(Zurich) Le patron d’UBS veut une « enquête à 360 degrés » sur les causes de la chute de Credit Suisse, a-t-il déclaré vendredi, alors que sa banque est en train de mener au pas de charge un complexe rachat de son ex-rivale.  

« C’est clair comme de l’eau de roche, la situation ne s’est pas développée au cours des six dernières semaines, mais au cours des six ou sept dernières années », a déclaré Sergio Ermotti, qui a repris les commandes d’UBS début avril et qui s’exprimait lors du forum des médias suisses à Lucerne.

« Cette enquête complète, à 360 degrés, doit remonter loin dans le temps », a-t-il ajouté, a rapporté l’agence suisse ATS.  

Le 19 mars, UBS a accepté de racheter Credit Suisse pour trois milliards de francs suisses (un montant équivalent en euros), sous la contrainte des autorités suisses afin d’éviter son effondrement de sa rivale.  

Sans ce rachat, Credit Suisse se serait vraisemblablement trouvé en cessation de paiement dès le 20 ou 21 mars, avait expliqué Alain Berset, le président de la Suisse, lors d’une session extraordinaire au Parlement.  

Credit Suisse a cumulé les scandales en particulier depuis mars 2021, lorsque la banque avait été secouée tour à tour par la faillite de la société financière britannique Greensill et par l’implosion du fonds américain Archegos.  

Une lourde restructuration avait été lancée en octobre dernier pour tenter de redresser la banque, mais un mouvement de panique s’est emparé des marchés financiers mi-mars dans le sillage de la faillite de la banque américaine SVB, précipitant la chute de ce pilier de la finance helvétique.

M. Ermotti veut donc une analyse détaillée des causes de la chute de Credit Suisse, alors qu’UBS n’a eu que deux jours pour se décider dans cette fusion scellée dans l’urgence, même si la banque a obtenu de solides garanties de la Confédération helvétique.

« Beaucoup de choses qui se passent maintenant prendraient un an dans des circonstances normales », a expliqué M. Ermotti.  

Face à la complexité de la tâche qui attend UBS, le conseil d’administration a rappelé à la barre M. Ermotti, qui avait déjà dirigé la banque de 2011 à 2020.  

UBS pensait initialement finaliser l’opération fin juin, mais lors d’un salon financier à Zurich la semaine passée, M. Ermotti a laissé entendre que la fusion pourrait être scellée plus tôt, aux alentours de fin mai ou début juin.