Un mardi sur deux, des experts en ressources humaines répondent à vos questions. Cette semaine, les conseils de France Dufresne, leader canadienne Expérience employé et Fusions et acquisitions chez Willis Towers Watson (WTW).

Je travaille pour une entreprise depuis 25 ans et j’occupe un poste de direction. Depuis la pénurie de main-d’œuvre, on a beaucoup de difficulté à prendre congé et à partir en vacances. Notre employeur veut nous faire travailler le samedi avant nos vacances, alors qu’on travaille tous les week-ends de l’année. Comment discute-t-on de son désaccord sans être perçu négativement et que ça nuise à une future promotion ?
– Nathalie

Les vacances présentent de nombreux avantages pour la santé mentale, physique et émotionnelle, ainsi que pour la productivité et le bien-être global. Les routines de travail soutenues peuvent entraîner du stress et de la fatigue, ce qui peut avoir un impact négatif sur la santé. La pause des vacances est alors en effet bien nécessaire pour favoriser la détente et prévenir l’épuisement professionnel. De plus, le temps de repos stimule la créativité. En prenant du recul par rapport aux tâches quotidiennes, on est naturellement plus disposé à générer de nouvelles idées et solutions grâce à un esprit calme et reposé.

Bien qu’un poste de cadre exige généralement de travailler au-delà des heures normales, il n’est pas souhaitable de travailler tous les week-ends. Sachant qu’une récente étude de WTW⁠1 révèle que les personnes avec un bien-être fragilisé sont susceptibles de manquer plus de jours de travail par an en raison du présentéisme et sont trois fois plus susceptibles de se sentir désengagées et épuisées au travail, il est tout indiqué d’éviter le surmenage, qui ne ferait qu’alimenter ce cercle vicieux.

Afin de protéger votre santé, il est essentiel que votre employeur et vous arriviez à trouver un mode de fonctionnement durable.

Pour ce faire, commencez par établir vos priorités ainsi que des méthodes de travail efficaces. Déléguez toute tâche où vous n’ajoutez pas de la valeur afin de préserver votre temps le plus possible. Une gestionnaire responsable doit être en mesure de fixer ses propres limites afin de se prémunir contre l’épuisement et de s’assurer de rester performante. Il convient également ici de réfléchir à la culture de travail qui prévaut dans votre organisation : est-elle cohérente avec vos propres valeurs et ambitions ?

Puis, au moment de communiquer vos limites et d’offrir votre perspective à votre supérieur, présentez des solutions possibles pour éliminer les causes de la situation que vous décrivez. Par exemple :

  • L’organisation du travail est-elle optimale ? Doit-on repenser l’endroit où se fait le travail et où se prennent les décisions ? Peut-on cibler certaines tâches qui n’ont plus lieu d’être et faire le choix de les abandonner ou de les confier à l’externe (sous la forme de contrat, de personnel temporaire, ou autre) ?
  • La charge de travail du service justifie-t-elle l’ajout d’un poste à temps plein ou à temps partiel, ou seulement de quelques heures en ressources partagées ?
  • Les façons de travailler sont-elles optimales ? Le temps est-il investi au bon endroit, au bon moment et avec les bons outils ?
  • Les vacances de chacun sont-elles inscrites à l’horaire suffisamment à l’avance et prévues de manière à ne pas trop surcharger les autres collègues ?

Enfin, il est tout à fait raisonnable de s’attendre à ce que les choses fonctionnent dans les deux sens. Cela signifie que pour les heures supplémentaires et les efforts intenses que vous investissez dans votre travail, vous devriez avoir la possibilité de prendre des jours de congé additionnels, ou encore d’obtenir plus de flexibilité en matière d’horaire et de lieu de travail. Votre rémunération devrait également refléter les responsabilités et les attentes accrues que l’on a envers vous.

Vous êtes l’employeur de Nathalie ?

On attend souvent des cadres qu’ils gèrent la pression et soient disponibles en dehors des heures normales de travail. Cependant, il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce qu’ils travaillent systématiquement tous les week-ends. Une surcharge temporaire est différente d’une surcharge permanente. Il est essentiel de remédier aux surplus de travail permanents afin de prévenir les graves problèmes d’épuisement, de travail de moins bonne qualité et, ultimement, de départs.

En contexte de pénurie de main-d’œuvre, les périodes de pointe peuvent être accentuées par un manque de travailleurs, mais parfois, elles sont plutôt liées à un problème d’organisation du travail. Analysez pourquoi vos équipes font face à une telle surcharge et pourquoi cela se produit de manière si répétée. Avez-vous assez d’employés compte tenu de la quantité de travail ? Est-il possible d’automatiser certaines tâches ? Est-ce que vos équipes ont les compétences requises pour effectuer le travail ?

En comprenant mieux les problèmes de productivité au sein de l’organisation, les employeurs peuvent ensuite ajuster la rémunération globale pour soutenir les nouvelles exigences. Songez, par exemple, à instaurer des horaires flexibles, à permettre le travail à distance, à offrir des abonnements à des salles de sports et des collations, ou à financer un compte de soins de santé ou de mieux-être par l’entremise du programme d’avantages sociaux.

Aujourd’hui, les employés de tous les niveaux essaient de jongler avec leur bien-être financier, physique, émotionnel et social, tout en étant performants dans leur travail. Il devient donc de plus en plus important pour les employeurs de se concentrer sur la proposition de valeur qu’ils offrent aux cadres. Cela permettra de leur assurer un niveau de bien-être élevé au travail et de les maintenir engagés.

1. Sondage mondial sur les attitudes à l’égard des avantages sociaux – 2022, WTW