Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’est porté à la défense d’un contrat accordé à la firme McKinsey par son ministère peu de temps après avoir confié un mandat en apparence similaire à la firme KPMG.

Le ministre s’est fait questionner par l’opposition, en commission parlementaire mardi, sur l’octroi d’un contrat à la firme McKinsey à la suite d’un reportage de Radio-Canada.

Le ministère de l’Économie a accordé un contrat à la firme McKinsey en juillet 2021 afin de passer en revue des initiatives du gouvernement pour stimuler la croissance économique du Québec.

Or, Québec avait demandé cinq mois plus tôt à la firme KPMG de « déterminer les objectifs visés par les efforts de relance post-pandémie ». Les deux firmes avaient soumissionné sur le même appel d’offres pour la première étude. Quelques mois plus tard, McKinsey a obtenu le second mandat de gré à gré.

Questionné par l’opposition, le ministre a répondu que le gouvernement n’avait pas confié le même mandat à deux firmes différentes. « Premièrement, ce sont deux mandats complètement différents. »

Le mandat de KPMG aurait été octroyé pour regarder la relance de certains secteurs industriels, a précisé le ministre. Pour le deuxième mandat, le ministère avait identifié certaines interventions possibles en lien avec les zones d’innovation. On aurait demandé à McKinsey de « baliser » les informations du ministère avec les connaissances de la firme externe sur le contexte international.

Le ministre s’est aussi fait demander s’il était satisfait de l’étude de KPMG ou si la demande à McKinsey traduisait une insatisfaction par rapport à la première étude. « Écoutez, ça nous a donné certains points de repère pour une relance de certains secteurs », a-t-il répondu.

Recourir à des firmes externes permet au ministère de valider les hypothèses de ses équipes et d’obtenir des informations complémentaires, selon M. Fitzgibbon. « On voulait être sûrs de ne pas se tromper, parce qu’il y a beaucoup d’argent qu’on va investir dans les zones d’innovation. »

Il a aussi défendu la décision de confier le contrat à McKinsey de gré à gré sans passer par un appel d’offres. « On voulait être efficace et on pouvait le faire en gré à gré. On a respecté toutes les règles. »

Des rapports secrets

Le ministre a dit qu’il n’allait pas rendre publics les deux rapports « pour deux raisons ». « Les avis de consultants ne sont jamais rendus publics. […]. Deuxièmement, il y a certaines choses dans les rapports qui servent au gouvernement pour la prise de décision. Dans ces cas-là, les rapports ne sont pas (rendus publics). »

Dans un échange tendu avec le ministre, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a déploré que la confidentialité des études empêche de vérifier si elles étaient différentes, comme l’affirme M. Fitzgibbon.

La réponse a également fait réagir le porte-parole libéral en matière d’économie, Frédéric Beauchemin. Il a souligné que le gouvernement Legault avait déjà rendu publics des rapports de firmes externes. « C’est une question de volonté. Si vous voulez le rendre public, vous pouvez. »

M. Beauchemin juge que cette manière de procéder « donne l’impression » que le gouvernement choisit de rendre publics des rapports qui lui sont favorables et appose le sceau du secret sur des études qui pourraient émettre des conclusions qui lui donneraient moins bonne presse.