La Commission canadienne du lait a accordé cette année des augmentations du prix du lait totalisant 10,9 %, même si les coûts de production ont baissé de 1 % en 2021, révèle un rapport dont La Presse a obtenu copie.

Le rapport interne de la Commission canadienne du lait (CCL), qui supervise le système de gestion de l’offre laitière au pays, indique une diminution des coûts de production de 1 % en 2021. Le prix du lait à la ferme déterminé par l’organisme a par contre augmenté de 8,4 % le 1er février dernier et augmentera d’un autre 2,5 % le 1er septembre prochain.

Dans son calcul des coûts de production, la Commission a noté une baisse des coûts en capital, de l’entretien et de réparation des bâtiments, de la main-d’œuvre, de la rémunération pour la gestion ainsi qu’une réduction des coûts d’engrais, d’herbicides et de pesticides.

Sans surprise, les aliments pour animaux, le carburant, les lubrifiants, le transport, la promotion, les taxes, les assurances, l’électricité et le téléphone ont pour leur part subi des augmentations.

La Commission a analysé les coûts de production dans plus de 200 fermes.

La hausse actuelle basée sur 2020

« La hausse du prix du lait de février dernier est attribuable aux coûts de production de 2020, et non de 2021 », précise Lucie Boileau, directrice des communications des Producteurs laitiers du Canada.

Ce que confirme la CCL, qui explique la baisse des coûts de production de 2021 par la modernisation des équipements.

Au cours des années précédentes, les fermes ont effectué de nombreux investissements qui ont permis des gains d’efficacité, surtout pour la main-d’œuvre. Ces gains ont compensé la hausse des coûts des intrants en 2021.

Shana Allen, directrice des communications pour la Commission canadienne du lait

« Par contre, nous observons toujours une hausse significative des coûts des intrants depuis. Ces hausses de coûts justifient largement les annonces de 2022 » affirme Mme Allen.

D’après le document interne de la Commission, les coûts de production ont connu une hausse de 2,8 % de 2019 à 2020 alors que les augmentations de prix seront au total de 10,9 % cette année.

Selon Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, qui s’est maintes fois montré critique envers l’industrie canadienne du lait, la hausse accordée en 2022 est exagérée.

« Si on suit la logique des explications de la Commission, on aurait dû avoir une hausse du prix de 2,8 % cette année, car c’est l’augmentation de 2020 qui s’applique. Ce qui est d’ailleurs une augmentation raisonnable », soutient-il.

L’inflation prise en compte

Questionnée à ce sujet, la Commission a affirmé par courriel qu’elle ne se base pas uniquement sur le résultat des changements du coût de production pour accorder une augmentation de prix. Elle tient compte aussi des changements de l’indice des prix à la consommation (IPC). « L’étude du coût de production n’est qu’une étape dans le processus de l’établissement du prix du lait à la ferme », souligne Shana Allen.

« Les données du coût de production que nous utilisons pour les prix sont indexées », poursuit-elle. En majorant les coûts de 2020 selon le taux d’inflation calculé par Statistique Canada depuis, la hausse de 2,8 % passe à 13,4 %.

« Le prochain ajustement des prix tiendra compte de l’ensemble des facteurs, soit la hausse des prix des intrants en 2022 et celle des gains de productivité en 2021 », assure-t-elle.

Le rapport a été présenté le 28 juillet dernier au Comité canadien de gestion des approvisionnements de lait (CCGAL), organisme national qui surveille les activités commerciales et promotionnelles de la Commission canadienne du lait.

En savoir plus
  • Moins de vaches, plus de lait
    En 2021, le Canada comptait 977 000 vaches et produisait 95 millions d’hectolitres de lait. En 1990, il comptait 1,4 million de vaches et produisait 73 millions d’hectolitres.
    Statistique Canada