(Toronto) La situation n’est pas rose pour les locataires sur le marché immobilier dans l’ensemble du pays. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la situation : la hausse des taux d’intérêt qui découragent les acheteurs potentiels, maintenant ainsi la pression sur les loyers, l’inflation galopante, la croissance démographique et le ralentissement du secteur de la construction.

La situation frustre les locataires encore plus que d’habitude. Elle les pousse à tenter de trouver rapidement un logement. Marissa Giesinger, de Calgary, dit qu’elle doit s’acharner à économiser de l’argent pour pouvoir verser un dépôt. « Et on n’est même pas sûr d’aimer l’endroit où nous logerons, commente-t-elle. Il faut aussi concurrencer des dizaines de personnes pour un logement. C’est vraiment stressant ! »

La demande étant élevée, des propriétaires en profitent pour présenter des conditions sévères.

Par exemple, Mme Giesinger et son copain doivent faire preuve de patience. Aux prix élevés des appartements, s’ajoute la difficulté de trouver un propriétaire qui accepte leurs animaux de compagnie, deux chiens et un chat.

PHOTO JEFF MCINTOSH, LA PRESSE CANADIENNE

Marissa Giesinger

« Nous avons pris la difficile décision d’envoyer nos chiens chez quelqu’un d’autre jusqu’à ce que nous trouvions un logement abordable où nos animaux seront acceptés, dit-elle. C’est vraiment stressant. »

Giacomo Ladas, directeur des communications chez Rentals.ca, dit que le marché est frappé par « une tempête presque parfaite » et que les vents ne sont pas à la veille de tomber.

« Tous ces facteurs pèsent un lourd fardeau sur le marché locatif. Même si nous sortons de la saison estivale habituellement occupée, la demande est telle que la situation persistera cet automne et cet hiver », prédit M. Ladas.

Selon les données de Rentals.ca et de la firme de recherche Urbanation.ca, le prix des loyers a augmenté de 1,8 % de juillet à août et de 9,6 % d’août 2022 à août 2023 pour attendre 2117 $ le mois dernier, au Canada.

De mai à août, le loyer exigé avait grimpé en moyenne de 103 $, une hausse de 5,1 %.

Les loyers les plus élevés au pays sont toujours à Vancouver et à Toronto.

Les loyers d’un trois pièces ont crû de 13,1 % à Vancouver d’une année à l’autre pour atteindre 2988 $. Ceux d’un quatre pièces ont atteint 3879 $, une augmentation de près de 10 % sur une base annuelle.

À Toronto, le loyer d’un trois pièces s’est renchéri de près de 11 % pour s’attendre 2620 $. Celui d’un quatre pièces coûte 3413 $ (+7,1 %).

Montréal arrive au 22e rang au pays. Le prix d’un trois pièces s’élève en moyenne à 1769 $ par mois, une hausse de 15,8 % par rapport à la même période, l’an dernier. Celui d’un quatre pièces grimpe à 2237 $ par mois, une majoration de 15 % par rapport à septembre 2022.

Québec occupe 31e rang. Le prix d’un trois pièces s’est élevé à 1254 $ par mois (+7,1 %) et celui d’un quatre pièces à 1595 $ par mois (+13,2 %).

Ce genre de données ont convaincu bon nombre de locataires, comme Kanishka Punjabi, d’abandonner leurs espoirs de déménager à court terme.

« J’ai renoncé, il y a deux jours, parce que le marché locatif est si mauvaise », lance-t-elle.

Cette relationniste vit à Mississauga, mais souhaitait se trouver un logement dans le centre-ville de Toronto pour se rapprocher de son travail.

La concurrence est féroce. Par exemple, un appartement qui plaisait à Mme Punjabi avait reçu 25 offres en une semaine.

« Certains ont envoyé une offre sans visiter l’appartement parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont désespérés », souligne-t-elle. Il n’y a pas assez de logements. »

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le Canada a besoin d’environ 3,5 millions de logements supplémentaires d’ici 2030pour rétablir l’abordabilité. Mais l’écart demeure grand. La SCHL a calculé que le nombre mensuel désaisonnalisé et annualisé de mises en chantier d’habitations a diminué de 1 % en août, de 255 232 à 252 787 par rapport à juillet.

Malgré ce ralentissement, Rishi Sondhi, un économiste de la Banque TD, dit que l’année a été bonne pour parce que les promoteurs veulent profiter des prix élevés. À cause de la pousse démographique et de l’escalade des taux d’intérêt, « l’offre peine à suivre la demande », souligne-t-il.

« À court terme, il serait irréaliste de s’attendre trop d’un sursis (des taux d’intérêt) parce que la croissance démographique restera forte au cours de l’année. C’est l’un des principaux facteurs [de l’état du marché actuel]. »