(Laval) Le Québec peut se passer des capitaux chinois pour développer sa filière minière, croit le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui n’exclut pas que les relations avec la Chine puissent se détendre un jour.

« Aujourd’hui, dans les filières des métaux stratégiques, il y a tellement d’argent disponible en Amérique du Nord. Je pense qu’on peut travailler sans les Chinois », répond le ministre, vendredi, en marge d’une annonce sur l’électrification des transports à Laval.

En novembre, le fédéral a dit que l’acquisition d’une entreprise dans un secteur stratégique minier canadien par des intérêts chinois ne serait autorisée que « sur une base exceptionnelle ». Le gouvernement avait également demandé à trois firmes chinoises de céder leurs actifs pour des raisons de sécurité nationale.

En excluant les investissements chinois, Ottawa risque de nuire au financement du secteur minier canadien, croit le président et chef de la direction de la minière Barrick Gold, Mark Bristow, qui a accordé une série d’entrevues, cette semaine, à des médias anglophones. « C’est impossible d’exclure les Chinois de l’industrie minière et métallurgique, a dit M. Bristow au Globe and Mail. Le monde est intégré et les politiciens tentent de le diviser. »

Ces commentaires surviennent à un moment où les relations diplomatiques sont tendues entre la Chine et le Canada. Que ce soit l’emprisonnement des deux Michaels, les tentatives d’influence chinoise lors de la dernière campagne électorale fédérale, l’origine de dons à la Fondation Trudeau ou la découverte d’un présumé espion chinois à Hydro-Québec, les manchettes évoquant le climat diplomatique tendu et ses répercussions se multiplient.

Dans ce contexte, le gouvernement du Québec, qui accorde les droits miniers sur son territoire, se montre peu favorable aux investissements chinois dans les métaux stratégiques. « Aujourd’hui, géopolitiquement, on n’en veut pas, et puis financièrement, on n’en a pas besoin », affirme le ministre Fitzgibbon.

Il nuance que cette exclusion n’est pas nécessairement éternelle, car « les choses peuvent changer ».

 Est-ce que ça va être en permanence ? Est-ce qu’il faut démoniser les Chinois à tout jamais ? Écoutez, je veux faire attention.

Pierre Fitzgibbon, ministre québécois de l’Économie

Des entreprises chinoises détiennent toujours des claims miniers. L’achat de ces titres d’exploration minière s’est fait avant le refroidissement des relations sino-canadiennes, précise le ministre.

Or, Québec peut encore imposer ses conditions si des démarches étaient faites pour lancer un projet. « Si jamais le projet minier voit le jour, parce que la ressource est là et est de bonne qualité, il faut qu’ils viennent nous voir. Aujourd’hui, quelqu’un vient nous voir, un Chinois pour un claim qu’ils ont, probablement qu’on dirait “ non ”. Si on disait “ oui ”, il y avait des conditions importantes.

« Moi, je suis confortable que dans un avenir rapproché, il n’y aura pas d’enjeux, de détentions chinoises », ajoute-t-il.