La majorité des travailleurs canadiens affirment qu’ils sont à l’aise d’avoir moins d’interactions sociales qu’avant la pandémie, révèle une étude de LifeWorks publiée ce jeudi. Et ces employés ne s’en sortent pas plus mal psychologiquement.

Selon l’enquête, le niveau d’optimisme et de santé psychologique générale des travailleurs canadiens a reculé depuis janvier. Il est même à son niveau le plus bas depuis les 23 derniers mois. La guerre en Ukraine, l’inflation, le prix de l’essence à la hausse et la division sociale au sujet de la pandémie ajoutent à la démoralisation pandémique ambiante.

En adaptation constante depuis plus de deux ans, la majorité des travailleurs qui ont répondu au sondage, soit 66 %, affirment qu’ils sont à l’aise d’avoir moins d’interactions sociales qu’avant mars 2020. Et ce groupe obtient un score de santé mentale supérieur de deux points à la moyenne nationale.

« Interagir, c’est aussi une demande d’énergie »

La présidente de l’Ordre des psychologues du Québec n’est pas étonnée de ces résultats, notamment à cause du déconditionnement et de la fatigue pandémique.

C’est comme si on était entraîné à partir le matin et à interagir avec plein de gens et pendant deux ans, on n’a presque pas fait ça. On est passé de tout à rien. C’est comme si on avait arrêté de s’entraîner et qu’il faut recommencer.

La Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec

La pandémie a été assez longue pour que les gens s’adaptent aux changements, soutient la Dre Christine Grou. Reprendre la vie d’avant, revenir abruptement à toutes les interactions qu’on avait avant, peut sembler inconfortable, soulève-t-elle.

Les deux ans d’adaptations et de pertes, pour certains, ont causé une fatigue du cerveau, qui a maintenant un niveau d’énergie à la baisse, indique la spécialiste.

Comme l’indique le sondage, beaucoup de Canadiens ont une moins bonne santé psychologique. Certains sont plus anxieux, plus déprimés, ont vécu plus de tensions relationnelles, ce qui entraîne le niveau d’énergie à la baisse.

Interagir, c’est aussi une demande d’énergie. Certains vont se dire, interagir moins, c’est moins fatigant. Même quand on se porte bien, il ne faut pas sous-estimer les effets de la fatigue pandémique.

La Dre Christine Grou

En fonction de leur âge, certains ont réalisé qu’ils étaient très bien le soir à la maison loin des 5 à 7. La Dre Christine Grou observe également que la pandémie a permis aux gens de se questionner sur le nombre d’interactions qu’ils avaient et sur celles qui comptaient vraiment. Cultiver de saines relations humaines a des effets bénéfiques indéniables sur la santé mentale, rappelle la psychologue.

Changer d’objectifs professionnels

Les répercussions persistantes de la pandémie ont aussi changé les objectifs professionnels de 30 % des travailleurs. Le tiers des répondants songent à suivre une formation, le quart à démissionner pour chercher un autre emploi, tandis que 21 % ont l’intention de prendre leur retraite.

Autres données intéressantes : 82 % des répondants disent qu’ils sont à l’aise d’être eux-mêmes au travail, 71 % qu’ils sont satisfaits du degré de contrôle qu’ils ont sur leur travail et 78 % croient que leur travail est important pour leur employeur.

LifeWorks, une société de services en ressources humaines, publie chaque mois depuis avril 2020 un rapport sur la santé mentale des travailleurs. Elle compare les scores obtenus aux données de référence recueillies en 2017, 2018 et 2019.

L’enquête mensuelle de LifeWorks a été menée au moyen d’un sondage en ligne en anglais et en français du 1er au 8 février 2022, auprès de 3000 répondants résidant au Canada.