De plus en plus de gens amènent leur chien sur leur lieu de travail, au grand bonheur des employés et des clients

Pousser la porte d’un commerce ou d’un bureau et y trouver une boule de poils, lovée dans un coin ou frétillante à l’accueil, n’est plus rare. Depuis la pandémie, le nombre de travailleurs qui amènent leur chien sur leur lieu de travail s’est multiplié.

« Il y a beaucoup d’avantages ! Tous les clients profitent d’un moment de zoothérapie et cela augmente leur bien-être. Ça rend les gens heureux. »

Propriétaire d’une clinique d’esthétisme à Chambly, Maude Rousseau est dithyrambique lorsqu’elle parle de la présence de sa chienne Missy, un bulldog français de 2 ans, à son travail. Si sa clientèle a d’abord été surprise qu’un chien soit sur place, elle s’est vite accoutumée, dit-elle… et ne s’en passerait plus.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Maude Rousseau, propriétaire d’une clinique d’esthétisme à Chambly, en compagnie de Missy.

« La grande majorité des gens qui passent la porte la flattent, raconte la trentenaire. Elle est habituée à être avec du monde. Mes employées vont la promener et la font jouer pendant les pauses. Nous sommes comme une grosse famille et je trouve que cela ajoute à l’atmosphère détendue de la clinique. »

Seul bémol : la présence de Missy force à un nettoyage encore plus poussé et constant des locaux. « Côté propreté, il faut faire très attention », ajoute Mme Rousseau.

Alex Radziej, employé dans un cabinet d’avocats, a acquis son chien pendant la pandémie. Après avoir passé plusieurs mois à la maison avec son berger australien de 6 ans, il ne pouvait s’imaginer le laisser derrière.

« J’ai hésité à faire la demande à mon patron, mais finalement, il s’est montré super ouvert et compréhensif, dit le Montréalais de 29 ans, qui travaille deux jours par semaine au bureau. Il faut dire que mon chien est très calme et très sociable. Ça se passe bien. »

Selon Gaston Rioux, président et porte-parole de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, certaines conditions doivent être remplies par le candidat canin pour faire son entrée dans un milieu professionnel.

Les habitudes de vie au bureau doivent correspondre aux habitudes de son espèce. Tous ses besoins doivent être répondus. Et c’est une bonne idée qu’il ait un petit coin aménagé pour lui.

Gaston Rioux, président et porte-parole de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec

La santé du chien, incluant un carnet de vaccination à jour, est primordiale, ajoute le DRioux. « Est-ce que le chien est bien éduqué ? Est-il socialisé ? Il faut prendre en considération tous ces aspects, car on sait que la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres… »

Poser des questions à ses collègues sur leurs allergies, leurs phobies, leurs peurs est une attention délicate nécessaire, rappelle-t-il, sans quoi c’est la qualité de vie au travail qui est atteinte.

Un léger avantage

Guylaine Beaudoin dirige une firme de relations publiques à Trois-Rivières. Lorsqu’elle reçoit des candidats en entrevue, elle s’assure de demander quel est leur rapport aux animaux. « Je veux savoir si c’est un enjeu pour eux, dit-elle. À candidature égale, je vais choisir un candidat qui est à l’aise avec la présence de ma chienne de 8 ans. »

Si Madame Molly, un mélange de chihuahua, de beagle et de lévrier italien, ne vient qu’un jour par semaine au bureau, Mme Beaudoin précise qu’elle permet à ses employés d’amener leur chien.

Je trouve que ça apporte une sorte de lâcher-prise au bureau. Ça apporte un peu d’humanité et sa présence pousse à vivre le moment présent.

Guylaine Beaudoin, qui dirige une firme de relations publiques à Trois-Rivières

Est-ce que cela peut devenir un élément de rétention de personnel ? Alex Radziej en est convaincu. « Mon chien fait partie de ma vie et sa présence à mes côtés fait partie de mon mode de vie, confie-t-il. Un employeur qui comprend et respecte ça marque des points ! »

Rassembleur, un chien peut rallier les troupes et favoriser la cohésion sociale dans l’équipe. « C’est une distraction positive, s’exclame Audrey Leblanc, une recrue chez Beaudoin Relations Publiques. Et cela apaise aussi… Ça aide à la gestion du stress. »

Et qu’en est-il de la relation maître-animal, dans ce contexte ? Les liens se resserrent, assurément – et le chien vit beaucoup moins d’anxiété de séparation que s’il était seul à la maison, toute la journée.

« J’ai des horaires atypiques et je fais souvent de longues heures, indique Maude Rousseau. La laisser seule à la maison aurait été difficile… Nous sommes très attachées ! »