Un ingrédient à la fois, Rio Tinto est en train d’investir la filière des batteries pour les véhicules électriques, et de se faire une place dans ce nouveau marché.

Après la poudre de fer et le scandium, la multinationale vient de commencer à produire du concentré de spodumène, un minéral utilisé dans la fabrication de lithium, dans ses installations de Sorel-Tracy.

Son usine de démonstration, qui peut produire 2000 tonnes de concentré de spodumène, un minéral, servira de modèle pour une production commerciale « à court ou à moyen terme », a indiqué Didier Arseguel, vice-président et responsable du Centre de technologie et minéraux critiques de Rio Tinto.

L'espace et les moyens nécessaires

Bien que le site de cette production à l’échelle commerciale ne soit pas encore déterminé, ça pourrait bien se faire à Sorel-Tracy, où Rio Tinto dispose de tout l’espace nécessaire, selon M. Arseguel.

L’entreprise a mis au point un procédé de concentration du spodumène qui n’utilise aucun produit chimique et qui est plus performant que les procédés existants. Ce procédé, pour lequel une demande de brevet a été déposée, peut être utilisé uniquement pour produire du lithium à partir de spodumène.

« C’est un procédé très spécifique au spodumène, qui est bien présent au Québec », a précisé Didier Arseguel lors d’un entretien avec La Presse.

Deux projets de mines de spodumène, soit celui de Sayona Québec à La Corne, en Abitibi, et celui de Nemaska Lithium, dans le nord du Québec, pourraient donc bénéficier de l’avancée technologique de Rio Tinto.

Les avantages des partenariats

Rio Tinto ne produit pas de spodumène, mais le géant minier développe actuellement deux projets de production de lithium en Argentine et en Serbie, en plus de valoriser le lithium présent dans les résidus d’une mine de borates en Californie.

L’entreprise vient d’investir 10 millions dans Nano One, une entreprise de Vancouver qui fabrique les cathodes des batteries lithium-ion qui font rouler les véhicules électriques. L’intention n’est toutefois pas de s’impliquer davantage dans la fabrication de batteries, a fait savoir le porte-parole de Rio Tinto, Simon Letendre.

L’entreprise veut rester positionnée en amont de la chaîne de valeur des batteries, explique Didier Arseguel. L’intérêt d’un partenariat avec une start-up comme Nano One, c'est d’avoir une vision globale de ce qui se passe dans la chaîne de valeur.

Simon Letendre, porte-parole de Rio Tinto

D’autres partenariats du genre sont donc au programme pour Rio Tinto, qui veut prendre une place dans ce qui représente un tout nouveau marché pour elle. L’objectif est de mieux comprendre ce que veulent les fabricants. « On comprend mieux les besoins et on peut développer la bonne formule, de poudres de fer par exemple, pour pouvoir croître dans ce marché-là. »

La demande pour les matériaux de batteries est grande et Rio Tinto reçoit ces temps-ci beaucoup de visiteurs à Sorel-Tracy, a fait savoir son porte-parole.