Après 15 ans d’enquête et de démarches judiciaires de l’Autorité des marchés financiers, deux manipulateurs boursiers écopent finalement d’amendes totalisant 830 000 $.

Michael Raso Cortellazzi et Antonio Savaris devront payer respectivement 580 000 et 250 000 $. En janvier, la Cour les a reconnus coupables d’avoir « influencé ou tenté d’influencer » la valeur d’un titre, « par des pratiques déloyales, abusives ou frauduleuses ».

Les deux hommes d’affaires faisaient partie d’un vaste réseau avec le père de Cortellazzi, Andrea Cortellazzi, aujourd’hui décédé. Ils travaillaient avec le manipulateur boursier Jean-François Amyot, qui a écopé d’une amende record de 11,2 millions et de trois mois de prison à purger de façon discontinue, en 2017.

Selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), « les défendeurs ont pris part à un stratagème de manipulation des titres de sociétés à faible capitalisation listées sur les marchés américains de gré à gré, soit HE-5 Resources Inc., UMining Resources Inc. et Neuro-Biotech Corp ».

« Le stratagème reposait entre autres sur des émissions frauduleuses d’actions de ces sociétés, sur la production de faux documents et sur la conception et la diffusion de communiqués de presse contenant des informations fausses et exagérées à propos de ces sociétés. »

Les transactions boursières ayant mené aux accusations remontent jusqu’à 2007, dans le cas de Cortellazzi. Elles avaient lieu sur le marché américain de gré à gré (over-the-counter).

Le réseau utilisait des stratégies de pump and dump. Elles consistent d’abord à émettre des actions de très petites entreprises, puis à faire circuler des informations fausses ou trompeuses sur des entreprises afin de doper artificiellement la valeur de leurs actions. Les fraudeurs liquident ensuite leurs titres afin d’empocher d’importants profits, avant que les autres investisseurs découvrent la supercherie et perdent leur mise.

Selon la cour, Cortellazzi et Savaris ont participé à chacune des étapes du stratagème, à leur propre bénéfice et à celui d’autres membres de l’organisation.

Lors du procès, Cortellazzi a tenté de faire valoir qu’il n’était que « le commissionnaire » de son père, mais la juge Josée Bélanger a rejeté ses prétentions.

Réseau étendu

Six autres personnes ont été condamnées dans le cadre du projet Consortium sur ce vaste réseau de manipulation boursière.

Jean-François Amyot est de loin celui qui a écopé de la plus lourde peine. La Presse rapportait cependant en mai 2022 qu’il n’avait payé que 12 000 $ des 11,2 millions d’amende dont il avait écopé, dans le cadre d’une entente avec le ministère de la Justice.

Nous révélions également qu’Amyot faisait depuis 2017 l’objet d’une nouvelle enquête pour manipulation boursière. Elle a même mené à une perquisition commune de la Gendarmerie royale du Canada, de la Sûreté du Québec et de l’AMF à son ancien domicile, en 2019.

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