Le Groupe Createch, spécialisé dans l’optimisation des processus d’affaires et l’amélioration de la performance des entreprises, a été acquis en mars 2022 par la société française Talan, qui a décidé d’en faire la tête de pont de toutes ses activités au Canada, aux États-Unis et au Mexique. La PDG de Createch, Hélène Kyriakakis, dirige maintenant Talan Americas et a le mandat d’accélérer la croissance du groupe par la voie des acquisitions.

Createch a été fondée en 1993 par l’ingénieur Jean-Marc Lebœuf, qui a fait grandir l’entreprise jusqu’en 2005 lorsqu’il l’a vendue à Bell Canada, qui a continué à l’exploiter comme une division indépendante spécialisée dans l’implantation et la gestion de logiciels de planification de la production.

Hélène Kyriakakis, qui s’est jointe à Createch en 2011 pour en devenir la PDG en 2019, a entrepris dès sa nomination une réflexion stratégique sur le potentiel de développement de Createch, qui n’était pas pleinement optimisé, selon elle.

« On était une division de Bell, mais pas une priorité. On fonctionnait de façon autonome. On voulait investir et faire des acquisitions, mais ce n’était pas dans les plans de Bell, qui priorisait avec raison le déploiement de la 5G, mais nous, on voyait des possibilités de croissance », explique la PDG.

C’est qu’au fil des ans, le Groupe Createch avait réussi à acquérir une belle expertise dans la réingénierie des processus et l’amélioration de la performance, principalement dans le secteur manufacturier et de la distribution, comptant plus de 300 clients actifs, comme Canam, Exfo, Structube, Mondou, Nova Bus, Énergir…

« Il y avait aussi des groupes qui étaient intéressés à nous acheter. Je suis allée voir les gens chez Bell et je leur ai demandé : est-ce qu’on vend ? On a alors mis en place un processus d’appel de propositions et Bell a retenu une courte liste de trois entreprises en tenant compte des possibilités d’expansion et des nouvelles expertises qu’on pourrait apporter à nos clients », résume Hélène Kyriakakis.

C’est la firme française Talan qui a été retenue et qui a terminé l’acquisition de Createch en mars 2022 avec la volonté ferme d’en faire son pivot d’expansion pour toute l’Amérique du Nord.

Fondée il y a 20 ans par quatre associés, Talan est fortement implantée en Europe et en Tunisie, où l’entreprise a créé un centre d’innovation. Regroupant plus de 5000 spécialistes de la gestion de changement et de la transformation numérique, Talan a aussi mis sur pied une solide équipe de gestion de données et d’intelligence artificielle.

« On se retrouve aujourd’hui avec trois piliers : la consultation, les applications infonuagiques et l’intelligence artificielle. On va pouvoir faire profiter de cette dernière expertise à nos clients », anticipe la PDG.

Montréal, un pôle nord-américain

Talan avait déjà une activité à Montréal et à New York, où elle suit ses grands clients financiers français comme la BNP, la Société Générale et le Crédit Agricole. Ces activités sont maintenant chapeautées par le bureau de Talan Americas.

De plus, la société française a réalisé – six mois avant celle de Createch – l’acquisition de la firme montréalaise Insum, spécialisée dans les solutions applicatives des systèmes de gestion Oracle. La firme de 60 spécialistes, qui réalise plus de 70 % de ses ventes aux États-Unis, va continuer d’opérer sous sa propre marque reconnue à l’international, mais va faire partie du groupe Talan Americas.

« On va être près de 600 spécialistes, dont une cinquantaine à New York. On va regrouper l’an prochain tous nos employés de Montréal dans le même édifice, soit ici sur la rue McGill ou ailleurs, on évalue différents scénarios. On a aussi des bureaux à Québec et à Toronto », précise Hélène Kyriakakis.

Createch réalisait 80 % de son chiffre d’affaires au Québec et 20 % en Ontario, mais la nouvelle Talan Americas a le mandat de prendre de l’expansion rapidement aux États-Unis.

« Talan est associée au fonds britannique TowerBrook, qui a déjà deux cibles d’acquisition aux États-Unis. On est en discussion avec ces entreprises. On veut acquérir des firmes qui ont, comme nous, une expertise dans le secteur manufacturier et la distribution.

« On vise les marchés du Midwest américain à Chicago et celui de New York. On veut exporter notre expertise québécoise et ramener de la richesse chez nous », souhaite la PDG de Talan Americas.

La consolidation des activités du groupe à Montréal a débuté en juillet dernier, et la direction du groupe français compte beaucoup sur le leadership québécois pour percer rapidement le marché des États-Unis et du Mexique.

« On connaît bien le marché anglophone et on sait comment travailler avec nos collègues français. On est le produit de différentes cultures, comme je le suis moi-même, étant née d’un père grec et d’une mère québécoise et qui a grandi à Trois-Rivières », expose la PDG.

L’entreprise commence tout juste à s’attaquer au marché du Mexique, mais souhaite aussi faire connaître la marque Talan, qui n’est pas connue en Amérique du Nord, et c’est pourquoi la PDG a nommé rapidement un vice-président marketing spécialisé dans le positionnement.

« On est une firme d’ingénieurs, on n’est pas très visible. On est là pour améliorer la performance de nos clients, mais on veut profiter de notre changement de nom pour mieux nous faire connaître », affirme Hélène Kyriakakis.