Il y a assez d’électricité au Québec pour approvisionner une usine comme celle que Volkswagen construira en Ontario, affirme Hydro-Québec, qui soutient que la décision de l’entreprise de s’installer dans la province voisine n’est pas liée au manque d’électricité.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, soutient que Volkswagen a choisi l’Ontario pour établir sa première usine de batteries en Amérique du Nord parce qu’elle n’a pas pu avoir les 800 à 900 mégawatts d’énergie dont elle avait besoin au Québec.

« Si on avait eu le courant électrique, on aurait été au rendez-vous, mais on ne l’avait pas, a-t-il dit mardi soir à la télévision de Radio-Canada.

La version d’Hydro-Québec est différente : l’électricité ne manque pas au Québec, assure-t-elle.

La société d’État affirme que l’énergie était disponible, mais que les exigences de l’entreprise et les délais très courts pour y répondre ont rendu toute entente impossible.

Volkswagen voulait un immense terrain de 640 hectares, soit l’équivalent de 1400 terrains de football, et 700 mégawatts d’énergie sur les lieux, dans un très court laps de temps. Le rehaussement du réseau de transport qui aurait été requis n’aurait pas pu être réalisé à temps « en fonction de l’échéancier agressif du promoteur », explique Hydro-Québec.

Il faut garder en tête que présentement, nous disposons encore de surplus énergétiques. Notre capacité à alimenter les clients demeure importante.

Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec

L’investissement de Volkswagen estimé à plusieurs milliards de dollars a pris le chemin de l’Ontario, où l’électricité est moins verte qu’au Québec et coûte plus cher. Ni l’ampleur de l’investissement ni l’aide financière qui sera consentie au projet ne sont connues.

Hydro-Québec dit avoir répondu « à une demande d’information du promoteur » l’an dernier. L’entreprise allemande semble n’avoir jamais envisagé sérieusement de s’implanter au Québec. Dès que son intention de construire une usine de batteries a été connue, à la fin de 2022, Volkswagen s’est inscrite au registre fédéral des lobbyistes, et pas à celui du Québec⁠1.

« L’usine va être construite en Ontario », avait alors affirmé à La Presse une source gouvernementale qui estimait que « le Québec avait trop de retard par rapport à l’Ontario ».

La ville de St. Thomas, en Ontario, choisie par Volkswagen pour construire sa première usine de batteries à l’extérieur de l’Europe, est située entre Toronto et Windsor et a déjà abrité une usine de Ford.

L’Ontario a déjà été choisi pour accueillir deux autres projets d’investissement majeur dans le transport électrique. Une coentreprise formée de Stellantis et de LG a annoncé son intention de construire une usine de batteries de 5 milliards à Windsor, et Umicore, une entreprise belge, veut investir 1,5 milliard dans la fabrication de matériaux de batterie à Kingston.

1. Lisez « On peut oublier Volkswagen au Québec »