Malgré les efforts des dernières années pour améliorer la situation sur le marché du travail des Québécois issus des minorités visibles, il reste du travail à faire pour atteindre un seuil paritaire. C’est ce que révèle le plus récent rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), dévoilé mardi.

Un taux d’emploi comparable

L’étude montre une participation de plus en plus active des personnes noires sur le marché du travail, souligne Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistique du travail à l’ISQ et auteur de l’étude. Selon lui, il s’agit d’un des éléments les plus frappants. « Les taux d’activité sur le marché de l’emploi chez les universitaires et les détenteurs de formations postsecondaires sont relativement identiques à la population qui n’est pas issue d’une minorité visible », indique l’expert. De fait, tous âges compris, le taux d’emploi atteint le seuil du 78,8 % chez les Noirs, comparé à 77,5 % pour les personnes non issues de minorités visibles.

Le Québec derrière la Colombie-Britannique

Le Québec présente une meilleure équité entre personnes issues des minorités visibles et personnes blanches que certaines autres provinces du Canada, dont l’Ontario. Les Noirs (78,8 % au Québec, contre 68,8 % en Ontario), les Latino-Américains (76,2 %, contre 71,4 %) et les Arabes (70,8 %, contre 57,4 %) ont tous un taux d’emploi supérieur dans la Belle Province. Toutefois, la Colombie-Britannique est plus paritaire du côté des personnes noires (76,1 %) et arabes (60,6 %). Luc Cloutier-Villeneuve constate que plusieurs changements positifs ont été réalisés depuis le recensement précédent, en 2016, mais la partie est loin d’être gagnée.

Un écart de revenu qui diminue

Le revenu moyen d’emploi des personnes issues de minorités visibles âgées de 25 ans à 64 ans (43 240 $) est toujours inférieur au revenu moyen d’emploi des personnes blanches (56 250 $), confirme l’étude. Mais cet écart diminue. En 2019, il était de 22 %, alors qu’en 2015, soit quatre ans plus tôt, il atteignait 28 %. Plus précisément, en 2019, le revenu d’emploi moyen allait d’environ 41 800 $ (personnes noires) à 47 700 $ (personnes arabes).

Différences selon l’âge

La parité varie selon l’âge, indique l’étude de l’ISQ. Chez les personnes de 55 à 64 ans, l’écart est petit, ce qui révélerait une meilleure intégration à la société, soutient Luc Cloutier-Villeneuve. « On sait qu’il y a des variables qui jouent sur l’intégration, que ce soit la langue maternelle, la scolarité, la durée de résidence [au Québec], et l’ordre dans l’arbre généalogique », explique l’expert.

Connaissance du français, un facteur

Un certain nombre de facteurs peuvent expliquer les écarts constatés dans l’étude, souligne Luc Cloutier-Villeneuve. Parmi eux, l’analyste en statistique mentionne la connaissance du français ou encore la reconnaissance des diplômes. « Ce qui est clair, c’est qu’en termes d’analyse subséquente, ce serait intéressant d’aller creuser ces aspects pour comprendre pourquoi ces écarts persistent. »