(Charlottetown) La ministre des Finances, Chrystia Freeland, tient mordicus à ce que ses collègues du Cabinet trouvent les 15 milliards de dollars d’économies étalées sur cinq ans dans les dépenses de leurs ministères au cours des prochaines semaines.

Ces économies font partie du cadre fiscal des cinq prochains exercices financiers qu’elle a dévoilé lors de son dernier budget. Sans ces économies, ce cadre fiscal ne tiendra pas la route, a-t-elle averti mardi au deuxième jour de la retraite du Cabinet à Charlottetown.

« C’est un engagement que nous avons pris dans le budget déposé au printemps. Cet engagement sous-tend tout le cadre fiscal sur lequel s’appuie le budget. C’est donc quelque chose que nous avons annoncé il y a quelques mois déjà », a affirmé Mme Freeland en mêlée de presse.

La présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, qui était à ses côtés pour répondre aux questions des journalistes et qui veille à la mise en œuvre de cet engagement, a assuré que cette démarche budgétaire n’entraînerait pas de coupes dans les services, notamment aux Premières Nations et au sein des Forces armées canadiennes.

À peine nommée à son nouveau poste à la suite du remaniement ministériel de juillet, Mme Anand a envoyé à l’ensemble de ses collègues du Cabinet une lettre dans laquelle elle leur demande de soumettre par écrit, au plus tard le 2 octobre, les détails des économies qu’ils entendent réaliser au sein de leurs ministères afin de respecter l’engagement dans le dernier budget.

« Il faut s’assurer que nous gérons les finances du gouvernement d’une manière prudente, efficiente et efficace. C’est l’argent des contribuables après tout », a dit Mme Anand, qui était auparavant ministre de la Défense.

Pas de budget équilibré

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Trudeau n’a jamais présenté un budget équilibré. La dette accumulée, elle, a doublé durant le règne des libéraux. Ce boulet financier est passé de 628 milliards en 2015-2016 à près de 1221 milliards cette année, en grande partie en raison du déficit record de près de 325 milliards de dollars enregistré durant l’exercice financier 2020-2021, au plus fort de la pandémie de COVID-19. Dans son dernier budget, la ministre Freeland a prévu que le déficit devrait s’élever à 40 milliards de dollars en 2023-2024. Aucun retour à l’équilibre budgétaire n’est prévu au cours des cinq prochaines années.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a vertement dénoncé le gouvernement Trudeau pour sa gestion des finances publiques et les déficits qui s’accumulent. Il a même fait un lien direct entre les dépenses « hors de contrôle » du gouvernement libéral et l’inflation qui mine le pouvoir d’achat des Canadiens. Selon lui, cela a contribué à la flambée des prix des biens de tous les jours et des maisons.

Récemment, M. Poilievre a mis en doute la volonté du gouvernement Trudeau de mieux contrôler les dépenses, affirmant que le premier ministre s’est montré très dépensier depuis qu’il est au pouvoir.

Freeland défend le bilan

En point de presse, la ministre Freeland a défendu le bilan financier du gouvernement Trudeau. Elle a laissé entendre que cela faisait partie du credo financier des libéraux depuis des années.

« Nous comprenons que le gouvernement est en mesure de répondre aux besoins des Canadiens lorsqu’il fonctionne sur une base budgétaire responsable. C’est d’ailleurs une conviction profondément libérale. Ce sont Jean Chrétien et Paul Martin qui ont fait le travail très dur de se battre pour obtenir la cote AAA dont le Canada profite actuellement. Nous nous engageons à faire ce que les Canadiens attendent de nous et de maintenir cette gestion financière responsable », a-t-elle affirmé.

Elle a rappelé que le Canada a toujours une cote AAA « malgré les excellents investissements que nous avons faits pour les Canadiens ».

« Nous avons le déficit le plus bas des pays du G7 et nous avons le ratio dette/PIB le plus bas du G7. Nous comprenons que si nous voulons continuer à faire de grandes choses pour les Canadiens et bâtir ces choses sur cette assise financière solide, nous devons réfléchir à l’endroit où l’argent est dépensé et c’est pourquoi les économies de 15 milliards de dollars sont absolument la bonne chose à faire », a-t-elle dit.