Afin que ses entreprises puissent avoir accès à du personnel, à un moment où il se fait rare, Sainte-Julie a lancé un processus de recrutement original : une délégation de la municipalité de la Montérégie se rendra dans une commune du nord de la France pour recruter 19 travailleurs français. Explications.

Comment est venue cette collaboration ?

C’est lors d’une mission faite en France en 2019 par la mairesse de l’époque, Suzanne Roy, qu’ont été établis les premiers liens avec la commune de Bethune Bruay – qui se surnomme elle-même BB.

Pourquoi cette ville ?

Parce que le taux de chômage y est particulièrement élevé, à la suite de la fermeture d’une usine, explique Mario Lemay, actuel maire de Sainte-Julie. « La région se relevait difficilement de cette situation de pauvreté économique et d’emplois », précise-t-il.

Le taux de chômage à Bethune Bruay oscille autour de 8,2 % actuellement et il y a un problème d’exode des jeunes, précise-t-on à la Ville de Sainte-Julie qui, de son côté, a autour de 750 emplois vacants. Selon le maire, les difficultés de recrutement sont particulièrement grandes à Sainte-Julie, et ce, depuis une dizaine d’années.

Une pénurie de main-d’œuvre pouvant mener à une délocalisation d’entreprises précieuses, la Ville a décidé de prendre le taureau par les cornes.

C’est ainsi qu’a germé cette idée de collaboration qui voit maintenant le jour.

Mario Lemay doit se rendre dans le Pas-de-Calais au cours de l’automne pour participer au processus de sélection des candidats. Il aura également le mandat de présenter sa ville.

« C’est une occasion de vie pour les jeunes, dit le maire Mario Lemay, et une expérience de travail. »

La commune française va faire une présélection avant l’arrivée de la délégation de Sainte-Julie, en octobre, pour que les candidats connaissent le projet – et les conditions de vie et d’emploi au Québec.

C’est peu, 19 travailleurs. Est-ce qu’il y aura une autre cohorte ?

Oui, c’est ce qu’espère la Ville de Sainte-Julie. Trois entreprises ont levé la main pour le projet initial : McDonald’s, le fabricant de portes Novatech et les camions Excellence Peterbilt. Ce sont eux qui ont, ensemble, 19 postes à offrir, tous des emplois non spécialisés, dont des cuisiniers, des gardiens de sécurité, des concierges.

À Sainte-Julie, au conseil municipal, on a une sensibilité d’apporter notre aide aux acteurs économiques et sociocommunautaires.

Mario Lemay, maire de Sainte-Julie

On parle de « jeunes » Français recrutés. Est-ce qu’il y a un critère d’âge ?

Les 18-35 ans sont la clientèle visée, en partie parce qu’ils sont plus mobiles étant donné qu’ils voyageront seuls et qu’on leur offrira des appartements en colocation. Les logements seront meublés et tout équipés. Les travailleurs devront débourser autour de 800 $ par mois pour leur loyer.

Ils auront un permis de travailleur étranger temporaire qui leur permettra de rester ici jusqu’à deux ans.

Combien coûte cette opération séduction ?

Au total, le projet coûtera autour de 30 000 $ pour tout le processus, ce qui comprend le voyage de sélection des candidats. La moitié du budget vient d’une subvention du ministère des Relations internationales et de la Francophonie.

Les trois entreprises vont assumer une partie de la mission de recrutement, ainsi que les frais liés à l’arrivée de leurs nouveaux employés, prévue pour le printemps 2024.