Cette rentrée de septembre n’a rien à voir avec celles de 2022 et de 2021, où les employés étaient prêts à déchirer leur chemise pour conserver des jours de télétravail. Le retour de vacances 2023 sera sous le signe de la joie, si l’on en croit les résultats de deux sondages publiés ce mercredi par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA).

Le modèle hybride a la cote

Parmi les gens qui font du télétravail et ont la possibilité de le faire, 86 % sont satisfaits de leur sort. Du côté des employeurs, la majorité a opté pour le modèle hybride sous différentes formes et, en règle générale, 87 % sont très satisfaits ou plutôt satisfaits du modèle choisi.

« C’est une belle surprise du côté des travailleurs et une bonne nouvelle du côté des organisations qui sont en mode écoute et expérimentation pour trouver la formule qui leur convient. On est sur la bonne voie avec ce modèle hybride qui est nécessairement un modèle d’avenir. Ça va continuer d’aider aux relations de travail », affirme en entrevue avec La Presse Manon Poirier, CRHA, directrice générale de l’Ordre des CRHA.

Vive les « tracances »

C’est la contraction de travail et vacances, le télétravail en direct de n’importe quel pays dans le monde. Un mode qui fait rêver 80 % des travailleurs. Actuellement, 4 employeurs sur 10 affirment qu’ils vont considérer cette option. Les employés ayant d’abord apprécié le télétravail, instauré en catastrophe durant la pandémie, ont ensuite craint de le perdre. Le télétravail à partir d’un lieu autre que son chez-soi apparaît donc comme une continuité. On télétravaille bien à partir du café du coin ou de son chalet.

« Est-ce que c’est possible dans mon organisation ? C’est ce que les employeurs regardent pour se donner un attrait par rapport à d’autres », explique Manon Poirier.

« Si on prend la même mesure dans un an, je suis certaine qu’il y aura plus d’organisations qui vont l’offrir, parce que c’est séduisant pour les employés. Un employeur qui hésite à l’offrir ne court pas beaucoup de risques », explique Manon Poirier.

Il faudrait aussi mesurer le nombre d’employés qui partiront réellement à l’étranger avec leur ordinateur, car dans les faits, le nombre de familles avec enfants qui passent à l’action est limité. « À l’Ordre, 2 employés sur 60 s’en sont prévalus », cite-t-elle en exemple.

Aide aux gestionnaires : encore un effort à faire

Si la majorité des gestionnaires (68 %) ont été outillés et accompagnés pour adapter leurs pratiques de gestion au mode de travail privilégié par l’organisation, il en reste 31 % qui l’ont peu ou pas été. « Je trouve ça rafraîchissant parce que, souvent, on dépeint une réalité où ça ne va pas bien. Il ne faut pas être naïf non plus. Il reste un petit espace pour faire plus d’efforts et soutenir davantage les gestionnaires, qui gèrent le changement, qui encadrent et motivent les équipes », commente Manon Poirier.

Politiques de télétravail en hausse

Depuis la pandémie, le nombre d’entreprises qui se sont dotées d’une politique de télétravail est en progression. Les organisations n’ont d’ailleurs pas l’intention de laisser tomber le télétravail inclus dans le mode hybride. La majorité des entreprises, soit 57 %, ne prévoient rien changer à leur organisation du travail actuelle. Et pour les 13 % qui y songent, un maigre 5 % d’entre elles pensent au retour complet et 95 %, au mode hybride.

« Les organisations ne laisseront pas tomber le travail hybride, parce que les employés y tiennent beaucoup. Une organisation qui prend la décision de ramener tout le monde, c’est encore un pari très risqué », selon Mme Poirier, qui rappelle que les recherches sont claires au sujet de la mobilisation des employés. Ceux qui ont la possibilité de télétravailler se sentent plus mobilisés, soutenus et connectés avec leurs collègues.

Big Brother prend congé

En début de pandémie, l’Ordre observait que 40 % des organisations s’étaient procuré une technologie de surveillance. Selon les résultats du sondage, cette tendance est à la baisse. « Tant mieux, affirme Manon Poirier. De notre point de vue, ça va à l’encontre des pratiques de gestion adéquates, qui veulent créer un sentiment de confiance et d’autonomie. » La surveillance démotive les employés très mobilisés envers leur organisation, explique-t-elle. « On le faisait pour le 5 % des employés qui auraient pu abuser du télétravail et on avait un impact négatif sur les 95 % qui voulaient bien faire leur travail et qui ont travaillé plus d’heures à la maison qu’en présentiel. »