Selon un nouveau rapport de RBC, le secteur agricole canadien doit augmenter sa production alimentaire tout en investissant dans la durabilité pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES).

Le rapport, produit en collaboration avec le Centre pour l’avenir du Canada de BCG et l’Arrell Food Institute de l’Université de Guelph, indique que le Canada doit augmenter sa production alimentaire d’un quart d’ici 2050 simplement pour maintenir sa contribution à l’alimentation de la population mondiale, qui devrait atteindre 9,7 milliards dans moins de trois décennies.

Cependant, le document indique que le secteur doit également réduire ses émissions de GES. Les systèmes agricoles et alimentaires produisent actuellement 93 mégatonnes d’émissions de GES par année, soit plus de 10 % de la production canadienne.

Si les agriculteurs canadiens maintiennent leurs pratiques et leurs niveaux de production actuels, ces émissions pourraient atteindre 137 mégatonnes d’ici 2050, selon les chercheurs.

Le rapport soutient que le Canada peut diriger l’effort mondial pour nourrir la planète – les agriculteurs canadiens fournissent déjà pour 75 milliards de nourriture aux marchés mondiaux chaque année, notamment du blé, du canola et du bœuf ainsi que des lentilles et des engrais potassiques.

Pendant ce temps, les changements climatiques perturbent les chaînes logistiques et la productivité de nombreux grands producteurs agricoles. Les régions plus chaudes comme l’Afrique et l’Amérique latine sont particulièrement touchées par ce ralentissement.

Cependant, cela permet également au Canada de produire plus de nourriture, du moins à moyen terme, selon le rapport. Alors que la chaleur, la sécheresse, les inondations et les tempêtes ont fait des ravages sur les terres agricoles canadiennes, les rendements des cultures devraient également augmenter à mesure que les températures allongent les saisons de croissance.

Le Canada doit cultiver plus de nourriture, mais sans augmenter de manière significative la superficie utilisée, selon le rapport. Même si l’agriculture plus au nord peut être tentante à mesure que le monde se réchauffe, cela pourrait avoir des conséquences environnementales désastreuses.

La technologie sera essentielle pour produire plus de nourriture sans utiliser beaucoup plus de terres, selon le rapport.

Le document indique que grâce aux nouvelles solutions technologiques et de gestion conjuguées à des financements et des politiques en faveur des agriculteurs, le secteur agricole canadien pourrait réduire jusqu’à 40 % de ces émissions potentielles en 2050.

Agriculture régénératrice et technologie

Certaines solutions clés identifiées dans le rapport comprennent des techniques d’agriculture régénératrice comme la capture du carbone, l’agriculture en environnement contrôlé comme les serres et les fermes verticales, l’investissement dans les infrastructures commerciales et une utilisation de la technologie dans tous les domaines, de la génétique des cultures aux analyses de sol.

Selon le rapport, les trois principales sources d’émissions dans le secteur agricole sont les engrais, la digestion du bétail et le fumier.

La technologie peut aider à réduire les émissions du bétail et des engrais, tandis que les pratiques agricoles régénératrices peuvent aider à capturer le carbone et à le séquestrer dans le sol, réduisant ainsi les émissions aux deux extrémités du système, indique le rapport.

L’agriculture régénératrice, qui a augmenté ces dernières années, est un ensemble de pratiques comprenant un labour réduit du sol et l’implantation de cultures de couverture pour aider à reconstruire la structure naturelle de la terre, détruite par des décennies d’agriculture moderne, pour la rendre potentiellement plus résistante aux effets des changements climatiques.

De nombreuses pratiques régénératrices ne sont pas nouvelles et sont en fait tirées de la façon dont de nombreuses communautés, y compris les peuples autochtones, ont cultivé pendant des générations, note le rapport.

Les chercheurs ont déclaré que l’industrie agricole aura besoin de partenariats intersectoriels, d’investissements privés, d’élaboration de politiques et de recherche pour aider le Canada à être en première ligne de cette transition.

Bien que le Canada soit bien placé pour être un chef de file dans le domaine de la technologie agricole, que ce soit pour les capteurs de sol et les drones, l’intelligence artificielle et la science des données, en passant par la sélection génétique et l’agriculture cellulaire, le rapport indique que le Canada est en retard sur les États-Unis lorsqu’il s’agit d’attirer des investissements privés.

Le rapport recommande la création d’un plan national impliquant les agriculteurs, les investisseurs, le secteur privé et la population en général. Il conseille également la création d’un organisme central de financement de la recherche ainsi que des incitations fiscales et financières pour aider à stimuler l’investissement privé.

Les agriculteurs devraient recevoir des indemnités pour la réduction de leurs émissions de GES au lieu d’être taxés pour celles qu’ils produisent, recommande le rapport.

Cependant, des systèmes de mesure plus clairs sont nécessaires pour aider à quantifier les effets des investissements, selon le rapport.