(New York) Les constructeurs automobiles ont profité au troisième trimestre de la forte demande des consommateurs américains, malgré des taux d’emprunt et une inflation élevés, les « Big Three » restant indemnes à ce stade de la grève lancée mi-septembre.

Les trois géants historiques, surnommés les « Big Three », ont dévoilé ces derniers jours leurs ventes au troisième trimestre : +21 % sur un an pour General Motors (674 334 véhicules), -1 % pour Stellantis (380 563 véhicules) et +7,7 % pour Ford (500 504).

Quelques jours plus tôt, Tesla avait annoncé des livraisons de 435 059 véhicules, un niveau inférieur à son rythme de croissance du fait d’opérations prévues de maintenance d’usines.

Les constructeurs étrangers ont connu un trimestre satisfaisant avec +12 % pour Toyota, +52,7 % pour Honda ou encore +40,8 % pour Nissan et +9 % pour Hyundai.

« Les ventes de véhicules sont, jusqu’à présent, plus solides qu’anticipé », a commenté à l’AFP Neil Saunders, directeur au cabinet d’analyse Globaldata.

« Bien que les ménages sont affectés par des taux d’intérêts et un coût de la vie plus élevés, la demande pour des véhicules neufs reste solide », a-t-il ajouté, notant un « intérêt marqué » pour les véhicules électriques.

« C’est clairement un rebond par rapport à un deuxième trimestre assez décevant », selon lui.

Pour Cox Automotive, le repli chez Stellantis s’explique par une stratégie de vendre moins à prix plus élevés et par le fait que sa clientèle traditionnelle présente davantage de difficultés économiques.

Concernant les « Big Three », les regards restent rivés sur leurs stocks dans le contexte de leurs négociations sur les nouvelles conventions collectives de quatre ans avec le puissant syndicat United Auto Workers (UAW), auquel adhèrent quelque 146 000 de leurs employés aux États-Unis.

Vagues ciblées

Faute d’accord à l’échéance du 14 septembre, le syndicat a lancé un appel à une grève ciblée, dans un premier temps sur trois usines — une de chacun des constructeurs — avant d’étendre le mouvement par vagues hebdomadaires successives. A ce stade, quelque 25 000 employés sont concernés.

« Nous pensons que la grève va continuer pendant un bout de temps encore parce que l’UAW n’a pas obtenu les concessions qu’il souhaiterait et que des constructeurs (comme GM) ne semblent pas disposés à bouger sur certains sujets », a relevé à l’AFP Garrett Nelson, vice-président de CFRA Research.

L’impact sur les ventes reste « limité du fait de la nature ciblée » du mouvement et parce qu’il a commencé en fin de trimestre, a-t-il poursuivi, soulignant que Ford et Stellantis bénéficiaient d’une « plus grande flexibilité » car disposant de stocks supérieurs.

Mais ces réserves vont fondre, « ce qui pourrait peser sur les ventes dans les prochains mois », ont relevé les analystes d’Oxford Economics, soulignant que les stocks se situaient à des « niveaux historiquement bas » avant la grève.

D’après eux, « le plus gros risque sera la baisse de la demande du fait du ralentissement de la croissance des revenus des ménages et du resserrement des conditions financières », notamment sur l’octroi de prêts.

Pour Neil Saunders, les pièces détachées sont le plus susceptible de manquer rapidement.

Dans une étude publiée lundi, les analystes de JPMorgan estiment autour de 191 millions de dollars pour GM et de 145 millions pour Ford l’impact de la grève sur leur résultat opérationnel du troisième trimestre.

Paul Jacobson, directeur financier de GM, a indiqué mardi sur CNBC que le coût au troisième trimestre était de 200 millions de dollars.

Au sujet de la ligne de crédit de six milliards de dollars annoncée un peu plus tôt, il l’a qualifiée de « prudente à la lumière de certains propos tenus par des responsables de l’UAW sur leur intention de faire traîner (la grève) pendant des mois ».

Les constructeurs doivent publier fin octobre leurs résultats trimestriels.

Les tractations, engagées en juillet, se poursuivent de « manière très active » mais la situation est encore « trop fluide », a indiqué mercredi une source proche des négociations.

Ford — qui emploie 57 000 encartés auprès du syndicat — a transmis lundi soir une nouvelle proposition, incluant des « conditions salariales et avantages record, des engagements sur de nouveaux produits et des protections en matière de licenciements ».

Le syndicat compte faire un point vendredi sur les discussions. A cette occasion, il pourrait mobiliser de nouveaux sites.

En conséquence de cette grève, environ 3500 employés des « Big Three » ont été renvoyés temporairement par manque d’activité car leurs tâches dépendent d’usines perturbées par le mouvement.

Non éligibles aux allocations chômage, ils perçoivent du syndicat — comme les grévistes — 500 dollars par semaine.