Avec un quatrième mois de repli consécutif en juillet, l’économie du Québec vient de perdre l’avance sur celle du Canada qu’elle détenait depuis le début de l’année.

Le produit intérieur brut (PIB) québécois a diminué de 0,5 % en juillet, selon l’Institut de la statistique du Québec, alors que la croissance moyenne est en hausse de 0,1 % au Canada pour le même mois.

Depuis le début de l’année, le rythme de croissance économique du Québec a ralenti à 3,8 %, alors que le PIB du Canada croît à 4,4 %.

Même si le ralentissement de l’économie québécoise était prévu, le chiffre de juillet surprend les analystes. « L’ampleur de la baisse du PIB réel en juillet a eu l’effet d’une douche froide, et même plutôt glaciale », a lancé Hélène Bégin, économiste principale de Desjardins, qui s’attendait à une faible croissance de 0,1 % plutôt qu’à une baisse de 0,5 %.

Après avoir commencé l’année en lion, avec une croissance annualisée de 6 % au premier trimestre, l’économie québécoise a mis les freins au mois de mars et le PIB est tombé sous zéro depuis le mois d’avril.

La dernière fois que le Québec a enregistré un recul de son économie pendant quatre mois consécutifs, c’est lors de la crise financière de 2008, rappellent les économistes de la Banque Nationale Daren King et Alexandra Ducharme.

Dans leur analyse des chiffres de juillet, les deux économistes soulignent toutefois que le ralentissement de la croissance québécoise ne se traduit pas par une augmentation du taux de chômage, comme ça s’est produit en 2008. À l’époque, le taux de chômage avait grimpé de 7,3 % à 8,3 %, alors que le taux de chômage du Québec se maintient toujours autour de 4,4 %, ce qui est un niveau historiquement très bas.

Recul de la construction

Sans surprise, c’est le secteur de la construction qui affiche le recul le plus marqué en juillet, en raison de la hausse des taux d’intérêt. Tout le secteur de la production de biens a reculé, la baisse moyenne étant de 0,9 %.

Le secteur des services affiche une baisse de 0,3 % en juillet, à cause principalement du repli de 4,1 % du commerce de gros. « La diminution du pouvoir d’achat des consommateurs dans un contexte d’inflation galopante peut être pointée du doigt pour la faiblesse de certains services, notamment le commerce de gros », estiment les économistes de la Banque Nationale.

Après les six premiers mois de l’année, l’économie du Québec est encore en croissance, mais elle tombera probablement en territoire négatif au troisième trimestre, à moins d’un revirement en août et en septembre, ce qui semble improbable.

La Banque du Canada poursuit sa lutte contre l’inflation et devrait relever son taux directeur ce mercredi pour la sixième fois depuis le mois de mars, ce qui contribuera à accentuer le ralentissement économique.

Selon Desjardins, l’économie du Québec s’est beaucoup fragilisée et une récession (définie comme deux trimestres négatifs consécutifs) ne pourra pas être évitée. Pour l’ensemble de 2023, ses économistes prévoient une croissance à peine au-dessus du zéro, à 0,1 %, et un taux de chômage en hausse d’un point de pourcentage, à 5,4 %.