Cette semaine, Marie Pier Germain, vice-présidente ventes et marketing de Germain Hôtels, répond à nos questions sur le leadership.

Lorsqu’on a un nom de famille comme le vôtre, comment déploie-t-on son propre leadership ? Est-ce que Germain vient avec une pression ?

Ma mère, Christiane, a déjà été la fille de l’autre. Je ne vis pas avec la pression du nom de famille, parce que j’admire énormément ma mère. Je me trouve choyée de l’avoir dans ma vie et de pouvoir la consulter à n’importe quel moment. C’est un luxe de l’avoir à mes côtés. Et je ne suis pas la seule à porter ce nom-là. J’ai des cousins qui sont dans l’entreprise avec nous. On partage tous les valeurs de l’entreprise et on est tous complémentaires. Je peux miser sur mes forces et apporter une valeur ajoutée autour de la table. D’ailleurs, si ça n’avait pas été de notre famille et de nos liens, je ne sais pas si on serait passé à travers les moments difficiles de la pandémie.

Est-ce plus facile de réaliser ses objectifs de carrière et d’entrepreneure avec le nom Germain ?

Le monde des affaires n’est pas facile. Si tu n’utilises pas tes forces et que ton nom de famille en fait partie, ce sera encore plus difficile. Si nos parents ont bâti le nom et la réputation de l’entreprise qu’on connaît aujourd’hui, je pense qu’il faut s’appuyer dessus.

Le leadership, c’est aussi se projeter vers l’avenir et innover. Qu’avez-vous entrepris au sein du Groupe Germain pour vous démarquer ?

Le concept d’achat local, notamment avec notre approche d’approvisionnement, a toujours fait partie de ce qu’on faisait, mais on ne le communiquait pas officiellement. Quand on a lancé notre hôtel au Quartier DIX30, on a utilisé de la géothermie alors que personne encore ne l’intégrait à ses projets. Et on a continué à l’utiliser chaque fois que c’était possible. Actuellement, on réfléchit à chacune de nos décisions. On ne veut pas mettre le fardeau environnemental sur les épaules de nos invités en leur demandant à leur arrivée à l’hôtel « Voulez-vous compenser vos émissions de gaz à effet de serre ? ». On veut avoir trouvé des idées en amont pour prendre cette responsabilité décisionnelle. Ça ne veut pas dire qu’on va toujours avoir la bonne réponse ! Pour l’instant, on veut tranquillement instaurer dans nos chambres des pantoufles lavables. On est aussi en train de réfléchir aux fameuses bouteilles d’eau. Peut-être que ça se traduira par des cruches d’eau, des bouteilles réutilisables. On veut réduire la consommation qu’on fait du plastique, car peut-être qu’à un moment donné, l’invité aura besoin d’une bouteille de plastique. On a déjà installé des cruches qui filtrent l’eau pour améliorer le goût et la qualité de l’eau.

Vous avez plusieurs formations, dont un baccalauréat en génie mécanique et un MBA en administration des affaires. Outre montrer l’exemple comme vous le faites, comment pourrait-on inciter les jeunes filles à étudier en sciences et dans les domaines à prédominance masculine ?

Je pense que le point de départ, c’est de donner confiance en elles aux filles. Qu’est-ce qui fait que j’ai cru en moi ? C’est d’avoir eu un modèle qui m’a donné confiance en moi et qui a cru en moi. Je ne me suis jamais posé la question s’il y avait des filles ou non en génie. Au contraire. Ç’a été une source de motivation de dire : je vais leur montrer que je suis capable de faire ces études-là. Et je referais le même parcours pour tout ce que ça m’apporte dans mon travail. Quand on regarde la construction et le développement des hôtels, il y a du génie là-dedans. Que ce soit la mécanique du bâtiment, la structure et tout ce qu’il y a à l’intérieur de l’édifice.

Vous siégez à titre de vice-présidente au Conseil des arts du Canada. Par le passé, vous étiez impliquée au conseil d’administration du Lab-École et auprès de La Dauphinelle. Est-ce que les femmes leaders devraient miser sur le bénévolat d’affaires pour récolter des bénéfices professionnels en plus de la satisfaction personnelle d’avoir aidé une cause ?

La motivation, ce n’est pas de faire avancer ma carrière. Ça vient quand tu t’impliques, quand tu rencontres des gens, quand tu développes ton réseau. C’est de cette façon que tu grandis dans ton entreprise. Il faut aller voir au-delà du travail au quotidien. La motivation première, c’est de trouver une cause qui me procure du fun. En philanthropie, on dit que les femmes en général n’aiment pas solliciter des dons, que les gars sont meilleurs, et les gens s’accrochent à cette idée. Mais quand les gens veulent s’impliquer dans une cause, on doit les inciter à venir même si ce n’est pas pour récolter des dons. Les femmes pourront donner du conseil, contribuer à une discussion. Oui, on a besoin de financer nos organismes, mais il y a d’autres choses que les femmes peuvent faire pour contribuer.