Vous avez été nombreux à répondre à notre appel à tous pour commenter l’adoption par le Sénat du projet de loi C-228 qui offrira une meilleure protection des régimes de retraite à prestations déterminées au pays. Voici un aperçu de vos réflexions.

Douloureux souvenirs de Nortel

Je suis ravi de cette nouvelle loi qui pourra enfin protéger les travailleurs. Les grands prêteurs sont nécessaires, certes, mais les travailleurs et les retraités pourront enfin savoir qu’ils ne passeront pas en dernier. Comme ancien travailleur de Nortel, cette loi arrive trop tard malheureusement, mais en espérant qu’elle pourra servir à d’autres employés et retraités.

Joël Martineau, ing.

La fin des caisses à prestations déterminées

À titre de banquier retraité, si ces changements vont de l’avant, les entreprises auront beaucoup de problèmes à se financer, car les déficits actuariels des fonds de pension des entreprises seront considérés comme créances prioritaires dans le calcul des valeurs d’emprunt auxquelles une entreprise aura droit auprès de son banquier. Pour pouvoir emprunter, les entreprises seront probablement portées à envoyer les actifs qui constituent les garanties actuelles des banquiers dans des entités juridiques satellites non détenues par les entreprises opérantes. La majorité des entreprises vont probablement y mettre fin et ne plus créer de caisses à prestations déterminées afin d’éviter les problèmes de financement, ce qui pénalisera les employés de ces entreprises. Les entreprises seront portées à accorder des fonds de pension à cotisations déterminées.

Claude Lussier, banquier à la retraite

Une victoire, mais il faudra être patient

Concernant la loi C-228, qui attend la sanction royale pour entrer en vigueur, il reste encore à en connaître les détails précis, et il est important aussi de savoir qu’il y aura un moratoire de quatre ans avant qu’elle ne s’applique. Donc oui, les retraités peuvent savourer leur victoire, mais les retombées de celle-ci devront encore attendre quelques années pour que cette victoire se concrétise. La Fédération canadienne des retraités, dirigée par son président, Mike Powell, a fait un travail énorme pour atteindre cet objectif attendu depuis près de 20 ans, et la conjoncture politique marquée par un gouvernement minoritaire a aussi été un facteur favorable ; le Bloc avait proposé sans succès une loi similaire au mandat précédent.

Jean-Pascal Lion, président du Groupe des Pensionnés Pages jaunes, membre du C.A. de la Fédération canadienne des retraités

Valoriser la responsabilité morale et financière des employeurs

Le projet de loi qui vise à mieux protéger les régimes de retraite tombe sous le sens. Après trente-deux ans et demi passés à La Tribune, dans le giron de Power Corporation, j’ai peine encore à décolérer face à cet ex-employeur qui s’est délesté de ses responsabilités à l’égard du régime de retraite en bradant ses actifs à un « acheteur » ambitieux, mais peu fortuné – ex-ministre fédéral de la Justice par surcroît – qui n’aurait, semble-t-il, pas mesuré les risques énormes de l’aventure dans laquelle il s’engageait. Tant l’acheteur que le vendeur ne pouvaient ignorer qu’ils mettaient à risque les retraites de leurs employés. Au-delà des mécanismes légaux comme le projet de loi C-228, il faut aussi remettre en question la responsabilité morale et financière de ceux qui piétinent la dignité de leurs employés et ex-employés en toute impunité.

Jeannot Bernier, ex-employé de La Tribune de Sherbrooke

Attention à la capacité d’emprunt des entreprises

Bonne nouvelle, mais les institutions financières vont probablement amputer la capacité d’emprunt des entreprises pour un montant équivalent au déficit des caisses de retraite. Les entreprises qui verront leur capacité d’emprunt diminuer pourraient faire face à des fermetures, faute de financement. La capacité d’adaptation à des changements est grande, mais ça dépend aussi beaucoup du temps de réaction que l’on accorde.

Lévis R. Doucet, MBA, Boucherville

Justice pour les retraités

Il y a eu suffisamment de faillites d’entreprises par le passé qui ont laissé de nombreux retraités démunis et dans le désarroi. À ce sujet, la nouvelle loi C-228 est certainement rassurante. Les autres créanciers d’une entreprise en faillite ont habituellement les moyens et le temps pour se renflouer. Ce n’est souvent pas le cas pour les retraités, pour qui un retour sur le marché du travail serait très pénible, voire impossible. Après avoir contribué leur vie durant à la société, leur donner priorité n’est que justice.

Alain Lachapelle

Il était temps

Il était temps que cette loi soit adoptée et promulguée, c’est rassurant pour nous les retraités qui avaient participé et contribué à un régime de retraite à prestations déterminées.

Bertrand Harvey retraité de Résolu