Lorsque Jennifer Cummings s’est envolée pour la Floride depuis Saint-Jean de Terre-Neuve, l’été dernier, elle a choisi d’arriver avec style.

La femme de 41 ans s’est inscrite sur une plateforme de location entre particuliers et a loué un VUS Alfa Romeo blanc brillant à son propriétaire privé.

« J’ai opté pour la voiture la plus exotique qui se situait un peu dans ma gamme de prix », a affirmé Mme Cummings à propos du véhicule de luxe italien, qui lui a coûté 150 $ pour un séjour de 24 heures.

« Je me sentais très importante de conduire en Floride vers les plages pour la journée dans cette voiture européenne de luxe. »

Pendant ce temps, sa mère – avec elle lors du voyage à Fort Lauderdale – a fini par louer exactement la même voiture qu’elle conduisait à la maison.

Leur escapade au soleil s’est produite quelques mois seulement après que Mme Cummings est devenue « hôte » sur Turo, l’une des nombreuses platesformes de partage de voitures qui fonctionnent sur un modèle de pair-à-pair – la même plateforme qu’elle utilisait pour louer l’Alfa Romeo.

C’est comme Airbnb, mais pour les voitures.

Alors que le secteur en plein essor a déjà vu certaines entreprises se retirer, Turo, ainsi que les offres en cours de Communauto et Uber, fournissent des solutions de rechange qui peuvent faire économiser de l’argent aux utilisateurs, ou du moins offrir plus de choix, car le marché de la location de voitures reste serré.

« C’est un peu plus personnalisable. Vous pouvez choisir vos lieux de dépôt, choisir où vous voulez le laisser », a affirmé Mme Cummings, qui est à la fois une propriétaire hôte et — en vacances — une utilisatrice.

Elle est passée en tant qu’hôte de deux véhicules à huit en un peu plus d’un an, dont un VUS BMW X1, une berline Chevrolet Cruze et un cabriolet Mitsubishi Spyder. Le prix par jour varie de 99 $ à 175 $.

Turo, qui a été lancé en Ontario, au Québec et en Alberta en 2016, et s’est depuis étendu à la Colombie-Britannique et au Canada atlantique, permet aux hôtes d’inscrire leur voiture gratuitement. Ils paient une commission de 25 % à la plateforme pour couvrir l’assurance ainsi que le marketing, la publicité et le service client.

Concurrence

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Communauto prévoit lancer un service de location entre particuliers dans les prochaines années, bien qu’il n’y ait pas de date fixe.

Le modèle de tarification positionne les platesformes de location entre particuliers comme un rival des services de location, davantage que des entreprises d’autopartage à l’heure telles que Zipcar et Evo de la Colombie-Britannique.

« C’est un peu plus de la location que de l’autopartage », a soutenu Marco Viviani, directeur du développement stratégique pour l’entreprise d’autopartage Communauto.

« Les gens l’utilisent pour des trajets plus longs ou à la journée. Mais souvent, vous devez vous déplacer pour obtenir la voiture », a-t-il dit. En revanche, l’autopartage standard consiste à « faire l’épicerie, aller… acheter des fleurs, amener les enfants au match de football ».

Communauto prévoit lancer un service de location entre particuliers dans les prochaines années, a-t-il dit, bien qu’il n’y ait pas de date fixe.

Cette opération permettrait d’accroître le nombre de ses membres, qui s’élève à plusieurs dizaines de milliers, et de compléter son parc de 3500 voitures à Montréal, ainsi que de 1500 autres au Québec, en Ontario, en Alberta, en Nouvelle-Écosse et à Paris.

Uber prévoit également de lancer un service de ce type plus tard cette année à Toronto appelé Uber Carshare après avoir acheté le réseau de partage de voitures établi en Australie, Car Next Door l’année dernière.

Ces nouvelles surviennent alors que la popularité de la location entre particuliers semble augmenter.

Le nombre de personnes qui se sont inscrites à Turo a doublé au Canada en 2022. « Nous parlons de centaines de milliers de Canadiens qui ont utilisé Turo pour leurs besoins de voyage l’année dernière », a déclaré Cédric Mathieu, vice-président de Turo Canada.

« Nous avons beaucoup de Tesla… Les clients adorent avoir accès à ces voitures électriques pour les conduire pour les expérimenter pendant quelques jours, et même utiliser la plateforme presque comme une opportunité d’essai prolongé. »

Des dizaines de milliers d’hôtes se sont également inscrits. Le revenu mensuel moyen est de 732 $, selon M. Mathieu. « Cela contribue grandement à compenser le coût élevé de la possession d’une voiture au Canada. »

Un service d’assurance standard est disponible pour les propriétaires. Il protège contre les dommages en cas de collision et de vol, avec une couverture de responsabilité civile de 2 millions.

« Cependant, si les utilisateurs ne souscrivent pas à l’assurance supplémentaire ou n’utilisent pas leur carte de crédit, comme beaucoup le font, avec une couverture de voiture de location, ils ne sont pas couverts pour les dommages causés à ma voiture », a noté Mme Cummings.

Le modèle commercial de location entre particuliers a déjà été essayé et s’est révélé insuffisant, se heurtant à des problèmes d’assurance, à des blocages juridiques et à des problèmes d’échelle. Turo a été effectivement interdit à New York jusqu’à l’année dernière pour des raisons liées aux lois sur les assurances de l’État. L’année dernière, le Bureau de la concurrence a forcé l’entreprise à mettre fin à sa politique visant à empêcher un hôte d’inscrire également le véhicule sur d’autres plates-formes, à la suite d’une enquête de l’agence.

Alors que les hôtes doivent soumettre une preuve d’entretien chaque année, les expériences des utilisateurs peuvent varier d’une location à l’autre, certaines voitures étant plus silencieuses ou plus propres que d’autres, même s’il s’agit du même modèle. Les avis offrent un moyen d’évaluer la qualité.

De plus, les frais pour des articles allant des sièges d’auto aux frais d’aéroport peuvent gonfler la facture.

Aussi, les hôtes ont tendance à utiliser leur voiture au moment même où la demande est la plus élevée, ce qui rend la location entre particuliers moins « fiable », a déclaré M. Viviani de Communauto.

« Ceci est contraire à ce qui se passe avec Airbnb – lorsque les gens partent en vacances, ils laissent leur maison…. C’est pourquoi les platesformes de location entre particuliers ont souvent un grand nombre de voitures enregistrées, mais un petit nombre de voitures disponibles. »

Néanmoins, alors que les tarifs de location de voitures sont en chute libre et que le départ de nombreuses sociétés d’autopartage est désormais dans le rétroviseur – Car2Go, Maven de General Motors, Hertz Connect et Uhaul, Car Share ont toutes fermé leurs portes ou quitté l’Amérique du Nord – la location entre particuliers offre une alternative moins rigide, mais aussi moins cohérente.

Beaucoup peuvent être mal à l’aise de louer leur véhicule personnel, mais les avantages sont évidents, a affirmé Mme Cummings. Elle a dit qu’elle gagnait entre 70 000 $ et 80 000 $ par année – « sans compter les milliers de dollars que nous dépensons pour l’entretien » – principalement grâce aux visiteurs de Terre-Neuve.

« Si vous appelez votre voiture “mon bébé”, ce n’est pas l’endroit pour vous », a-t-elle conclu.