. Vous pensez être en mesure d’embaucher bientôt des travailleurs étrangers en plus grand nombre ?

R. Oui, on a déjà des gens sur place pour faire du recrutement et on attend juste que la réglementation nous permette d’augmenter le nombre de travailleurs étrangers. Il faut s’assurer de le faire en toute sécurité pour eux et de leur assurer de bonnes conditions d’hébergement et de vie chez nous.

Q. On a beaucoup entendu de plaintes cette année de la part de producteurs au sujet de l’omniprésence d’Olymel dans l’industrie du porc. Est-ce que l’entreprise exerce un trop grand monopole dans la transformation alimentaire au Québec ?

R. On entend la critique, mais je ne pense pas que c’est à cause de la taille d’Olymel. C’est davantage l’enjeu de la pandémie qui nous a empêché d’abattre le nombre souhaité de porcs de même que la grève de plusieurs semaines à notre usine de Vallée-Jonction qui ont affecté notre production.

On produit, on transforme, on distribue de la viande dans plus de 50 pays partout dans le monde grâce à Olymel. Il faut une certaine taille pour avoir cette force-là. On met en valeur les produits du Québec. Ce n’est pas une multinationale qui ferait ça.

La coopérative est un rempart aux multinationales. On ne répond pas aux analystes financiers chaque trimestre, on travaille pour le long terme, pour la pérennité de nos producteurs et de nos membres.

Q. Vous allez avoir votre assemblée annuelle dans un mois. Quel message allez-vous livrer à vos 120 000 membres ?

R. Que l’on va respecter notre plan stratégique qui est d’intégrer les acquisitions que l’on a faites et d’optimiser nos actifs et les synergies que l’on peut faire. On a eu une année remplie de défis, et il y a plusieurs problèmes qui sont en voie d’être réglés au cours des prochains mois, notamment la situation des porcs en attente d’être abattus qui devrait se résorber d’ici le printemps.