(Ottawa) Avoir l’assurance de construire des navires pour le gouvernement fédéral, ça ne change pas le monde, sauf que… Le chantier maritime Davie en a eu un aperçu lors de son passage au rendez-vous annuel du secteur de la défense, dans la capitale fédérale – où son projet d’acquisition en Finlande a aussi été abordé.

« C’est une situation complètement différente », explique le directeur, affaires externes et participation industrielles à la Davie, Marcel Poulin, au cours d’une entrevue avec La Presse. « Avant, ce dont on parlait, c’était de développer une relation d’affaires pour des contrats potentiels. Maintenant, les contrats vont venir et on peut concrétiser ces relations d’affaires. »

Le chantier naval de Lévis est un habitué de CANSEC, grand-messe de l’industrie de la défense qui s’est tenue plus tôt cette semaine. Intégrée à la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) en avril dernier, l’entreprise négocie la construction potentielle de sept nouveaux brise-glaces pour la garde côtière canadienne – des contrats potentiels de 8,5 milliards. Elle n’est pas passée inaperçue à Ottawa cette année.

M. Poulin n’a pas mis de temps à le remarquer.

On est plus populaires, c’est sûr. La plupart des grands fournisseurs sont ici et il y a des centaines de petites et moyennes entreprises qui vont venir nous voir pour avoir une rencontre en personne avec nous.

Marcel Poulin, directeur, affaires externes et participation industrielles à la Davie

CANSEC ne regroupe pas uniquement des constructeurs de matériel militaire comme des hélicoptères, des véhicules et avions de chasse. On y retrouve aussi des spécialistes de la cybersécurité, des fabricants de radars, de capteurs et d’autres solutions technologiques qui peuvent, par exemple, se retrouver sur un brise-glace. Il s’agit des sociétés qui ont intérêt à se rapprocher du chantier maritime Davie.

Identifiée comme troisième fournisseur de la SNCN le 4 avril dernier, l’entreprise poursuit ses négociations avec la Garde côtière canadienne pour finaliser le contrat entourant la construction du premier brise-glace. On parle « d’une question de mois » pour conclure cette ronde de pourparlers, selon M. Poulin.

La Stratégie nationale de construction navale en bref

Elle prévoit la construction d’une cinquantaine de navires pour la Marine royale canadienne et la Garde côtière. On parle de neuf types de grands navires, dont des navires de combat. Dans le cas de Davie, il s’agira de la construction de six brise-glaces et d’un brise-glaces polaire. Les chantiers Seaspan (Vancouver) et Irving (Halifax) avaient été les deux seuls partenaires retenus en 2011. Le chantier maritime de Lévis vient d’être intégré. Ottawa doit maintenant négocier avec Davie pour boucler les négociations et établir un calendrier de livraison.

Encore de la place

La construction de nouveaux navires pour le gouvernement fédéral devrait accaparer 70 % de la capacité en matière de construction navale à la Davie. En dépit de tout le travail qui découlera de la SNCN, le chantier maritime sera en mesure de réaliser d’autres contrats. C’est également le message que Davie souhaiter passer dans le cadre de ces rendez-vous.

Cette dernière semaine a également été l’occasion, pour le chantier naval, de se pencher sur ses visées à l’international. Le rendez-vous d’Ottawa a été le théâtre d’une rencontre avec l’ambassadeur de la Finlande au Canada, Roy Eriksson, a expliqué M. Poulin, sans éventer le contenu des échanges entre les deux parties.

Davie détient toujours une option d’exclusivité pour acquérir Helsinki Shipyard Oy, un chantier naval situé dans la capitale finlandaise et détenu par des industriels russes. Ce chantier naval a vu les portes de son principal marché, la Russie, se fermer dans la foulée des sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine.

« Le projet d’acquisition est toujours sur la table, affirme M. Poulin. Nous sommes dans la vérification au préalable [due diligence]. On détient l’exclusivité en matière de développement des affaires en Finlande pour dénicher du travail au cours des prochaines années. Il n’y a rien d’acheté officiellement. »

Si elle se concrétise, cette transaction permettrait à Davie de se hisser au statut de chef de file en matière de construction de brise-glaces à l’échelle internationale. Le défi de la société détenue par les investisseurs européens Alex Vicefield et James Davies consiste à déterminer si elle est en mesure de trouver de nouveaux débouchés au sein de l’alliance de l’OTAN pour Helsinki Shipyard Oy.

La Presse a rapporté, le 28 mars dernier, que le gouvernement Legault suit cette affaire de près. Pour permettre à Davie d’accéder à la SNCN, Québec a accepté de dégager 520 millions pour permettre au chantier maritime de moderniser ses installations. La facture de ce projet est estimée à 840 millions.

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