Lueur d’espoir dans le projet de construction du terminal de conteneurs industriels à Contrecœur : le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, s’engage « à trouver une solution » afin de s’assurer que l’Administration portuaire de Montréal (APM) ait les fonds nécessaires pour que ce projet aille de l’avant comme prévu.

Le ministre Omar Alghabra a pris cet engagement après avoir longuement discuté de ce dossier avec le président-directeur général de l’APM, Martin Imbleau, mardi. Le projet Contrecœur, qui doit voir le jour en banlieue de Montréal, est jugé crucial par le monde des affaires au Québec et en Ontario pour consolider la chaîne d’approvisionnement dans l’est du pays1.

« Notre gouvernement, le ministère des Transports et moi comprenons l’importance du port de Montréal, non seulement pour la région, non seulement pour le Québec, mais pour tout le pays. En tant que député de l’Ontario, je sais à quel point le port de Montréal est précieux pour les entreprises et les citoyens de l’Ontario », a affirmé M. Alghabra en mêlée de presse.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra

Le montage financier de cet important projet a été chamboulé par l’inflation. Résultat : la facture initiale ne tient plus. Au départ, on estimait que le coût du projet oscillerait entre 750 et 950 millions de dollars. Mais les pressions inflationnistes ont forcé l’APM au cours des dernières semaines à lancer un appel pressant à Québec et à Ottawa pour s’assurer que ce projet voie le jour.

Le gouvernement Legault a répondu à cet appel dans son dernier budget en mettant sur la table 75 millions de dollars supplémentaires. L’APM croisait les doigts pour qu’Ottawa délie aussi les cordons de sa bourse dans son dernier budget, à la hauteur de 150 millions. Mais la ministre des Finances, Chrystia Freeland, n’a pas soufflé mot à ce sujet, alimentant l’inquiétude quant à la faisabilité du projet.

L’APM a alors fait savoir qu’il fallait trouver le financement manquant d’ici la fin du mois d’avril pour que le projet puisse être mis en branle vers la fin de l’année2, comme prévu.

Je reconnais l’urgence qu’il y a dans ce dossier et nous travaillons très rapidement pour obtenir une réponse aussi rapidement que possible. Nous cherchons à déterminer quelle est l’enveloppe de financement la plus appropriée et combien nous pouvons faire de plus.

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

En débloquant une nouvelle enveloppe dans son budget, le gouvernement Legault appuie le projet à hauteur de 130 millions. La Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) doit aussi offrir 300 millions en prêts. L’APM ainsi que son partenaire privé – qui devrait être sélectionné au cours de l’été – doivent compléter le montage financier. Un appui financier du gouvernement Trudeau, combiné à l’effort supplémentaire de Québec, permettrait d’absorber les effets de l’inflation, selon l’APM.

« Le temps file »

Joint par La Presse mercredi, le PDG de l’APM, Martin Imbleau, a dit être rassuré par les propos du ministre des Transports.

« J’ai parlé assez longuement avec le ministre [mardi]. Il m’a encore une fois confirmé que l’expansion du port à Contrecœur était hautement stratégique pour le Québec, l’Ontario et le Canada. Il m’a dit que le gouvernement du Canada entend être de la partie pour soutenir financièrement le projet et il m’a aussi dit qu’il travaillait activement avec ses équipes et le gouvernement sur les moyens pour le faire. Il souhaite en faire une annonce prochainement », a dit M. Imbleau.

Ce serait une question de semaines et non pas de mois.

Martin Imbleau, président-directeur général de l’Administration portuaire de Montréal

« C’était une conversation constructive. Le temps file. Le temps presse et donc c’était une conversation positive qui nous permet de continuer à avancer. On a hâte d’avoir les confirmations prochainement », a-t-il ajouté.

Dans les coulisses, des ministres influents du Québec au sein du gouvernement Trudeau ont multiplié les démarches pour que ce dossier soit traité de façon prioritaire. « C’est une question de vie ou de mort pour Contrecœur. Québec est déjà là. On ne peut pas ne pas être là. C’est aussi une question d’équité avec le port de Vancouver », a soutenu une source gouvernementale bien au fait du dossier qui a exigé l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de ce dossier.

Le terminal de Contrecœur devrait pouvoir manutentionner annuellement 1,15 million de conteneurs « équivalents vingt pieds » (EVP). Le port de Montréal, qui peut accueillir jusqu’à environ 2 millions de boîtes métalliques, devrait atteindre sa pleine capacité en 2027.

1. Lisez « Front commun Québec-Ontario pour le projet Contrecœur » 2. Lisez « Financement du terminal portuaire de Contrecœur : le gouvernement Trudeau se fait attendre »